Rilax Roger's, tu as raison de prendre une bouffée d'air de temps en temps...
Arrivé au plateau via une côte à 12%, plateau qui se situe à 1400m d'altitude, on se croirait je ne sais où, dans un pays jamais vu
...plein de petits lacs, de la neige, du vent et surtout...personne...
Une soixantaine de bornes dans ce paysage, ça déconnecte l'ensemble du bonhomme ! Du coup, j'ai bâti un petit chörten avec les cailloux locaux...
Je continue la route et un moment complètement inattendu, au détour d'un virage, le miracle, la beauté dans son essence même, un choc terrible : le premier fjord...
D'une magesté incomparable...
Saisi par la splendeur pure, je coupe le contact...et puis ce silence...ce silence d'une puissance redoutable, un vortex, un abîme d'infini...
Silence, un seul cri troublerai la montagne et inquièterait la Légende.
Je suis d'un pas rêveur le sentier solitaire
J'aime à revoir encore, sans me lasser,
Cette eau bleue intense dont je devine la profondeur du secret.
Je redescend vers son bord par cette piste sinueuse, en suffocant tant c'est magistral, sans dépasser 20 km/h car là le temps s'arrête
Pour la remercier de tant de bonheur, je laisse Babouchka contempler aussi, elle qui le mérite si fort, elle qui me comble de bonheur et qui, sans jamais ne rien dire, sans sourciller, sans mauvais coup, me porte vers ces bonheurs intenses qui gravent mon être au plus profond, dans un secret solitaire : une union unique.
Je n'aurai pas assez de ma vie pour témoigner de ma reconnaissance pour Ural, pour ce destrier infatiguable : elle suit mon désir, elle le précède même, elle ne demande rien d'autre que quelques caresses de temps en temps par l'entretien. Du solide la Russie, du concret, aucun baratin, aucune malice, du direct, de l'indiscutable, de l'irréfutable.
Je sors la gourdasse emplie de vodka :
honneur et gloire aux ouvriers de Irbit !
Elle me descend toujours aussi charmante vers ce qui fera ma deuxième étape, ce petit bled en bord de l'immensité du fjord auprès duquel j'ai décidé de déplier la canne-lancer que m'a gentillement prêté mon Ami Berny.
Mais pour l'heure, je chemine plein d'admiration, j'essaie d'arrêter le temps, de le ralentir, de le saisir mais il m'explique qu'en ne cherchant pas à lui imposer quoique ce soit, il me permet de plonger dans son concept de naissance : l'Eternel.
Plus forte que toutes les littératures, que la rencontre avec tous les sages de toutes les religions, que la lecture de tous les livres, cette tranche de vie véritablement taillée au scalpel avec une précision divine, me rend à l'évidence, à la "simplitude" de ma vie qui doit garder ce cap pour trouver définitivement le bonheur.
...à suivre...