LAPPLAND : ...une anatomie de l'errance et du silence...

[Jeff 59]

Ce forum est d'une richesse incontestable. Lorsque j'y suis entré la première fois je ne savais pas encore que j'aurais du mal à m'en passer.. D'autant que d'autres personnages apportent une Humanité rare.
Dan et un Chercheur d'Absolu comme l'était un auteur que j'aime beaucoup "Théodore Monod". En attendant de pouvoir moi même voyager, je profite bien de ses superbes récits.

[Simone]

Les récits de Dan, qui d'année en année approchent progressivement de la mystique, ne peuvent pas être compris de nous dans la totalité de ce qu'ils portent, trop faibles supports qu'ils sont d'une pensée habitée d'un évident ailleurs. Nos commentaires admiratifs (que pourraient-ils être d'autre ?) ne nous satisfont pas malgré tout notre désir de les mettre à la hauteur de l'aventure. Peut-être, à notre différence, notre ami a-t-il exorcisé ce grand malheur de l'époque moderne qu'est le refus de l'invisible.

Merci à toi Bardé. Tu résumes très bien ce que la plupart d'entre nous ressentent au travers du récit de Dan.
Ne sommes nous pas aussi les acteurs capables de changer ce "grand malheur de l'époque moderne" dont tu parles ?

[Marip]

Je cours derrière vous, Bardé, Sim, Dom, bien d'accord avec vous sur le cadeau que nous fait Dan, en nous montrant les portes de l'invisible, en nous montrant les chemins pour les franchir, en nous tirant en quelque sorte vers la "Beauté merveilleuse".
Touts nos commentaires ne font que répéter avec une faiblesse qui nous navre,notre admiration et notre émerveillement.
Nous sentons la distance entre le monde de Dan et le nôtre et c'est peut être là que se situe le meilleur du cadeau : il crée la soif de rejoindre ce monde là.

[Est-Motorcycles]

Les récits de Dan, qui d'année en année approchent progressivement de la mystique, ne peuvent pas être compris de nous dans la totalité de ce qu'ils portent, trop faibles supports qu'ils sont d'une pensée habitée d'un évident ailleurs. Nos commentaires admiratifs (que pourraient-ils être d'autre ?) ne nous satisfont pas malgré tout notre désir de les mettre à la hauteur de l'aventure. Peut-être, à notre différence, notre ami a-t-il exorcisé ce grand malheur de l'époque moderne qu'est le refus de l'invisible.

Voilà pourquoi j'ai décidé de ne plus rien dire sur le sujet, en attendant d'en parler avec lui devant un verre (c'est moi qui écris ça : il m'a complètement retourné le cerveau, le chaman !) . Sauf que la prochaine fois, y aura du détronchage dans l'air et c'est moi qui serai du bon côté de l'instrument ...

Il est cap !

[Est-Motorcycles]

Je cours derrière vous, Bardé, Sim, Dom, bien d'accord avec vous sur le cadeau que nous fait Dan, en nous montrant les portes de l'invisible, en nous montrant les chemins pour les franchir, en nous tirant en quelque sorte vers la "Beauté merveilleuse".
Tous nos commentaires ne font que répéter avec une faiblesse qui nous navre, notre admiration et notre émerveillement.
Nous sentons la distance entre le monde de Dan et le nôtre et c'est peut être là que se situe le meilleur du cadeau : il crée la soif de rejoindre ce monde là.

Je vais finir par m'exiler dans une cabane en Laponie...car là n'est pas du tout le but recherché.
Vais-je vers une inadaptation globale ?
Possible. Pas grave pour moi : il suffira de me le dire et là je compte sur toi Bardé...
Mais, si vous cherchez bien et si vous ralentissez le temps en vous-même, vous verrez que vous avez vos propres images, vos mots et vos chemins.
Rien d'exceptionnel, si ce n'est que d'avoir fait le tour du truc et d'en avoir plein le cul du ronron.

Bien sûr j'étais passé à la mine pour voir...j'y suis aussi descendu mais bon, ce n'étais ni la première fois ni le souhait. Depuis que j'étais allé au fond des mines d'antimoine à Massiac (Ouches) et que j'avais ramené 300 kg de minerai à dos d'homme par 300 m de fond en trois jours...et ailleurs...depuis, les mines sont pour moi peu recommandables - peur de rester au fond, comme dans les plongées en apnée...

Je suis allé voir le responsable du centre culturel de Falun, qui se trouve en même temps être ingénieur géologue et conférencier.
Cela tombait bien, il donnait une conférence sur cette mine le lendemain, à laquelle j'ai bien entendu assisté pour le rencontrer...

