C'est aussi la beauté de la tolérance et de l'amitié : nous savons tous deux que ce que nous vivons est sincère et que cela dépasse les mots.Zorgol94 a écrit :C'est la toute la difficulté de notre condition humaine.Y'a pas de réponse parce que les questions sont superflues : c'est comme ça et c'est tout.
Toute la Finlande...pas de questions.
Une question = un con. Donc tu la fermes et tu fais comme eux.
De part notre culture (je parle là de nos acquis à contrario de l'inné) il nous est très difficile de concevoir l'infini, l'inexplicable et même l'acte gratuit sans objectif et sans raison.
Notre incapacité à l'humilité et à reconnaître que nous ne sommes pas grand chose dans l'univers qui nous entoure nous incite à rechercher des explications à tout. Comme le dit Barjavel la nature est tellement complexe que c'est la preuve de l'existence d'un être suprême grand organisateur de l'univers.
La réalité est beaucoup plus simple, nous ne sommes pas câblés pour comprendre cette complexité, il faut donc l'accepter et se contenter d'être spectateur.
En ce qui me concerne ma philosophie (le matérialisme dialectique - Voire le roman de Ivan Efremov : La Nébuleuse d'Andromède) me permet de survivre sans avoir besoin de référence mystique. Et cela ne m’empêche absolument pas d'être admiratif, impressionné et de ressentir moultes émotions devant les mystères de la nature, et je respecte sans difficulté le fait que certaines personnes aient besoins d'autre choses pour répondre aux questions que tout le monde se pose : qui suis-je, que fous-je là, dans quelle étagère.
Nous savons aussi placer des "élastiques" aux mots afin de laisser un champ de compréhension ouvert et non fermé car au fond, nous ne cherchons rien à prouver.
Et comme tu le dis que les "états non-ordinaires" soient mystiques, moléculaires, psychologiques ou métaphysiques, voire philosophiques, quelle importance ?
En somme mes références mystiques sont, simplement et globalement, de tenter de mourir moins con que je suis né. Mais en général les choses ne s'arrangent pas avec l'âge et on meurt presque à coup sûr plus con que nous sommes nés car nous avons bradé une essence rare : l'innocence.
Perso je vois dans le "tout analytique" un labyrinthe sans esprit au cœur d'une ambiance mortelle.
Guénon l'explique bien au demeurant dans son "Règne de la quantité" et j'arrive à trouver dans le matérialisme des portes qui mènent à ces états d'émerveillement ( la Ural ou les bateaux volants par exemple...ou encore le petit centième au tour...)
A force de tourner en ligne droite comme le derviche en vivant la beauté du rien, les croyances sont abolies non pas en tant que négationnisme religieux, mais comme une autre voie qui reste néanmoins individuelle. Ce n'est pas "ma" voie, c'est une voie sur laquelle je chemine avec mon corps, mes structures et mes caractéristiques qui restent uniques - et non pas supérieures.
Par la route et cette sorte de mécanisme de transe, je comprenais peu à peu que lorsqu'on reste figé dans ce que l'on pourrait nommer notre "trait principal", he bien nous mourrons fatalement idiots.
Alors pourquoi vouloir mourir moins idiot ?
Ben...disons tout de même que le "hasard" ou "dieu" ou le Grand Architecte" ou les molécules - peu importe - nous jouent un tour relativement dégueu : celui de nous planter là avec la conscience de soi et de la mort, et de nous démerder.
Il me fallait faire le tour et faire le tour plusieurs fois.
Et le tour de quoi ?
De ma condition d'homme telle que je la perçois.
Je suis né comme chacun avec mes caractéristiques d'être, doté d'un certain inné, avec ma généalogie et mes structures chromosomiques.
Bon, ça s'est incarné dans l'adolescence par un grand couillon à la poitrine plate, genre "tubar", faible et sensible, aimant la musique romantique, Proust et les caresses dans les cheveux avec des discours de passions. Je pesais 55 kg...et un coup de vent me rendait malade. Je roulais en anglaise en faisant semblant d'être viril mais je me faisais latter à chaque coins de rues. Une nénette ne me regardait pas je me foutais au lit pendant 8 jours à me palucher le ciboulot. Je ne concevais pas la "religion" sans rencontrer les plus grand ermites. Ma croyance tournait autour de la contemplation et toute autre croyance était batarde...
Fallait que ça change pour "faire le tour"...je sentais que je me cristallisais dans une certaine forme de connerie.
J'ai donc tenté de pénétrer un autre état que je voyais chez certains autres : le genre camionneur qui grimpe les culs sur les coins de tables, qui boit, qui bouffe comme un goret, pour qui 1+1 = 2 et jamais 3. Tout dans le bide : 140 kg dont 100 de muscles. Cette fois c'est moi qui lattais. Je faisais du tir au flingue, de la HD et mes potes étaient les Hell's. Jamais un sentiment qui dépasse la ceinture et chez les nénettes c'était "marche ou crève". Ma "religion" était celle des dogmes et des grandes cérémonies. Musique hard rock...ma croyance tournait autour de la logique. Je sentais aussi que je me cristallisais dans une autre forme de connerie. Je ne pouvais plus comprendre le "sensible" et je refusais de comprendre le "cérébral".
Fallait aussi que ça change pour continuer à faire le tour...
Alors ça a été ma période mentale : yoga à fond, non violent intégriste même pour les mouches bleues, tout le monde était beau et aussi gentil car si je pensais qu'il y avait des méchants c'était ma faute...Tantrisme avec des manips tordues en 8, entremêlé avec les nanas en mettant 3 jours pour envoyer la sauce dans un état de contemplation total. Mon dieu était Gandhi et je voulais boire toute l'eau du Gange. J'avais vendu mes flingues, ma HD pour me tourner vers le solex. Musique transcendantale...ma croyance était mentale : tout dans la tronche. Mais je sentais là encore que je devenais une autre sorte d'imbécile. Je ne pouvais plus supporter les deux autres règnes.
Je ne sais pas si j'ai fait le tour des "trois principaux règnes humains" mais je n'ai pas été fainéant au tourniquet.
J'ai essayé et j'ai constaté que l'important est de mettre le feu.
De ce que j'ai compris, c'est que tant que l'on reste cristallisé dans un de ces "règnes", ben on n'avance pas. Et surtout, on peut parfaitement s'endormir dans un de ces règnes en croyant dur comme fer qu'il est LA réalité absolue...on a des certitudes que l'on prend comme objectives mais qui sont d'une subjectivité totale : on n'a pas vérifié les autres possibilités et on tombe dans une sorte de sommeil qui se cristallise jusque dans les métabolismes, car lorsqu'on change de "règne", les métabolismes sont bousculés d'une manière gravissime.
Mais la vie c'est ça, les métabolismes et les structures physiologiques sont faites pour ça.
Le style camionneur n'est pas meilleur que le romantique ni que le yogi : mais rester coincé dans l'un d'eux est redoutable.
Rester fixe dans l'un d'eux, c'est ça la prison réelle car elle se cristallise jusque dans la chair.
Je crois que si l'on est capable de voyager librement entre ces trois états, "librement", c'est-à-dire avec ce principe sous-jacent de relativisme, d'autres possibilités s'ouvrent car tout simplement l'individu passera à autre chose. Naturellement. Il suffit de s'affranchir.
Je n'ai pas trouvé mieux que la route pour tenter de me libérer...ni ce principe de relativisme pour essayer de m'apprendre ce qu'est la tolérance.
Le chemin ne fait que commencer et je n'envisage pas sa fin.
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