LAPPLAND : ...une anatomie de l'errance et du silence...

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Dan-le-dentard

Re: LAPPLAND : ...une anatomie de l'errance et du silence...

Message par Dan-le-dentard »

gogo rando a écrit :l'Ours de Tanarby..... :wink:

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Ce ne serait pas notre Dan esquissant un pas de danse matinal ...? 8)
Dernière modification par Dan-le-dentard le 01 oct. 2014, 16:33, modifié 1 fois.
Dan-le-dentard

Re: LAPPLAND : ...une anatomie de l'errance et du silence...

Message par Dan-le-dentard »

Bardevitch a écrit :
Dan-le-dentard a écrit :C'est bien ce que j'ai compris ; pour revenir (re-venir ? me voilà lacanien...) à soi, il est nécessaire de partir. L'itinéraire est sur la piste mais le voyage se fait en soi-même.
Plus je lis tes "aventures" et plus je pense à Henry David Thoreau qui écrit dans "Walden ou la vie dans les bois" : ...je gagnai les bois parce que je voulais vivre suivant mûre réflexion, n’affronter que les actes essentiels de la vie, et voir si je ne pourrais apprendre ce qu’elle avait à enseigner, non pas, quand je viendrais à mourir, découvrir que je n’avais pas vécu .... Ce qu’il me fallait, c’était vivre abondamment, sucer toute la moelle de la vie, vivre assez résolument, assez en spartiate, pour mettre en déroute tout ce qui n’était pas la vie, couper un large andain et tondre ras, acculer la vie dans un coin, la réduire à sa plus simple expression...
ou encore dans son "Journal" : ... c'est dans les bois que j'aimerai trouver l'homme ...
C'est cette rencontre que tu as faite avec les Saamis, à n'en pas douter
Et cette phrase (copiée p.52) : Le sort est pour les perdants et les perdants sont ceux qui ont saisi le présent pour l'enfermer dans les désirs. nous renvoie, il me semble, à un Pascal Quignard. Notre Dan contient en lui-même une part de chacun de nos écrivains philosophes (mais chut je vais le mettre dans l'embarras).
Malheureusement, je n'ai pas encore lu Pascal Quignard, bien que ses entretiens télé, radio, ou presse m'impressionnent toujours très favorablement. Alors, j'ai cherché un peu en furetant sur le Net et voilà le genre de perle qu'on peut y pécher : Une bêche, un sécateur, une hache pour le petit bois, deux bottes en caoutchouc pour la terre spongieuse, un parapluie jaune pour le ciel, un crayon à papier et le dos des enveloppes -- la vie solitaire ne coûte pas extrêmement cher quand on la rapporte aux sept bonheurs qui l'accompagnent.
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Re: LAPPLAND : ...une anatomie de l'errance et du silence...

Message par Est-Motorcycles »

Vous êtes des érudits - ce que je savais - et si quelquefois on se demande comment je trouve le temps pour réaliser ce que j'entreprends, de mon côté je me demande comment vous pouvez en trouver pour lire !... Car là les gars vous êtes pointus. Je vous remercie de me signaler ces auteurs que je lirai certainement un jour.
L'ours que j'ai "vu" avait plutôt cette tête là :
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Je ne sais pas encore aujourd'hui si je l'ai vu "en vrai" ou si ce sont des mirages du nord...mais...je me souvins toutefois en avoir parlé au patron du camping de Tarnaby qui me confirma qu'au fond du camping, donnant sur la forêt longeant le torrent, un ours brun se montre de temps en temps. Je ne le savais pas avant de le "voir"...
Vu ce qui s'était déroulé durant cette merveilleuse journée, au bénéfice du doute je laisse donc cette possibilité du réel...
Le meilleur reste l'incertitude.

La suite ce soir...
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gecko
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Re: LAPPLAND : ...une anatomie de l'errance et du silence...

Message par gecko »

:oops: .
Dernière modification par gecko le 03 oct. 2014, 14:33, modifié 2 fois.
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Re: LAPPLAND : ...une anatomie de l'errance et du silence...

