Avec lesquels je suis d'accord en tous points et qui étayent les positions de tous ceux qui se rendent là-bas un peu sérieusement et sans parti-pris.
C'est pourquoi je continue en m'en tenant aux faits. J'ai évidemment une opinion sur ce qui ressort de ce vécu et je la livrerai. Je ne demande pas qu'on la partage, mais qu'on la respecte car je sais combien il est malaisé, voir interdit psychologiquement, de parler de la Russie sans s'attirer les foudres de pas mal de bobos...
Je débarque donc sur le quai de Valaam complètement ébahi. Dans la foule je recherche tout indice me permettant de rencontrer mon contact ("Dosyféya", que je ne savais être ni homme ni femme, ni moine ni habitant de Valaam...)
Décidant de monter au monastère, je vois une petite femme chétive mais bien présente qui agite une pancarte avec mon nom : Екатерина - Catherine - vient me chercher. Elle est nonne et a environ 60 ans. Très sobrement vêtu, simple, souriante, elle me fait signe de la suivre...
Je n'avais rien demandé, ni hébergement ni nourriture et aucune demande spéciale.
Elle me mène dans une sorte d'hôtellerie...impeccable, d'une propreté parfaite.
Elle me montre une chambre et me dit de la retrouver dans un quart d'heure...
Je n'y comprenais encore rien.
Je l'attends aux pieds de la cathédrale...je regarde les yeux plus qu'ouverts. Beaucoup de travaux au cœur d'une architecture somptueuse.
Les cloches sonnent presque sans discontinuer...quelle curieuse atmosphère.
La voici et nous nous dirigeons vers ce véhicule (il n'y en a que 4 à Valaam), dans lequel nous attend Dosyféya, une autre sœur plus jeune, grande, élancée et d'une douceur rayonnante.
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Nous nous engageons sur des chemins à fond ! L'ambiance me fait penser à De Funès et la bonne sœur en 2CV...plein pots à travers la forêt de Valaam qui est une grande île.
J'essaie de m'expliquer, de poser des questions...
Silences...
POURQUOI ?
Je me rendais compte peu à peu que j'étais reçu en hôte de marque, avec véhicule de fonction, et que deux moniales avaient bloqué la journée pour m'amener dans des lieux incroyables. Elles avaient été désignées par la "direction"...
Un livre ouvert avec une immense générosité.
Je suis estomaqué. Voyons...avec les bateaux il doit y avoir au moins 2000 visiteurs par jour. Ils sont tous à pied.
On vient me chercher et je ne comprends pas.
Les deux nonnes disposent de toutes les clefs, de bipeurs et de petits appareils électroniques curieux et qui me sont inconnus.
Premier arrêt, un sanctuaire.
Sans un mot les portes sont ouvertes. Au fond un sarcophage dans une sorte de très petite crypte.
Une file de personnes de tous âges, hommes et femmes, chantent des chants orthodoxes d'une grande beauté.
Ces personnes passent avec d'autres 24h/24 en une chaine ininterrompue, devant le sarcophage dans lequel reposent les ossements d'un des saints de Valaam et l'embrassent en passant.
Tu te dis que c'est normal, ils sont croyants avec beaucoup de ferveur et très souriants. On me laisse libre d'agir à ma guise.
Puis tu réfléchis...
Tu te rends compte que Valaam a fait rentrer de très nombreux corps de ceux qu'ils considèrent comme des saints et que le peuple de cette partie de la Russie vient s'incliner devant, prier ou simplement se mettre en contact.
Devant chaque sarcophage une icône.
N'oublions pas qu'une icône russe est considérée comme une
présence réelle.
Réalisée à la main durant des années, achevée au pinceau monopoil, ces œuvres d'art sont exceptionnelles et, croyant ou pas, elles dérangent par leur perfection et leur beauté mystérieuse.
Je n'ose même pas imaginer la fortune qui est sous nos yeux...
Tout à côté du sarcophage, une photo du saint en question, ressortie des archives fatalement soviétiques avec une de ses œuvres écrite à la main...
Tient me dis-je, "ils" n'avaient pas tout détruit et le corps était là et non dans une fosse commune...des claques dans la propagande reçue dans mon enfance et soulignée plus tard par des milliers de bourrages de crânes...
Si durant mes autres voyages en Russie j'avais déjà quelques doutes sur ce que l'on disait chez nous de ce pays, cette fois celui-ci me révèlera vraiment peu à peu l'étendue des dégâts causés par les mensonges de toutes sortes.
Je commençais à comprendre les motivations profondes de ces mensonges perpétuels et qui continuent encore, dont la plus importante est celle de ne pas devoir aimer l'axe Est/Ouest afin qu'il apparaisse évident de consolider l'axe Nord/Sud...
Et là, voyais-je de l'hypnose ou des comportements d'imitation ?
Certes non car il m'arriva de me trouver seul en ces lieux emplis de mystères et inconnus : je n'ai ressenti aucune supercherie ni aucune tentative de récupération quelconque, mais une vaste porte qui propose simplement de voir les choses de la vie d'une manière différente. Pas forcément politique (si l'on est "contre"), pas forcément avec adhésion religieuse (si l'on est "pour")...
Un autre regard.
Les nonnes attendent dehors sagement sans un mot. Je ne sais pas que je dois les suivre et je prends mon temps, regardant tout. Lorsque je me rends compte qu'elles attendent, je fonce vers elles et le circuit continue.
Le véhicule a changé : c'est une petite voiture verte dont je ne connais pas la marque...
...