NORVEGE, un goût d'éternel 2014

[Est-Motorcycles]

Oui, tout de même. Plus de 6000 kms et plusieurs centaines de clichés ne peuvent finir sur une étude de l'alcoolisme en Norvège...C'est comme si je parlais des coupeurs de viande humaine en Afrique à coups de machette chez Hubert, ou des homos grecs dans la discu de Guy. Bon, ça existe mais enfin, ce n'est pas le sujet principal de la discussion.
Le sujet de départ : "Norvège, un goût d'éternel"...

[Arvell'houlala]

c'est beau la Norvège ....

MAGNIFIQUE !

.. bon... plus de digression ... mais quand on y a vécu on voit les choses.... autrement... ha ha ha ... cad bien bourré !

[Est-Motorcycles]

En effet...Moi le mec au scratch m'a tué quelque part. C'est quand même un phénomène.

[Est-Motorcycles]

La relève de la garde à Oslo, c'est pas celle de la Russie mais quand même, tout en finesse, impeccable et jolie...

Oslo est une ville agréable aussi, trés moderne, avec beaucoup de jeunes. Il y a pas mal de travaux mais le centre ville est superbe : des rues piétonnes, du monde. Là, c'est en rentrant dans Oslo par l'est :

Une heure après, un peu plus loin...on est bien en Norvège, où le climat change rapido...

Mon frelot m'amène sur les hauteurs d'Oslo...
C'est un de ses endroits préférés. On a longuement parlé du drame qui a frappé la ville avec l'attentat du malade de la race "pure", alors que la Norvège entière est trés accueillante et pas du tout xénophobe. Je n'ai jamais rencontré le moindre signe d'agressivité lorsque je parlais français.
Pour demander quelque chose, je parlais anglais mais pour dire "bonjour", "au revoir", "merci", etc..., je parlais français. C'est ainsi partout où je vais en Europe.
Je me calque sur les comportements du lieux mais je reste moi-même et il n'y a jamais de problème.

... là où il y a une des plus grande piste de saut à skis. Ils sont trés fiers de cet édifice et il y a de quoi, c'est formidable.

Il a un permis spécial pour passer au dessous pour voir l'autre côté. Je te dis pas le vertige là-haut, je ne suis pas monté...

J'étais heureux car je regarde souvent quand je peux les championnats de sauts à skis, je trouve que ces champions sont trés forts. Ces hommes volants sont fantastiques

Nous approchons ensuite du port...
Pas de tristesse car le voyage continue. C'est à ces moments que les "arrêts", les changements,..., ne marquent pas la fin de quelque chose.

Heureux de m'embarquer pour le Danemark dans ce gros raffiot qui a son ventre béant ouvert

Je suis ivre de sensations, je ne sais plus où je suis ni quel jour, le plein d'impressions est fait : dépaysement total et ce n'est pas fini, le voyage continue, le concept n'est pas arrêté, il le sera seulement lorsque j'arriverai chez moi et que je couperai le contact, et encore...l'énorme inertie des impressions me marquera plusieurs jours et mon cerveau à reçu ses forceps.

Etre dans l'action, c'est vivre pleinement. L'inaction est une manière de nier la vie, elle sent la mort. Je ressens l'inaction comme une sorte de refus à exprimer la vie, c'est-à-dire ce que l'on est.
On peut avoir beaucoup d'idées dans la tête, mais si elles ne passent pas à l'acte, il n'y a aucun résultat, aucune manifestation, ça sent l'interieur d'un cercueil.
Et si je vis dans le passé, dans le regret, c'est la même chose : je crois que nous n'avons pas de temps à perdre en regrettant quelque chose parce que nous sommes vivants. Ne pas apprécier ce qui se passe dans l'instant même, c'est ne vivre qu'à moitié, c'est être à moitié vivant.
Et donc à moitié mort.
C'est ce genre de schéma qui conduit à l'auto-apitoiement et finalement à la souffrance.
Or nous sommes tous nés avec le droit d'être heureux...

