Une sensation qui me rappelait la puissance d'un Guy Môquet, d'un Malraux, d'un Rousseau ou de ce paysan auvergnat, cévenol ou alsacien...
Elle est celle de la soudure d'un peuple qui est indivisiblement uni et dont la caractéristique essentielle échappe au commun que je suis.
Cette sensation est visible sur des visages, par des gestes et une ambiance même en pleine ville car n'en doutez pas mes amis : j'ai vu un peuple heureux même dans les recoins les plus terribles de la capitale.
Alors le problème est qu'ils viennent le chercher avec un lourd fardeau de cette fausse culture européenne faite de médias et de sensations, fille de la starac' et de l'économie de marché...car on ne se croit pas autant contaminé, je l'ai constaté plusieurs fois.
Tous ici, tous les mongols, ne se distinguent pas. Qu'ils soient riches, pauvres aucun n'est seul et différent des autres. Dans les formes peut-être mais dans le fond...
Les fils et filles de Gengis Khan sont restés fidèles et fidèles à quoi, à qui ?
Lorsque nous allions tous les jours par le même chemin, nous passions non loin d'un immense "cimetière", celui d'Oulan Bator, qui ne manqua pas de m'interpeller profondément (on le voit au fond de la photo)
Je n'ai connu cette impression qu'à la Nécropole nationale de Sigolsheim, ou encore au Monument national du Vieil-Armand et même au Cimetière militaire allemand 1939/1945 - ils étaient aussi des hommes obéissant au fou et sont morts sur la même terre : de même ici, les voleurs, les bourgeois, les guerriers, les riens du tout...sont tous dans ce lieu surplombant la capitale, et les tombes sont presque identiques, sans signe distinctif. Ils sont mongols...
Il n'y a pas de message, pas de symbole. C'est là et c'est tout.
La poussière de là est habitée par l'esprit de tous les enfants de Gengis Khan !
La capitale ressemble pourtant à n'importe quelle autre capitale, même si l'ancienne présence russe est encore très sensible...
Il y a seulement à ouvrir les yeux en grand, à regarder - contempler - sans voyeurisme et à dire merci de laisser nos yeux se poser sur leurs vies.
Ceux qui vont là-bas pour tirer des clichés en se faisant valoir, et il y en a beaucoup...- sont rejetés d'office et s'ils insistent en se pointant avec leur gros sabots et leurs grandes lunettes, ils se font tout simplement casser la gueule.
On ne ramène pas se fraise en Mongolie.
On passe et si on passe simplement on nous laisse passer sans aucun problème.
Car les autochtones voient bien quelle est la profondeur des regards étrangers, s'ils sont simplement ouverts d'étonnement ou inquisiteurs.
Face au voyeurisme inquisiteur le "petit peuple" fait comme partout : il taxe du fric. Et si ces regards sont insistants, eh bien on prend une branlée bien méritée, comme l'américain qui se croit chez lui partout. Même déguisé avec costume de l'aventurier, les mongols distinguèrent les paillettes.
On ne met pas les pieds sur la table en Mongolie.
On n'est pas chez soi d'office en Mongolie et les mongols ne sont pas nationalistes.
Ce n'est pas le nationalisme qui uni le peuple. Ce n'est pas un sentiment racial ni ethnique.
Qu'est-ce donc ?
C'étaient les réflexions de mes journées mais, pour l'heure, une pléiade de moteurs nous attendait !
C'était partit, nous n'avions pas attendus une heure tant il y avait à faire...
et des variations de dimensions de culbuteurs de plusieurs mm, ce qui fait que les soupapes ne pouvaient lever et que les clavettes de maintient se barraient - d'où quelques soupapes tordues.
Une journée pour les tomber au burin, à la perceuse, avec une patience de malade et une détermination de bouc.