Message par jojo »

gecko a écrit :J ai eu un court instant,......si il avait été bleu......peur pour toi :mrgreen:
https://www.youtube.com/watch?v=RfvN_Pxm1Ck
Oh!Dan à quoi tu as échappé.
ça frise l'insolence.
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Helga
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Re: LAPPLAND : ...une anatomie de l'errance et du silence...

Message par Helga »

Si dépeindre un voyage et l'illustrer n'est pas chose aisée, transmettre ce que l'on en a recueilli intérieurement est me semble-t-il plus délicat .
On apprécie ou on apprécie moins, mais l'exercice est très difficile. C 'est en tous cas le chemin qu'à choisi Dan pour sa retransmission.
Je trouve qu'il serait intéressant qu'à chaque fois qu'il passe un texte, il n'y ait pas cette manie de faire tomber ce qu'il dit sur le carrelage par des successions de vannes que l'on ne trouve curieusement pas sur d'autres débats. Ainsi le récit suivrait son cours sans être mené là où Dan ne le souhaite pas . Non ?
Bardevitch

Re: LAPPLAND : ...une anatomie de l'errance et du silence...

Message par Bardevitch »

Perso je n'aurais rien contre l'idée que de tels sujets soient publiés en post bloqué. Ce serait en tout cas plus facile pour synthétiser les pages en vue de leur publication éventuelle sous forme de récit de voyage (mais là je parle pour moi).
Dan-le-dentard

Re: LAPPLAND : ...une anatomie de l'errance et du silence...

Message par Dan-le-dentard »

Helga a écrit :Si dépeindre un voyage et l'illustrer n'est pas chose aisée, transmettre ce que l'on en a recueilli intérieurement est me semble-t-il plus délicat .
On apprécie ou on apprécie moins, mais l'exercice est très difficile. C 'est en tous cas le chemin qu'à choisi Dan pour sa retransmission.
Je trouve qu'il serait intéressant qu'à chaque fois qu'il passe un texte, il n'y ait pas cette manie de faire tomber ce qu'il dit sur le carrelage par des successions de vannes que l'on ne trouve curieusement pas sur d'autres débats. Ainsi le récit suivrait son cours sans être mené là où Dan ne le souhaite pas . Non ?
C'est parfaitement exact, il est très difficile de faire partager par écrit à d'autres tout ce que peut représenter pour soi-même une véritable expérience intérieure. Tous ceux qui essayent le savent, sans parler de l'angoisse de la page blanche. Pourtant, nous n'avons jamais autant écrit avec les mails, les forums et autres "twits". L'époque que nous vivons, façonnée par les médias dominants, efface le caractère sacré des mots. Peut-être sommes-nous, malgré nous, entrainés dans cette prédominance de l'instantané, tout fascinés que nous sommes par le voyage de Dan et ses rencontres. Nous aussi, avons envie de lui renvoyer toute la joie qu'il nous apporte. Mais une relation écrite n'est pas une conversation autour d'un verre et d'une poignée de pistaches ; même si les moyens techniques à notre disposition peuvent nous en donner l'illusion. Sans doute devons nous prendre un peu plus de recul avant d'intervenir dans la relation du récit de Dan . A chacun de faire son censeur, dans le respect de l'expérience de Dan, tout simplement. Quant à un post bloqué, voilà une solution radicale mais excellente .
Dernière modification par Dan-le-dentard le 01 oct. 2014, 14:14, modifié 1 fois.
Bardevitch

Re: LAPPLAND : ...une anatomie de l'errance et du silence...

Message par Bardevitch »

Les Ambassadeurs Ural savent, depuis les éclaircissements apportés au cours de leur dernière AG que le site URAL FRANCE est aménagé de manière à recueillir leurs récits de grands voyages. Celui de Tamata est prêt et ne va pas tarder à paraître, par exemple. C'est un début.
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Helga
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Re: LAPPLAND : ...une anatomie de l'errance et du silence...

Message par Helga »

Gentil message d'encouragement de Chris45 que nous remercions vivement et qui incitera certainement Dan à poursuivre ...
MIKO
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Re: LAPPLAND : ...une anatomie de l'errance et du silence...