[Pepe le piou]

Si vous pensez et vivez ce que vous écrivez... bravo les gars. Il me reste donc encore du chemin à faire et c'est rassurant.
Tant qu'on peut progresser c'est qu'il y a de l'espoir.

Moi en ce moment, je vis en regardant le calendrier, et je compte les jours qui restent pour :
1 - Aller chercher mon Gobi chez DAN
2 - la réunion de l'Amicale;
3 - les Milles Meuh
4 - Etoile des neiges en janvier en Savoie
5 .... a suivre ....

[Est-Motorcycles]

Si vous pensez et vivez ce que vous écrivez... bravo les gars. Il me reste donc encore du chemin à faire et c'est rassurant.
Tant qu'on peut progresser c'est qu'il y a de l'espoir.

Moi en ce moment, je vis en regardant le calendrier, et je compte les jours qui restent pour :
1 - Aller chercher mon Gobi chez DAN
2 - la réunion de l'Amicale;
3 - les Milles Meuh
4 - Etoile des neiges en janvier en Savoie
5 .... a suivre ....

Le point 1 se précise : je suis dessus comme le cosaque sur sa jument...

[Est-Motorcycles]

Je quitte le port d'Oslo pour une longue nuit de reflexion...

...

[Est-Motorcycles]

Rentrer...
C'est dans le passé que le fait de rentrer d'un périple me posait des problèmes.
"C'est fini"..."au boulot"..."on retrouve son monde d'habitudes"... étaient des impressions qui me hantaient, mais pourquoi ?
Parce que je n'étais pas heureux là où je vivais, ni avec les personnes avec lesquelles je vivais.
Il m'était facile de rendre le système coupable. "Oui, cette société m'emm...", et de montrer du doigt les politiques, les lobbies bref tout ce qui ne va pas dans ce monde, et il y en a !
C'est en rentrant de plusieurs voyages que cette reflexion s'est paufinée.
Les retours des premiers voyages ont donc été toujours violents, quasi manichéens. Puis peu à peu, je constatais l'inutilité de ces impressions négatives qui jetaient un voile d'ombre sérieux sur ce que j'avais vécu, au point quelquefois d'effacer ce que m'avait apporté ces voyages.
C'était triste et...bien obligé au fil du temps de me rendre compte qu'en fait, ce n'était pas l'extérieur qui était responsable de cet état, mais ma relation avec cet extérieur.
J'oubliais un facteur important : ma manière d'approcher les retours avec ma psycho.
C'était bien de moi dont il s'agissait et que donc le fait d'accuser l'extérieur de ces tristesses était un peu lâche...

Car pourquoi le fait d'avoir vu ces lumières, ces joies dans les voyages, n'était-il pas aussi fort en rentrant ? Et si j'avais été un allemand ou un belge ou autre, venant là où je vis, j'aurais bien été le "touriste" du lieu...Lui aurait vécu ce bonheur tout comme moi lorsque je voyage ailleurs !
Le problème est donc dans la manière d'appréhender les choses.
Pourquoi la lumière trouvée dans les voyages disparaissait, alors que tous les gens de part leur vie sont aussi les miroirs reflétant cette lumière ?
Chacun est un miroir.
La tristesse de rentrer manifestait donc mon refus d'accepter que les autres reflètent leurs lumières par les miroirs qu'ils sont : je voulais m'approprier ce que j'avais reçu durant ces périples et l'enfermer dans la boîte de mon ego, le centrer pour moi.
Erreur de connard.

...et ce soleil qui ne se couche presque pas, au milieu de la mer du Nord, devient de lui-même un véritable lieu de méditation, une invitation à la paix, à une reflexion simple, non agitée, non voulue, non provoquée : simplement donnée.
Il suffit d'être là au bon moment...