Je lui avais apporté un morceau de cuivre natif que m'avait donné le "vieux" et qui venait de Falun...ce cadeau datait de plus de 50 ans les gars...tu parles d'une émotion.

Il a sauté sur l'"échantillon" et l'a regardé à la loupe.
Il l'a authentifié...
J'ai manqué m'évanouir et l'image de mes Anciens me hanta pendant des jours entiers, mêlée à celles des saamis.
Je ne dormais plus mais n'étais pas fatigué, je me suis tapé plus de cinq jours d'érection non stop en vrai, au point de me tremper le barreau avec ses burnes dans l'eau froide le soir - et on ne se marre pas hein ! C'est vrai et je ne sais pas pourquoi !
Venus...le cuivre...ce métal chaud et fusionnel...

J'appris - et cela ne m'étonna pas - qu'il y eut de nombreuses victimes d'éboulements et accidents dont le plus marquant se déroula en 1677 et qui ensevelit plus de 60 personnes.
L'une d'elles est un des symboles mystiques de Falun : il s'agit de Fet Matts, mineur connu dans le monde entier.
Sa destinée fit le thème de nombreux contes, de romans, de drames classiques, de contemplations et de deux opéras !
Car Matts compte parmi le cercle exclusif des personnages devenus célèbres en raison de ce qu'il leur est advenu après leur mort...
Très bien conservé, son corps fut retrouvé 40 ans plus tard dans une ancienne chambre remplie d'eau et de vitriol, ce à 140 m de fond !
Victime d'un éboulement, Matts Israelsson disparut en 1677 après s'être rendu seul dans une galerie de la mine afin de bouter le feu.
On n'entendit plus jamais parler de lui et il tomba très vite dans l'oubli...
Les années passèrent...et en creusant une autre galerie, les mineurs retrouvèrent le corps de Matts en 1719, parfaitement conservé. Ses jambes étaient amputées et son corps était mou comme s'il dormait...
Il fut conservé quelques temps et inhumé, déterré plusieurs fois, transporté çi et là, ses jambes étant placées dans le grenier de l'église.
Il fut enterré définitivement au cimetière de l'église de Falun en 1930 où il repose depuis et, bien entendu, Matt connut une renommée universelle.
Bien sûr la conservation de son corps n'avait rien de religieux ni de miraculeux : un savant dosage de sels et de sulfates...
Je suis allé m'incliner devant sa sépulture, évidemment...

Si à Kiruna les fers poly-structurels purs cotoient quelques pépites d'or ainsi que des matériaux rares, la mine de Falun est d'une richesse minéralogique exceptionnelle, comme me l'a expliqué le conférencier à force d'exemples de lois pétrologiques admirables.
Et si on réfléchit une seule seconde à la présence des métaux natifs présents au fond de la terre, il est légitime de penser qu'ils n'y sont pas apparus spontanément, mais à l'issue de mécanismes subtils et complexes, là où il n'y avait rien.
Y a-t-il comme chez les animaux, les végétaux, une vie minérale dont nous nions l'existence car beaucoup plus longue que le nôtre et non perçue faute d'échelle ?
Les champions de la logique aveugle affirment que "comme ils ne la voient pas elle n'existe pas."

L'ingénieur conférencier m'avait laissé feuilleter sa thèse d'histoire de la mine, et j'y ai trouvé cette représentation :

Elle est un schéma d'entrée de galerie dans laquelle se trouve des pierres spéciales capables de réunir les rennes...

...et que portent quelques "éleveurs" saames...
Je ne ferai pas de commentaire.

Forcément, j'ai lu et vu d'autres choses.
On ne résout pas ces questions durant 3 semaines : immanquablement un retour s'impose...

...

[Simone]

On sent bien là que les règnes: minéral, animal et végétal communiquent entre eux...comme si une seule et même chose les habitent, un souffle, un esprit universel qui traverse tout et qui donne la forme à toute chose...
Aller vers ces régions arctiques ou l'harmonie est encore présente, nous aide à mieux sentir cette interaction des règnes.
Nous avons dans nos pays encore quelques endroits qui conservent cet équilibre, mais tellement réduit que nous ne pouvons le voir qu'avec des sens bien affûtés. La-bas, l'effet inverse se produit tellement fort, que c'est nous sommes gavés d 'harmonies: lumières, couleurs, odeurs ...
La coiffe de ce Same, et ces couleurs de vêtements ! Si Dan peut nous en dire un peu plus ?
Dom

