Je tente de reprendre le cours de notre voyage là où je m'étais arrêté.
C'était le 20 mai !
Je vais sans doute créer des chocs temporels !
De Naïn nous nous rendons en taxi à Ispahan (150 km pour 4 euros).
Comme dans beaucoup de pays les transports sont optimisés.
ISPAHAN... ISFAHAN
Tout de suite cette ville nous séduit. Il y règne une ambiance agréable, un raffinement très présent partout dans cette ville chargée d'histoire qui compte aujourd'hui 6 millions d'habitants.
Située au centre de l'Iran, à 1600 m d'altitude, la température y est agréable.
Dans un angle de l'immense place Naghsh-e Jahan, la mosquée du Chah
En visitant la medresa jouxtant la mosquée, nous rencontrons un mollah qui nous invite à échanger dans son "bureau alcove".
Sept années de hautes études, il est très cultivé et parle un français châtié.
Renée y va de la condition des femmes en Iran...
J'aborde la structure politique du pays...
Il n'y a évidemment pas d'ambiguïté dans ses réponses
" Le foulard est un acte social qui permet à la femme iranienne de sortir à l'extérieur, à l'égal de l'homme " !
Il argumentera en nous expliquant que, à ISPAHAN, le mollah supérieur est en fait une mollah. Là, cela me semble perdu pour les iraniens, à moins qu'elle ne tente de noyauter la trame multidimensionnelle de la molligarchie.
Ils sont partout. Leurs études ne sont pas que théologiques, ils sont spécialisés en droit, sciences... et deviennent enseignants, avocats, chargés de communication (comme lui!)...
C'était intéressant quand même car j'avais une image de vieux barbus. Celui-ci, marié, 35 ans, de beaux yeux d'après Renée.
Puis nous visitons le palais Ali Qapu.
D'immenses peintures murales retraçant des batailles ou des réceptions
Au XVII ème siècle, en Perse les moeurs étaient libres...
Non loin de là, attirés par une agréable musique nous rentrons dans une échoppe tenue par un artiste iranien.
Il nous expliquera que son père sculpteur a travaillé pour le Sha. Il nous montre une photo où son père remet une sculpture en bronze à Faradiba.
Cela explique sa mise à l'écart.
Il a fait une tournée européenne avec son orchestre. Il est également sculpteur et peintre et une de ses toile est exposée au british muséum.
Sur son conseil nous visiterons le musée de la musique situé dans le même bâtiment qu'une école de musique.
Visite suivie d'un concert des professeurs.
Lors d'un de nos passages sur le pont Kadju nous nous arrêtons pour écouter un chanteur dont la voix de ténor résonne sous les arcades.
Une 20ne de spectateurs frappent en rythme dans leur mains.
Il est rejoint par un jeune accordéoniste.
Les chants s'enchaînent quand soudain 3 policiers arrivent, embarquent l'accordéoniste.
Pour nous c'est un choc, Renée pleurt, moi je reprends ma vidéo que j'ai arrêté sur le coup de la surprise et accompagne l'accordéoniste et quelques spectateurs qui suivent les policiers. Un policier en civil me demande d'arrêter de filmer. J'arrête de filmer mais je prends des photos.
Le poste de police est une sorte de gros bungalow de chantier.
L'accordéoniste pleurt en entrant encadré par des policiers. Naïvement je me plante devant le bungalow en pensant que ma présence modifiera le cours des choses. Un iranien vient me parler, aussitôt une fenêtre du poste s'ouvre et mon interlocuteur se fait engueuler. Il part tête basse, moi ce genre de situation me donne envie d'en découdre physiquement !
Après plusieurs minutes je rejoint Renée et nous continuons notre ballade.
Au retour nous prenons des nouvelles de l'accordéoniste. On nous dit qu'il s'en est tiré avec une amende. Les gens viennent nous parler et nous disent qu'ils n'ont pas le droit de s'amuser.
Plus tard dans la soirée un homme d'une 60ne d'années nous abordera comme cela arrive souvent avec les iraniens. Lui nous parlera en français et nous rappellera que les iraniens souffrent de cette situation économique et de leur mise à l'écart.
Dites à vos amis français qu'ils viennent, nous ne sommes pas des animaux !
Les iraniens, mélancoliques, regardent leur vie passer et s'écouler sans avenir.
Leur liberté s'est envolée il y a 40 ans