Depuis ces reflexions successives des revenues de voyages, en fait de retour je ne rentre pas, je continue à cheminer vers cet ailleurs du Découvrir qui est la racine de l'homme. Si c'est "la même route" et que je la vois comme la même route, c'est à moi de me débrouiller avec ma connerie car, elle ne peut pas être la même route. Tout y a changé depuis mon "aller".
Le fait de croire que c'est la même présuppose que j'aurais tout vu de l'aller, et cette sorte de sûreté de soi bien caractéristique de l'individu commence à m'ennuyer.
En fait, l'ennui des retours, qui conduit à ce type de révolte et de critiques du monde, provenait du fait que j'avais assimilé les impressions pour moi.
Non je n'ai pas tout vu, de loin, et la suite de ce reportage en apportera la preuve.
Il restait tout à découvrir, comme à l'aller.

Cette douce nuit au milieu de la mer du Nord, Mère des Trolls, est donc propice à de nouveaux accords avec moi-même.
C'est par ces accords avec moi-même et les autres, avec les choses du monde aussi, que je compte bien chasser ces pics de l'enfer qui nous assaillent tous plus ou moins.
Et que me dit la mer ?
Elle me dit que le renforcement du premier accord que je prends avec elle est celui que toutes mes actions doivent être impeccables.
En rendant chaque acte impeccable, on chasse la distance perpétuelle qui existe entre les choses et soi, on élimine les fantômes de la maladie du demain : "quelle heure est-il", "où je serai ce soir" ? "C'est quand que tu", ... bref, l'esprit n'est plus projeté vers cette espèce de course complètement dingue.
"Mais, où, est donc hors, ni, car..." crève.
He Dan, tu feras ça quand ?
Jamais. Plus jamais.
He Dan, quand est-ce ton prochain voyage ?
Jamais. Plus jamais.
Je le ferai, c'est tout, je ferai tout mais je le ferai impeccable parce lors d'un acte je ne serai pas ailleurs. Cela va d'ailleurs toujours plus vite !
Je suis déjà en voyage, maintenant, en face de toi.
En apprenant à ne plus domestiquer le temps, le temps n'a plus d'emprise.
C'est le premier accord que je prend avec la mer ce soir.
La nuit sera longue sur la mer du Nord, car il y a d'autres accords.

En fait, je ne rentre plus jamais : les fjords ont nettoyé l'ennui de moi.

...

[Simone]

Profondément émue par ce voyage, au delà du temps, par le récit, et par les réflexions qu'il engendre aussi chez le lecteur.
C'est magnifique, merci, après cette lecture, nous aussi, nous ne serons plus tout à fait comme avant.

[Simone]

Un tel récit force l'admiration et nous fait toucher de près le majestueux que notre Mère Nature réserve à ceux qui ont les yeux du coeur pour le voir et en plus ...nous le faire partager, merci.

[roberto.fontana]

Salut Dan et merci pour ce récit.....photos magnifiques, des gens bien sympa, 6000 kms !!
Je n'ai encore pas pu partir cette année, tu m'as comblé une partie de ce "vide".
Roberto.

[willy]

merci dan pour ton recit a faire la norvege :p j'espere

[elem]

Rentrer...
C'est dans le passé que le fait de rentrer d'un périple me posait des problèmes.
...

En fait, je ne rentre plus jamais : les fjords ont nettoyé l'ennui de moi.

...

Est ce que tu nous dit:

qu'au retour, le voyage se poursuit, que la découverte est devant nous,
qu'en restant dans le même état que lorsque l'on part, on reste attentif aux gens, aux lieux, aux émotions, et qu'ainsi on continue à s'enrichir et à enrichir les autres,
que cela permet d'abolir les contraintes de temps, qui bien souvent nous figent dans la routine, nous empêche de rester ouvert aux échanges et font de nous des êtres mort et tristes?

ce me semble une bonne attitude, le voyage perpétuel, le voyage éternel...

Le plus difficile est peut-être de se mettre en état de voyageur, sans doute faut-il partir...

Loïc.

[Est-Motorcycles]

Précisément elem...