[Est-Motorcycles]

On sent bien là que les règnes: minéral, animal et végétal communiquent entre eux...comme si une seule et même chose les habitent, un souffle, un esprit universel qui traverse tout et qui donne la forme à toute chose...
Aller vers ces régions arctiques ou l'harmonie est encore présente, nous aide à mieux sentir cette interaction des règnes.
Nous avons dans nos pays encore quelques endroits qui conservent cet équilibre, mais tellement réduit que nous ne pouvons le voir qu'avec des sens bien affûtés. La-bas, l'effet inverse se produit tellement fort, que c'est nous sommes gavés d 'harmonies: lumières, couleurs, odeurs ...
La coiffe de ce Same, et ces couleurs de vêtements ! Si Dan peut nous en dire un peu plus ?
Dom

Les couleurs saames sont en effet très codifiées, comme les formes des coiffes. Ce que je sais c'est que de nombreux facteurs interfèrent et entre en ligne de compte : la tribu, l'état homme/femme, l'âge- en fait la maturité, la place dans la tribu - éleveur, chamane, mécano etc...je trouve d'ailleurs très troublante cette tradition qui est en similitude avec l'Ecosse et ses kilts. Là, sur fond d'écran les bases sont toujours les couleurs du drapeau saame, rouge, vert, jaune et bleu. Troublant, lorsqu'on sait que le rouge est le soleil et le bleu la lune...Ces couleurs sont aussi celles du gakti, leur costume, sur lequel elles sont encore encore les quatre éléments : le rouge pour le feu, le bleu pour l’eau, le vert pour la terre et le jaune pour l’air.
Mystérieux, n'est-ce pas ? Avec les minéraux, le peuple saame porte haut et fort toute la tradition des fondeurs ancestraux. Il y a là des connaissances encore abordables et surtout, dépourvues de mystiques diverses ou de fantasmes religieux.
C'est un chaman qui a définit le drapeau, en accord avec toutes les tribus car ils partagent le tambour saame avec lequel, encore de nos jours, ils échangent des messages durant les longues nuits hivernales en se transmettant des choses que les satellites n'ont pas à écouter - dixit ma chamane...

Imaginons en France les hommes et les femmes portant les couleurs du drapeau français et en habits aussi...
On en est très loin, d'autant que, curieusement, les saames des lacs et des forêts, ceux qui ne vont pas souvent en ville, flics ou citoyens, enfants ou femmes, arborent sur leur épaule un bien curieux écusson que l'on ne trouve pas pour les touristes :

Mes Anciens avaient donc trouvé le filon c'est le cas de le dire...
Vous pensez bien que les hivernales prendront pour moi une toute autre direction !

http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=& ... evolp-LJuQ

Mon ami Jean-Louis Lafourme ne s'y est d'ailleurs pas trompé : rendez-vous est pris en décembre pour une des commémorations fraternelle !

...qui aura incontestablement un gout d'authenticité puisque, entre autre, les Lafourme se rendent chaque hiver aux frontières sammies...(photos et autorisation Jean-Louis Lafourme)

En Suède et en Norvège, les saames motards ont leur T90. J'en ai bien entendu rencontré :

On comprend peut-être mieux la cohérence de nos travaux, à Est-Motorcycles, qui envoient au placard le cynisme et autres colibets de gens sur cette question qui, au fond, sont mieux à rester à picoler entre potes autour de 4 brindilles en feu sans dépasser leurs 150 kms fatidiques.
Oui, il y aura un engin 100% français de même tonneau pour faire honneur à notre territoire et venir souvent en Laponie pour retrouver ceux qui, au fond, gardent bien au chaud (!) quelques vérités simples et éternelles...
Les imbéciles ricanent sans bouger et finiront secs et collés à leurs sièges avec leurs homologues, les trouillards laissent tomber et ceux qui voient clair continuent, c'est simple.

...la bise du vieux !

[gogo rando]

bien.... la bize de Gogo !!

[gecko]

Merci pour le "trip"...

Suis sur qu un jour je verrai .....en attendant....