Message par MIKO »

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Mais bien sur que si , tout le monde attend la suite !!! Même si , des fois , il y a un commentaire ou une connerie qui passe entre 2 magnifiques reportages de Dan , ce n'est pas un manque de respect ni un ras le bol , c'est la preuve qu'on suit et qu'on apprécie !!! ( c'est le principe d'un forum également :wink: )Et effectivement = à chacun de se modérer !!! De vérrouiller ce sujet ne serrais plus du partage , et ce serais dommage !!!

ALLEZ DAN !!! LA SUITE !!! ( c'est avec ce sujet qu' on voyage si loin ...) :wink:
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казак
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Re: LAPPLAND : ...une anatomie de l'errance et du silence...

Message par казак »

Bonjour à tous !

@Dan: merci pour le partage, encore et toujours. Tu as une âme de poète ! Être dans le moment présent, en vrai, comme tu as pu l'être là bas, est une expérience forte. Quand la pensée se tait et que l'on est juste un observateur de son esprit ET de ce qui est autour, ça fait cet effet là. Une sorte de "je suis là mais en puissance 10". Du coup quand on revient au quotidien, boum, on tombe le cul par terre, et parfois, on se demande ce que l'on fout là. Rien n'a de sens mais ce que l'on a ressenti là bas. Être vivant, en vrai, avec le vrai soi, et pas l'image de soi que l'on a mentalement. J'arrête là, on dirait Eckhart Tolle !

Tes partages font du bien au gens. Tu es libre.

Amicalement.
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Re: LAPPLAND : ...une anatomie de l'errance et du silence...

Message par Est-Motorcycles »

Merci à vous tous qui témoignez votre gentillesse et aussi de l'intérêt pour ce récit un peu spécial...C'est quelquefois bien d'avoir ce genre de point de repère lorsqu'on a la "tête dans le guidon" et que l'on ne sait plus trop où on en est.
Car vous l'avez compris, lors de mes voyages, je ne suis plus du tout à la recherche du beau touristique.
J'avais laissé les guides à la maison...
Les guides nous mènent tous aux même endroits, ils font partie d'études statistiques et commerciales en nous donnant cependant des indications quelquefois intéressantes, mais elles m'ennuient.... Je ne voyage plus pour amasser des sensations de plaisance : lorsque je rentre et qu'on me demande "qu'est-ce que tu as vu", j'aimerais en secret qu'on me demande ce que j'ai vécu...d'où le désir ardent d'être fondu dans la vie quotidienne des gens locaux, vous savez, celle de leur plus grand dénominateur commun.
Car la beauté intrinsèque d'un pays est pour moi celle de tous les jours, celle qui est fondue dans leur vie quotidienne. Elle n'est pas léchée, elle est souvent abrupte...
Auparavant, dans mes voyages j'étais dans une fureur du découvrir : j'avais soif de nouveau. Depuis je commence à comprendre que la beauté est une manière de résister au monde, de tenir devant lui et d'opposer à sa fureur une patience active.

