Je quittais Kuusamo qui devait marquer ma deuxième entrée en Russie, sur un groupe de motards finlandais très sympathique : des rouleurs qui étaient en couple avec de nombreuses filles en solo.
J'étais heureux de constater l'accroissement constant de femmes qui adoptent la moto pour voyager. Elles se débrouillent et je suis en admiration.
Il ne m'a pas été possible de planifier une incursion vers Murmansk faute de temps : je savais qu'en retournant en Russie je ne pouvais y séjourner seulement plus de quatre jours et, pour ce que je me proposais de faire - les mines - il était nécessaire que je dispose de plus de temps car là, c'était plus de 1500 kilomètres en territoire russe.
J'avoue avoir également été un peu découragé par l'état des routes et je ne voulais pas me casser le dos pour le reste du voyage. Il me faudra simplement retourner là avec une partie cycle adéquate.
Je pense d'ailleurs à cette partie cycle spéciale "confort", genre TT, pour me rendre un jour dans l'arctique russe. Et je ne suis pas le seul à y penser : nous causons de concert avec Charles Piou, qui se rend régulièrement là-bas aussi et qui a dû rebrousser chemin alors qu'il roulait vers Irbit, dos cassé.
Je pense que cet homme va probablement devenir un compagnon de voyage - il est hors paillettes...
Donc "tout droit" vers Ivalo et, une fois par là, circuler horizontalement sur 1000 kms afin de rejoindre les confins de la Suède du Grand Nord.
Ivresse...
Je roulais, roulais en pensant et méditant sur les amis qui ont traversé ma vie. Sur les femmes aussi...Sur le fait que tout change, qu'il est très rare de pouvoir employer les mots "toujours", "jusqu'à la fin" etc...car on est souvent trompé et nous trompons aussi certainement...
J'admire tous les couples d'amours ou d'amis qui restent ensembles pour toujours.
Le côté temporel m'apparait de plus en plus comme étant celui d'une situation qui me convient, mais d'un intemporel intense.
"Toujours" s'applique ainsi à un nombre se personnes qui se compte sur une seule main.
Et je ne crois pas non plus à l'amitié "homme/femme" car il y a toujours le sexe d'une manière ou d'une autre. J'ai mis du temps à gérer ce genre de relation conflictuelle : il m'a suffit de laisser se mouvoir une certaine forme d'éros, on est ni obligé de toucher, de mater ou de convoiter, de projeter, de consommer.
Mais voici un autre petit lac auprès duquel je scotche la laponette...
J'étais heureux d'avoir atteint le haut de mon objectif car je savais qu'à ce niveau le sauvage prime et qu'il est inversement proportionnel à la présence d'habitants...
Du coup j'ouvre une petite bouteille d'Alsace pour honorer mes Pères alsaciens car au fond, c'est grâce à eux que je suis là...
Cela me permet de vous présenter mon espace cuisine :
Tout y est n'est-ce pas ?
Dont acte :
Je levais le verre à l'amour et à l'amitié, aussi aux amours déçus et aux faux-culs...
Mais je repensais aussi à mon exigence...que je reconnais et qui engendre le fait que je n'arrive pas à me contenter de peu.
J'avais déjà constaté que parfois, la distance permet de savoir quelle amitié mérite d'être conservée et quelle "amitié" il vaut mieux laisser tomber.
Mais l’amitié, profonde, authentique, me semble parfois en voie de disparition. Suis-je toujours capables de tisser des liens forts , de discerner l’ami du compagnon, voire de la simple relation ? La faute à tous ces réseaux sociaux qui augmentent le cercle de nos connaissances, au risque d’y perdre les « vrais » au profit des « faux » ? Pas forcément…
Je crois que la chance ne fait pas tout. Tout se construit pas à pas, qu’il s’agisse d’amitiés ou d’opportunités.
Il m'arrivait de découvrir ce qu'est un vrai ami : il est celui qui voit clair en moi, et qui continue à apprécier le spectacle. D'où le constat que les amitiés les plus sincères sont souvent celles que je ne soupçonne pas. D'où la nécessité d'aller vers l'Autre.
Tout en préparant ma petite ligne de pêche, je finissais d'éteindre le flot de ces mots : ce remarquable fumoir m'y incitait :
Personne dans le coin, pas un chat, je n'ai même pas trouvé le proprio...
J'étais content, plus : heureux car je savais à ce moment que cette ambiance feutrée de solitude était devenue ma vraie maison. Ceux qui aiment en ont la clé.
Il n'y a pas de clé en acier, taillée, avec une serrure : elle est la clé de ce monde de silence qui transpire au sein de ce "décors nordique" pris en photo nulle part et qui ne sera jamais célèbre.
Il est celui d'un lieu dans lequel deux êtres qui parlent en se confiant pourraient aller beaucoup plus loin...
Je ne cherchais plus rien comme objectif à atteindre (car aller au bout du monde ne nous empêche pas de rester un con), la quiétude envahissait mon âme ouverte comme une vague douce recouvre le sable.