LAPPLAND : ...une anatomie de l'errance et du silence...

[gecko]

Whaou la puissance......

[Dan-le-dentard]

C'est un peu comme les concentrations Ural : trop de monde, tous parlent, boivent et c'est tout. Je préfère les rencontres plus petites, loin, sauvages. En fait si les copains veulent que l'on se rencontre, ce sera sur la route.
...

Voilà des mots pleins de sens qui me parlent avec puissance ...

[Cathy]

Puissance et sérénité !!!

[gogo rando]

c'est chouette Kamarad !! le glacier je reconnais nous y sommes passés lorsque nous avons fait la Norvège.... tu as vu des belles choses toi aussi hein ! ça fait du bien de voir par les yeux d'un autre les paysages traversés précédement ...

[Est-Motorcycles]

c'est chouette Kamarad !! le glacier je reconnais nous y sommes passés lorsque nous avons fait la Norvège.... tu as vu des belles choses toi aussi hein ! ça fait du bien de voir par les yeux d'un autre les paysages traversés précédement ...

Voui, nous vivons tous des choses différentes sur les routes qui sont apparemment les mêmes, et c'est formidable parce que cela ouvre l'éventail de nos perceptions.
Tu te rappelles de celui-là ?

[Zorgol94]

Il y a du Dersu Uzula dans ce récit, l'oeuvre de Kurosawa, alterne des tableaux présentant une nature luxuriante, grandiose, et une nature chaotique, sauvage, hostile.

Arseniev le personnage russe de cette histoire décrit la taïga en ces termes :
« Monts et forêts sont parfois gais, attirants, parfois au contraire, ils paraissent mornes, sauvages. »
La mise en image de la nature donne l’impression d’une immensité, mais également d’une opacité de la nature, d’une nature insaisissable et divine à la fois.

Nombreux sont ceux qui ont été profondément marqués par cette œuvre humaniste ayant pour cadre la taïga sibérienne, et parmi ceux là, beaucoup entretiennent depuis, le doux rêve de partir un jour sur les traces du Capitaine Arseniev et de Dersu.

Alors je dirai que toi Dan , nous donne à ton tour, l'envie d'enfiler tes traces...

J'étais justement en train de me dire ma même chose et je cherchais même des extraits sur le Tube pour illustrer.
C'est vrai que quand je lis Dan au prise avec les éléments je revois Derzou dans la Taïga avec la tempête qui survient...
http://www.libertyland.tv/films/streami ... uzala.html

[Est-Motorcycles]

[lesrousses]

Dan,on dirait que tu as fondu sur cette photo, t'as l'air très à l'aise dans tes brailles.

[Est-Motorcycles]

Oui Lesrousses, tu as bien vu : perdu 10 kg - il m'en reste tout de même 110...Pas de régime spécial, simplement bien me dépenser (la route, les kilomètres et les efforts physiques), un peu de froid nocturne, de la nourriture locale faite de pains complets et de protéines "propres", beaucoup d'eau pure des torrents et autres lieux somptueux, pas de nuit ou presque, des tonnes d'impressions positives...Ce fut suffisant et sans douleur, bien au contraire : le climat lapon me sied à merveille !

Ces îles Lofoten, où vivent quelques 23.000 personnes, sont toutes reliées entre elles par une route et portent des noms qui semblent un peu barbares : Austvagoy, Flakstadoy, Moskenesoy etc. Baies étroites, parois vertigineuses, fjords sinueux abritent ça et là des hameaux et des petits ports faits de cabanes de pêcheurs (ou rorbuer) en bois rouge montées sur pilotis et adossées à des séchoirs à morue, devant lesquelles se dandinent quelques barques et des chalutiers serrés les uns contre les autres, des pubs, des restaurants et quelques habitations de bois colorées en jaune paille, bleu ou rouge.
Cette partie du monde, dédiée aux amoureux des grands espaces, se déroule entièrement au nord du cercle polaire : nous foulons là les terres les plus septentrionales de la Scandinavie !
Après les neiges "éternelles" de ces langues de glace, je pénètre dans ce terrible tunnel de plus de 6500m qui me portera secrètement dans la partie la plus sauvage des îles...

Malheureusement penserait-on, mais l'histoire et la Nature sont ainsi dans leurs rudesses et leurs beautés pures, au sortir de ce terrible tunnel mal éclairé, étroit et pentu, je suis accueilli par des trombes d'eau. Mais des trombes comme je n'en ai vu qu'en Ecosse très rarement, les plus fortes...celle dont la pluie tape si fort sur le casque qu'elle fait mal à la tête !
Photos impossibles.
Lorsque je m'arrêtais dans ces paysages confondus avec la brume, la pluie et le vent, l'eau coulait de mes affaires de pluie comme si j'étais arrosé au jet. C'est là que je pu vérifier la puissante étanchéité du matériel Bering : chapeau, ainsi que l'utilité indiscutable des protections - carénage, plaque de caoutchouc, pares-jambes...
Je décidai de reprendre le bateau pour la Norvège à Stamsund pour rejoindre demain, peut-être, Bodo et Tarnaby, cette Suède qui me manquait déjà.

Là, c'est quatre heures d'attente...j'y ai retrouvé mon chinois...Le pauvre préposé aux tickets était si aimable qu'il en était touchant.