Dés que c est "sec" vais aller voir directement les mecs
check tes mp

La bize aussi ,gaffe c est humide

[Simone]

Très grand honneur que cette bise. Merci pour tout.
Dom

[Simone]

Quelle émotion! Tout est relié... Merci. Simone

[Cathy]

LE PEUPLE VIVANT DU CÔTE DU SOLEIL . LES SÂMES

« Ma demeure est dans mon cœur
Elle est nomade comme moi
Dans ma demeure vit le chant du joik
L'écho joyeux d'un babil d'enfant
Les grelots tintent au loin
Les chiens aboient
Le lasso siffle
Tout ceci c'est ma demeure
Ces fjords ces fleuves ces lacs
Ces gels ces soleils ces tempêtes
Ces montagnes côté nuit et côté jour
Peine et bonheur
Frères et sœurs
Tout ceci c'est ma demeure
Et je la porte dans mon cœur'. »

Nils-Aslak Valkeapää. MIGRANTE EST MA DEMEURE

Une jolie poésie saame qui je trouve illustre bien les belles réflexions de Dan sur le ressenti de ce voyage.
Bisous et bon courage pour la visite à Dan le dentard.

[Est-Motorcycles]

Et pourtant, j'y étais si bien...

J'y étais si bien, dans notre Russie si émouvante et grandiose, mais tellement blessée...

...etc...
Tant de zones infestées par la folie des hommes et justement situées sur et au delà du Cercle Polaire...

...qu'il ne reste raisonnablement que peu de contrées pures et accessibles au bonheur des simples qui n'ont plus le temps ni le goût de lutter directement contre tout cela ailleurs, car ils l'ont déjà trop fait ici.
Hors Russie et Alaska, il est peu de contrées...

C'est pourquoi la Laponie est d'évidence la digne successeuse des projets que j'avais sur le Cercle Polaire russe, maintenant trop détruit et battu par les hommes.
Et puis, tant d'amis, de connaissance qui n'ont pu bouger comme ils le voulaient, sans faire de mal au demeurant, seulement par des tracasseries administratives épouvantables, des vétos, des bakchichs, des incertitudes administratives, des autorisations sans fin, des suspensions... : un type comme moi ne peut plus rien faire sur et au delà du Cercle Polaire russe car par exemple il lui faudra 6 mois de paperasserie seulement pour apporter un petit four et deux ou trois éprouvettes, il lui faudra dix autorisations de dix grattes papiers de l'administration...cela ne m'interpelle pas, je ne peux plus, même si j'en crève de devoir oublier le sang de mes Pères. Je passe ma vie à m'emmerder avec l'administratif, et l'administratif, c'est une prison totale officielle et instaurée par les états.

J'y retournerai en "touriste" et c'est tout, parce que je sais que de tout ce que j'ai vécu en Laponie, à peine 10% l'aurait été en Russie arctique.
Et j'ai 65 ans...
Les vieux me l'avaient dit mais...on croit toujours faire mieux qu'eux ! Je croyais l'époque changée, les pages du passé russe tournées. Elles le sont en quelque sorte, mais pas pour ce que veux chercher et faire sur et au delà du Cercle Polaire.
Et pourtant là-bas tout y est aussi, mais plus dans l'état de pureté que j'ai découvert chez les saamis.
Le Baïkal finit, Irbit aussi ?
Certes non, mais en touriste ou pressé par une mission avec Ural.

Dès lors d'évidence je me tourne vers la Laponie, accueillante, pure et simple, afin d'y installer mon camp de base dans lequel je me rendrai dès que possible en gardant ici des points d'attaches avec mes aimés, avec mes amis et avec ma mission Ural en France - qui est simplement celle d'être un bon concessionnaire ambassadeur de la marque.

...

[creationsthor]

A propos du contact avec la Nature, beaucoup plus modestement que chez les Samies, une des belles possibilités qu'il reste encore dans nos régions de France est la cueillette des "fruits" sauvages, offerts en abondance cette année. Voici la récolte du jour, châtaignes et trompettes des morts. [url=http://imagesia.com/p1040993_ph0t] ... .JPG[/img][/url]

[Helga]

Partout en effet, du moins dans les campagnes, il est possible de renouer avec les forces de la nature, simplement et pour peu que l'on s'en donne la peine. Pour ceux "qui restent" pour diverses raisons, ces chemins parallèles sont de mise car ils permettent de conserver une osmose relative mais assez forte entre ces mondes.
Ce qui pousse, partout, reste finalement accessible à 1,5 mètres - distance entre la tête et le sol et ce qui se chasse par l'image à distance de vue, partout la même et pour tout le monde.
Reste le choix de s'y engager ou non...et lorsqu'on s'y engage, les cueillettes sont généreuses...

Tu vas sans doute nous conter les dernières pages de ce que j'ai compris comme étant une tranche centrale de ta vie, avant de passer à d'autres chapitres car je le sais, mon cher M......h, t as passé la Frontière.