Pour Bardé...
Il faudra bien t'y faire à cette solitude,
Pauvre cœur insensé, tout prêt à se rouvrir,
Qui sait si mal aimer et sait si bien souffrir.
Il faudra bien t'y faire ; et sois sûr que l'étude,
La veille et le travail ne pourront te guérir.
Tu vas, pendant longtemps, faire un métier bien rude,
Toi, pauvre enfant gâmeté, qui n'as pas l'habitude
D'attendre vainement et sans rien voir venir.
Et pourtant, ô mon cœur, quand tu l'auras perdue,
Si tu vas quelque part attendre sa venue,
Sur la plage déserte en vain tu l'attendras.
Car c'est toi qu'elle fuit de contrée en contrée,
Cherchant sur cette terre une tombe ignorée,
Dans quelque triste lieu qu'on ne te dira pas.
Alfred de Musset
(1810-1857)
Ce poème est pour moi une ode, comme une porte entourée d'épines qui s'entrouvre sur un fond sombre, croit-on à première vue...
Il est le seuil qui mène à l'intériorité.
Elle commence par un silence qui est un cadenas demandant pourtant à être déverrouillé, derrière lequel débouche un océan de lumière.
Car dans le non dit se trouve les possibles et le cinglant déterminisme est une prison dans laquelle se cache un diable infect : celui qui nous donne l'illusion d'être aimé alors qu'in fine nous finissons tous dans la merde au fond d'un lit maudit.
Seuls, avec des infirmières chez lesquelles on provoque la nausée.
Cela se passe au fond d'un cul de basse fosse, entre des murs blancs qui sont noirs, sur une scène théâtrale dans laquelle nous jouons tous notre pièce, seuls, menés à la baguette par Belzebuth qui nous fait l'honneur de nous consacrer quelques secondes, la poubelle attendant avec sa gueule béante nos miasmes essuyés à la hâte. Pendant ce temps, dans notre dos, chuchotent les coups de fils que nous n'entendons pas pour nous réserver notre place dans la chambre froide.
Aux mêmes moments, la scierie du commerçant funèbre fonctionne déjà, il se frotte les mains, son tour viendra alors que nous vivons nos derniers souffles dans une illusion complète de fausse dignité.
Aucun public, pas d'applaudissements...
Je les ai vus, tous ces pauvres types comme nous dans les urgences des hôpitaux, à trembler seuls à 3 h du matin, avec une sonde dans la bite alors que l'infirmière énervée passe avec son décolleté ouvert, les seins rougissants pleins de stupre d'avoir été pelotés voici dix minutes.
Mais... tant que nous marchons à peu près, le sage rencontré sur un rocher d'un monastère improbable dit qu'il est conseillé de s'y habituer, de tenter d'approcher cette réalité au lieu de la fuir car, comme la solitude finale est un destin incontournable, elle doit bien contenir, disait-il avec un œil plein de malice, des secrets suaves et finalement, enchanteurs.
Elle est, derrière les mots de ce génie écorché qui suivent, la même lumière à deviner...
http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=& ... 2uZGICFsqw
La récré est de jouer avec un loups, un ours, une souris (...), un moteur, comme un enfant : il est donc conseiller d'aller à leur rencontre l'esprit serein...
...(les posts "à Bardé" qui pourront s'instiller ça et là dans quelques-unes de mes réponses sont un trait secret que nous échangeons quelquefois dans nos regards perdus, lorsque la lumière veut bien les éclairer...)