Les Gogo partaient vers les mondes que vous découvrez dans leur belle discussion...et nous étions heureux d'avoir cheminé ensemble en vrai.
Nous avions vécu une tranche de beauté, de celle qui nous recadre et qui efface le fait qu'on a quelquefois tendance à penser que la vie n'est pas belle, mais c'est parce qu'on a tendance à confondre belle et simple.
Cette simplicité avait été partagées quelques heures à quatre : Gogo, Caro mon cœur et moi.
L'amour (ou l'amitié) est insaisissable. C'est un vide intérieur qui se comble. La beauté retrouvée grâce au regard d'un autre. C'est vivre au présent pour l'avenir en brûlant le passé. C'est la seule façon de se sentir vivant.
Cette petite Eriba devenant un point dans l'espace n'était donc pas un fil qui allait se couper...
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...tandis que je repartais en compagnie de mon cœur, les routes en travaux réveillaient les fatigues en calmant les ardeurs de la soif à la route :
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J'avais décidé de rechercher ce plus grand dénominateur commun de ce peuple suédois qui m'avait déjà séduit.
Qui étaient-ils, comment vivaient-ils en vrai, sans leur musées, sans leur religion, sans leurs monuments...?
Je décidai donc de rejoindre le sud de la Suède via le plein cœur du pays, par de petites routes "insignifiantes", par des épiceries banales, des bars comme partout là-bas, là où vivaient "les gens".
Premier carrefour un peu campagnard et hop, à gauche je plante la Laponette ! Trop creuvé je me contentais de manger et de me coller dans les plumes de la couette.
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Une bonne ronflette et le lendemain, piscine !
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Il avait un peu plu certes mais pas tant que ça !
Bon, je me dégourdis les jambes, pète un petit coup et, voyant ce monticule devant moi, je le monte :
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Se trouvait là un immense lac deux mètres au dessus du niveau de mon sol détrempé : fichtre, la petite butte était une digue ! Y'avait eu des fuites...
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Bon, vous pensez bien que j'avais pris la ferme résolution de ne pas recoucher là ce soir... :mrgreen:
Le temps d'y penser, de petit déjeuner, je voyais des hommes, des femmes, des gosses aller et venir vers des sortes de bâtiments en bois situés à quelques dizaines de mètres. Ils y entraient, sortaient le sourire aux lèvres, les bras tantôt plein de vaisselle, tantôt avec trousses de toilette serviettes au bras.
C'est que je me trouvais au fond d'un camping et j'avais trouvé cette entrée naturelle par son arrière !
Voilà la vie qui me dit que le courant normal est fini.
Tout de même curieux, je me rendais comme tous dans ces demeures miniatures en bois et là, je découvris le commun des camping suédois : là où leur vie de week-end se respire. Pas un étranger - sauf moi - tous en famille, tranquilles...les gosses jouent, les femmes sourient et les hommes discutent...
Et comme toujours ce "welcome" sincère même dans les matériels banaux.
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Une fois les bagages pliés sur le side et la Laponette en ordre - ce fut un réel plaisir que celui de recevoir ces familles me posant des questions. Ils étaient amusés, riaient comme entre eux : j'étais content parce qu'ils ne marquaient pas de distance entre eux et moi.
C'était la bonne direction de voyage, ce "banal" qui devient étonnant.
En reprenant la route je m'arrêtais au vinmonopolet chercher un cubi de pinard que je plaçais, délivré de son carcan de carton, au dessus de la caisse à outils...
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La beauté vient de l'amour. L'amour vient de l'attention. L'attention simple au simple, l'attention humble aux humbles, l'attention vive à toutes vies.
Je n'avais jamais ressenti un tel degré d'intensité de liberté : je me délivrais du "vouloir prendre".
La route était plus merveilleuse que merveilleuse, je chantais à tue tête !
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... on était bien, mon coeur et moi, dans le pays des ours...et "mon cœur", c'est le personnage global qui a élu domicile en moi dans une vaste maison bâtie de pièces hétéroclites dans lesquelles séjournent quelquefois mes amis, mes aimés, ma famille, quelques fleurs et cailloux...Personne n'y fait le ménage, personne ne la commande : elle fonctionne en autogestion totale. C'est une maison bleue...
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казак
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Re: LAPPLAND : ...une anatomie de l'errance et du silence...

Message par казак »

:wink:
On peut voyager non pour se fuir, chose impossible, mais pour se trouver.
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Re: LAPPLAND : ...une anatomie de l'errance et du silence...

Message par Est-Motorcycles »