Il est 23h30 et le soleil est sur la ligne d?horizon. La mer s?énerve, le vent se lève, je vais faire un petit somme.
Mais la réflexion de ce soir m?empêche de dormir et, curieusement, je ne suis pas fatigué. Je me relaxe donc dans le petit lit de la cabine qui tangue et, au petit matin, je passe sur le pont supérieur à 4h30 : même soleil avec un peu de brume, le jour va se lever.
Seul sur le pont, j?ai suis donc curieux de poursuivre le périple qui, je le sais maintenant, ne s?arrêtera pas une fois arrivé.
Je m?installe sur un transat et la réflexion continue?

Etre et essayer d?être impeccable ? conclusion de la réflexion d?hier soir - , c?est aussi ne rien faire contre soi-même. Ainsi toute l?énergie se mobilise et l?efficacité se transcende en devenant vraiment puissante.
Ce respect de soi porte à l?amour, et de soi et des autres. Si j?aime, on a plus de chance de m?aimer et si j?insulte, je serai insulté. La haine ne fait jamais aucun bien à personne. Et si je suis égoïste avec les autres en étant centré sur moi uniquement, comment ne pas m?étonner que les autres le soient aussi vis-à-vis de moi ? Ainsi critiquer les autres n?avance à rien.
Les actes mauvais créent l?enfer sur terre. Médire, culpabiliser, critiquer sans cesse, finalement répandre son poison personnel, cela détruit.
Les dictateurs en politique se servent de la parole pour créer le chaos. Voyons Hitler : il n?a jamais tenu un flingue et il est responsable, par sa parole, de millions de morts. Staline aussi. Comme d?autres aujourd?hui, ils se servent des mots dits pour attiser la haine entre races, personnes, familles, nations.
L?utilisation négative des mauvais gestes et des mauvaises paroles nous maintient dans un gouffre, dans un état de peur et de doute, en créant un enfer ambiant. La médisance est devenue la principale forme de communication humaine, et ça me gave parce que cela ne rend pas heureux.
Et cela va aussi contre soi : « je suis gros, laid, je vieillis, je suis stupide, je ne serai jamais bon, etc.? » sont des paroles de médisance contre soi.
Si nous réfléchissons au nombre de fois que nous avons pu médire sur quelqu?un dans le seul but que les autres rallient notre point de vue, c?est effrayant.
Par delà le geste impeccable de chaque seconde, une option se dessine aussi, option qui accompagnera cette décision : les mots devront l?être aussi?

La suite devient limpide.
« Espèce d?idiot, de fainéant, de ceci ou cela? » lorsque ce sera proféré contre toi ou moi, cela doit glisser, passer et ne pas entrer en moi. Refus de cet autre poison.
Quelqu?un nous juge ou nous traite ainsi en proférant ces mots durant deux secondes, alors que nous sommes vivants depuis des dizaines d?années : en deux seconde un malade nous juge.
Si cela entre en moi, c?est que j?accorde à ces sentences une valeur personnelle qui, en réalité, montre simplement que je considère ma propre importance.
Et lorsqu?on fait une affaire personnelle de ce qui nous arrive, nous nous défendons et c?est cela qui engendre des situations de conflits.
Plus loin même : les opinions que l?on peut avoir de soi ne sont pas forcément exactes?

Le jour est là, quelques personnes sont sur le pont, les serveurs s?affairent pour le petit déjeuner.
J?ai l?impression d?être un autre homme, je respire, suis détendu et d?un calme profond.
Oui, les fjords ont noyé l?ennui de moi, et le calme de la mer a posé ses caresses de douceur.

Les portes du bateau s?ouvrent, je sors de Copenhague pour m?arrêter faire le plein à la première station service et là, déjà une autre surprise?

[Pepe le piou]

C'est beaucoup d'un coup DAN, il faudra que je relise tout cela en entier depuis le début, un jour de grand calme, un jour où je serais vigilent mais relaxé en même temps, pour pouvoir comprendre tout ce que tu écris, sans imprégner ces paroles de mon jugement, de mon état d'âme ni de mon vécu. Pas facile je l'admet. Mais c'est tellement bien écrit que ça mérite l'effort. Enfin pour moi. Je dis.
En fait l'Amour des autres et de Soi il n'y a que ça de vrai ?