Si le cercle polaire arctique plusieurs fois passé est au 66°, il est incontestable que les terres situées entre le 70° et le 71° sont pour moi les plus intenses. Et si la Grande Russie ne s'ouvre pas fin juillet, ce sera fatalement sur ces terres polaires que je me dirigerai dans le plus vaste abandon.
Ces lieux magiques appellent les amoureux de nouvelles traces et de panoramas immenses. L'impériale lumière qui s'étend dans sa simplicité quasi divine marque l'entrée des portes d'un paradis éblouissant et limpide.
Il y a un air du bout du monde sur ces terres septentrionales et le voir sur écran n'est pas y être.
Nos voisins sont les rennes du Svalbard qui parcourent la toundra, et les oiseaux comme le mergule nain, le guillemot de Troïl ou encore le lagopède. Quant aux phoques, vous pourriez vous en rapprocher de quelques coups de pagaie en kayak de mer, le long des glaciers qui plongent dans l’eau salée.
Le premier choc débouche sur la tragédie d'une immense solitude, s'ouvrant peu à peu dans le rêve arctique que les grands maîtres de l'aventure dépeignent comme la nourriture la plus profonde. La faune endémique y est certainement pour quelque chose. D'ailleurs elle prend place avec l'érosion des derniers campings de ce monde.
Il sera minuit passé quand je rejoindrai ma petite caravane pour dormir. Malgré l’heure très avancée et la fatigue de cette très longue et future journée, le soleil lui s’en tapera royalement. J’avais déjà eu l’occasion d’expérimenter l'incroyable soleil de minuit en Islande, mais je suis certain que rien ne sera comparable par rapport ici. Il pourra être midi que je n’y verrai que du feu !
Au bout de la route pas de sentier, tu marcheras où tu voudras et surtout où tu pourras. Tout sera tapis de mousses inconnues. Les plus belles photos ne pourront pas rivaliser avec ce qui sera devant les yeux. Ce sera tellement magnifique. Le silence, un brin de vent, les vagues au loin… Plus qu’un paysage, ce sera cette ambiance qui m’émouvra au plus profond de mes tripes.