La simplicité qui pour moi est une qualité - voire une vertu - qui est souvent assimilée de nos jours à de la naïveté, voire à de l’ignorance car l’on glisse vite de la notion forte et belle du mot simple à celle insultante du mot simplet... Or la simplicité se cache discrètement derrière le plus grand dénominateur commun que je recherche dorénavant lorsque je roule.
Les trucs alambiqués, j'en suis revenu.
J’en ai tellement rencontré, dans les milieux dits « évolués », de gens compliqués et finalement cachant derrière leur complication un intérêt immodéré pour leur petite personne...que j'avais vite compris que cela ne menait à rien. Mais, habitué à ce type de "recherche" je ne savais plus trop où me diriger pour sortir de cette tour de Babel infernale.
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Les voyages successifs m'apprenaient peu à peu la bonne direction, mais c'était un peu comme conduire dans le brouillard, brouillard qui restait épais tant je que voulais quelque chose, mais qui se fit peu à peu plus doux dès l'instant où je compris que de ne plus rien chercher de spécial, d'errer sur la route, est la porte de sortie.
Le signe le plus sûr de la présence de ce carburant nauséabond qui alimente le moteur du "vouloir chercher", c'est l'ennui.
Lorsqu'on s'ennuie, c'est que l'on veut quelque chose que l'on n'a pas : on n'est pas libre. On attend quelque chose qui occupe complètement le cerveau, fermant les portes à toute manifestation nouvelle ou la colorant d'un voile opaque.
Au début de ma relation avec les paysages des voyages, avec les gens et les choses, j’étais moi même tellement empêtré dans mes concepts que j’étais souvent désarçonné, voire même parfois irrité quand d’une image de lac ou d'un regard mes constructions se rompaient comme un vieux plâtre, fussent-elles les plus habiles.
Ainsi, le beau de cette image pour moi devint vite le fait que je ne l'avais jamais vue :
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Pffff... une vulgaire station service dans laquelle on entre comme un crétin le porte monnaie à la main, les yeux à terre et les oeillères bien calées ! J'entre alors dans ce cas nanti d'un état littéralement hypnotique car je n'ai même pas conscience que je marche, je suis déjà ailleurs. Mes pieds sont là mais ma tête est déjà loin !
Or lorsqu'on la découvre comme une image nouvelle, tout est excitant, le cerveau n'a plus de point central vers lequel sont focalisées nombre de nos pensées.
Je me rends compte alors à mon tour en voyant à quel point ma "complexité" remplaçait ma « vraie nature » au point de faire office d’identité et de faire valoir. Il me semblait que j'avais besoin d’être compliqué, de souffrir pour être !

Devant la force de l’amour de ces instants présents, les complications n’ont pas leur place et grâce à eux j’ai appris au cours des années à relâcher ces tensions inutiles qui sont en fait, je m’en suis aperçu, un réflexe de peur entretenu devant ce qu’il y a à abandonner : c’est à dire le poids des certitudes.
La page était blanche en poussant la porte de cette station banale et les regards vierges de directions automatiques.
Et c'est là, dans ce petit creux de liberté que j'ai peu à peu conquis par moi-même, sans que personne ne le sache, que je croisais cette formidable surprise qui me colla au plafond : le simple regard de cette suédoise au travail, mère de famille...
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"Welcome"...

Je n'étais plus là semblable à un « perroquet » qui reprend la parole que j'avais entendue en croyant qu’elle va faire de moi un être de valeur. Je ne récitais plus des concepts issus de mes habitudes ou de la psychologie...
Je n'argumentais plus ma vie, pour toujours avoir le dessus et me cramponner à mes acquis inutiles et bien relatifs.
Un bref échange se vécu :
- you are like a time traveler, where do you come from ?
- the Saami people.
Je savais qu'il n'y avait plus de détour, de blabla, de formule à la con derrière laquelle les couilles se cachent en apparaissant en fond d'écran dans mes yeux, comme souvent chez la plupart des mâles, même vieux loups...
Et la simplicité suédoise répondit avec l'attitude d'une enfant dans ce corps de femme.
Ne pas se tromper, ne pas changer de voie, ne pas retourner dans la tour de Babel...penser à l'ours, à la Mère saami, au vent...
- oh, I see ... so you must be very confused
-... signe de tête affirmatif.
Elle me tendit un café sans me le demander et lorsque je sortis le porte monnaie, elle hocha la tête :
- No sir, this coffee was worth the picture I have seen. Thank you to you.
Puis elle retourna à son ouvrage, torchon à la main, vers des verres à essuyer dans un évier.

Je repris la route, pire encore de travaux...mais cette fois ils étaient beaux, ces travaux, légers.
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Allain Bougrain Dubourg, Président de la LPO à laquelle je suis membre, dit dernièrement lors de la commémoration des Journées du Patrimoine Français, qu'il existait de nombreux animaux vivants dans les monuments et les richesses françaises. Il termina son propos par :
- le vol d'un faucon pèlerin sortant d'une tour de château vaut le sourire de la Joconde...
Les mots n'eurent pas fini d'être dits que l'image de cette femme suédoise revint instantanément.
Comme le disent si bien ces instants de vérité, arrive un moment où il est meilleur de remplacer les certitudes impossibles par la confiance et  arrêter le traînage de pied et les indécisions.

...
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