Il y aussi les "zombis" en Juin 2009 toujours dans le Courrier de Russie, lettre des fondateurs:Zorgol94 a écrit :Moi j'ai bien aimé le passage :
Parler de la Russie en France, c’est l’allégorie de la caverne de Platon. ..
"Jean qui rit, Jean qui pleure"
Extraits:
...Quinze ans après, nous sommes toujours là et, quand nous nous rendons en France pour revoir famille et amis, on nous regarde comme des Russes. Malheureusement, même en ignorant les questions stupides sur le temps qu'il fait a Moscou ou le rationnement dans les magasins, nous constatons que nous faisons figure de zombis. et il n'est pas difficile de comprendre pourquoi. Pas un journal, pas une chronique, pas un magazine, pas une émission de télévision en France qui ne parle de la Russie sans souligner atteintes aux droits de l'homme, misère de la population ou argent trop facile et viols, meurtres et pillages en tous genres.
Pour beaucoup de Français qui n'ont jamais quitté le royaume des droits de l'homme, nous sommes des morts-vivants. Bien sur, comme tous les Moscovites, étrangers ou russes, nous avons connus des moments difficiles ou rien n'est simple. Pire, nous sentons souvent que nous sommes et resterons toujours des étrangers. Paradoxalement, après quelques années, nous nous sentons également étrangers à la France. et le passage occasionnel à Moscou de quelque ministre ou députés français venant tantôt nous admonester a propos du retard de la France (comme si les parts de marché étaient de droits), tantôt nous fustiger au motif que le pays dans lequel nous disons avoir plaisir a travailler est peu soucieux des droits de l'Homme - n'arrange rien.
...
Nouveaux croisés de la religion de la pensée unique, délaissant le stylo pour l'écriteau, les journalistes jugent plus qu'ils n'informent. Ils critiquent les Chinois et sacralisent la Place Tian An Men, mais sont muets quand les policiers français investissent des banlieues qui s'enflamment faute d'espoir. Ils critiquent la Russie sur la Tchétchénie, mais restent très conventionnels sur la Corse ou les Antilles.
Ayant perdu tout indépendance d'esprit, muselés par leur rédaction, les journalistes se sont laissés aller au sensationnel.
Droits de l'homme, corruption, oligarques. Il est toujours plus facile de parler de Mikhail Prokhorov et de sa horde d'amazones à Courchevel que du Patriarche ou de Svetlana Linnik, chevalier de l'ordre de "la Vénérable Euphrosyne de Moscou".
Alors ce journal pour témoigner, en français et maintenant en russe, pour faire un rond dans l'eau se perdant d'une rive à l' autre de l'océan d'ignorance qui sépare la France et la Russie, pour faire aussi bien que bécasseaux, pluviers et autres bernaches qui, selon les saisons, prennent naturellement ce qui est bon ici ou là, sans se demander s'ils sont de Sibérie ou de Normandie.
Emmanuel Quidet, Jean-Luc Pipon, Philippe Pele-Clamour.