Chacun retire de la vie une accumulation d'expériences qui façonnent peu à peu l'âme, un peu à l'image d'un sculpteur de pierre, et la "mort" (ou la "fin") laisse une sculpture plus ou moins belle et plus ou moins achevée.
C'est le process pour chacun d'entre nous.
Nous partons tous également d'une expérience de base qui est l'éducation, comme un grand terrain de foot et la vie commence pour nous en évoluant sur ce terrain.
On y reste plus ou moins bloqué : il en est qui changent un peu, d'autres qui quittent ce terrain et d'autres encore qui n'en sortent pas.
De la petite éducation alsacienne traditionnelle qui était mon terrain de jeu, Paris et ses voyous m'avaient mis sur la touche pour la première fois. Puis l'Auvergne et la vie d'ici, les divorces...accompagnés d'autres joies.
Alors le temps passe, on vieillit en accumulant et en essayant de ne pas finir au fond du Grand Entonnoir à vieux cons.
C'est pourquoi le plus difficile est non pas de quitter le terrain, mais d'être heureux d'en trouver d'autres.
Les changements de routes sont finalement salutaires...Les vrais, pas les ceuss de la tête : ceux qui te font quitter ceux que tu croyais être tes vrais potes...
...et au début toutes les nouvelles pistes sont plus ardues.
La Russie, avec son cortège de nostalgie, ses gènes et son communisme tellement primaire qu'il en est désarçonnant, mit une pagaille montre dans l'esprit gaulliste qui avait modelé mon enfance. J'avoue fièrement que cette dose de marxisme, passée par le filtre de mon éducation, m'apporta un assaisonnement salutaire que je garde précieusement : c'est par exemple cet assaisonnement qui m'a permis de ne pas tomber dans le piège du capitalisme agité d'un Sarko.
En face de la Momie tu n'y crois pas, que cela existe...
...et cela existe, et tu n'y peux rien et même si tu ne le veux pas cela te change. Le gros gros contrepoids juste suffisant pour dévisser du sol ma notion alors inamovible de la vie en transmettant ce message : BOUGE !
J'étais libéré.
Lénine m'a libéré.
Ben oui. Avant j'étais vissé en Alsace dans la France-drapeau-colonies-et honneur à deux balles.
Pas vraiment lui qui m'a sorti du trou, mais il fut introduit en vrai (pas dans la tête) dans ma vie de petit bourge.
Il y eu l'Ecosse, l'Irlande et d'autre pays d'Europe qui, comme on dit communément, "amènent du bois". Fantastiques.
Puis la Norvège, autres branlées en gants de velours. L'apprentissage qui t'inculque que l'écoute du silence est possible, l'aimantation vers le Nord.
"C'est par là" commencent à dire la route des Trolls...
Tu te mets à reécouter Brel et Don Quichotte, sa "belle étoile" mais tu te marres moins : cette étoile, elle existe, et la Norvège te dit d'aller la rencontrer en Islande.
Elle n'est plus dans le cul d'une gonzesse que tu prenais pour la Vierge.
Alors à ce moment, cela se transforme en BOUGE et PLUS LOIN.
Et tu y vas, et tu trouves.
Et tu trouves quoi ?
Tu trouves des contrées dont les images, les odeurs, les puretés, les sensations, les vibrations, décollent du 2D habituel : en Islande, tout est en 3D et l'esprit des images te saute à la gueule.
Et là, tu te rends compte que les légendes, les sagas et tous les contes issus de cette formidable source sont non seulement vrais, mais vivants.
Pourquoi ?
Parce qu'ils ouvrent les yeux avec tout ce qui dépasse la notion de platitude 2D : ce qui ressort est le mouvement, est l'énergie qui anime les images.
Tu vas voir, sceptique ou endormi...
Et tu vois, et tu sens.
Et les islandais, comme de grands enfants, te parlent de vrais trolls dans la pierre - vous verrez - , de chamans, d'histoires folles et magiques : ce n'est d'ailleurs pas pour rien qu'ils sont les champions des sagas policières. Car les meilleures intrigues policières sont islandaises.
Tu y vas, et les Enfants de l'Islande - marins, jeunes et femmes - sont sur place, et sur place ils savent où sont les portes de l'enchantement. Pour eux c'est normal.
Ils connaissent de fabuleux véhicules, énormes monstres gentils qui, comme dans les images, te prennent par la main et avec lesquels, avec grande patience et beauté, te tiennent la main pour t'amener dans leur monde de merveilles, immense, beaucoup plus grand que tout ce que tu as connu, avec plein d'étoiles, de choses fantastiques et la vraie paix.
Ce monde, il se trouve loin du tumulte, de l'agitation et des calculs des hommes : il faut monter un peu haut ou descendre un peu bas pour en trouver les portes.
Essayez, vous trouverez vos guides...
...à suivre...
:):):)