Le bateau accosta enfin et l'attelage repris la mer durant 2h30, assez tranquillement mais toujours poursuivit par des trombes d'eau.
Je n'en croyais pas mes yeux : ce bateau assez sommaire, avec un matériel vétuste, entra dans ses soutes outre ses 50 voitures, mais en plus quatre trente tonnes ! Il penchait un peu, c'était amusant. Mais l'intérieur nous accueillait par une petite cantine bondée de petits plats chauds. J'avais l'impression d'être comme sur le Radeau de la Méduse mais en mieux.
J'étais assommé, pris une grosse soupe de renne et, la bouche ouverte genre "aqueueueueueu" Johnny, je passais sur l'eau le Cercle Polaire que je n'ai pas vu faute de visibilité.

Mais une fois arrivé à Bodo, lorsqu'on regarde la carte, la route qui rejoint Mo i Rana paraît courte...En réalité elle dépasse les 300 kms !
Je ne sais plus où j'ai dormi car la pluie tombait toujours. Je sais simplement que je me terrais comme un lapin au fond d'un trou - la Laponette - et que j'ai dormi de suite après avoir posé mes affaires trempée dans le side : pas possible de monter l'auvent sous tant de pluie - et pas envie...Heureusement la Laponette est étanche !
C'était aussi la première fois que je dus couvrir plus de 300 kilomètres sans trouver une goutte d'essence ! Je me rappelais de ce panneau mythique situé en Islande - battu !- , indiquant que le prochain poste se situait à plus de 240 kms, souvenez-vous :

viewtopic.php?f=2&t=2770&hilit=islande

C'est vraiment là que tu apprécies tes jerricans, car dans ces conditions ils ne sont pas là pour "rassurer" mais pour servir en vrai !
Enfin le temps se calmait et je pus retrouver une route "normale"...Je dus me reposer un peu avant Mo i Rana en trouvant une sorte de terrain de camping assez sommaire, mais c'était pas le moment de faire la capricieuse...

Une soirée étrangement douce m'attendait, pleine de rayons magiques, de lueurs de fées et de calme après la tempête : c'est le paradoxe des côtes norvégiennes.

Mystère : peu de personnes mais aucun bruit, aucun. Un silence nocturne qui réveille par sa puissance.
Le silence peut faire beaucoup de bruit.
J'étais quelque part à nouveau au paradis...en tant que chercheur du silence je me trouvais là dans un de ses nids.
Car plus que tout pour moi, le silence ouvre pleinement à l'inattendu.
On parle beaucoup de la pénurie de l'eau potable pour le monde d'aujourd'hui et surtout pour les générations futures. On s'en inquiète. Une année a même été consacrée pour sensibiliser les humains à ce problème.
La pénurie du silence nous menace également. Cette éventualité ne semble pas inquiéter pour autant les humains... Pourtant, le silence tout comme l'eau potable est une source essentielle à la vie.
Hier, l'homme avait peur du bruit. Aujourd'hui, il semble avoir peur du silence. Pourtant, nos ancêtres n'aimaient pas le bruit. Le tonnerre les effrayait, les cris insolites les faisaient fuir, les bruits stridents leur irritaient les oreilles!
Aujourd'hui, le bruit semble devenu un compagnon recherché et inséparable. Bien plus, les humains ont peine à se taire. Ils parlent même sans rien dire. Nos paroles inutiles, nos bavardages, nos commérages sont devenus les parasites, les prédateurs de nos moments de silence.
Un ami pour moi est celui qui partage un paysage dans le silence.
La radio, la télévision, les baladeurs, les haut-parleurs, les cellulaires et les robots de tout acabit sont devenus l'artillerie lourde qui écarte toutes les zones de silence de nos vies, de nos foyers, de nos rencontres.

Le désert entre en toi
Comme une nouvelle ivresse,
Une amitié avec ce que
Tu ne connais pas...
Devant toi,
Pas de traces de pas,
Mais tu aimes le risque
Et tu honores la vie en ses multiples périls...
Le désert entre en toi
Pour t'élargir et t'amener
à cette seule certitude:
N'avoir pour toit,
Par-delà l'encre océane de la nuit
Et ses chapelets d'astres,
Que ce chant advenu
Des confins de ton coeur
Et signé de l'amour lui-même...

Se trouvaient là ceux que je considère comme étant des sortes de "frères" sur cette route parallèle à la route bitumée que la terre porte. Par exemple ce couple de cyclistes traversant la Scandinavie, nantis un matériel réduit au minimum remarquable et très étonnant :

Nous ne sous sommes pas parlé, nous nous sommes regardés, eux l'attelage et moi le leur.
La nuit, vers une heure du matin - heure de la photo sur laquelle se situe le pont, je me levais pour marcher un peu. Nous nous sommes croisés.
Pas un mot, pas une syllabe, juste un profond signe de tête et un regard croisé plein de lumière.

...

[Marip]

Oh oui, le silence, quel trésor ! Sans lui, aucune chance - aucun risque - de se trouver face à soi même.
C'est merveilleux ces images d'animaux paisibles dans leur monde sans menace : le renard peinard, c'est incroyable vu d'ici, et ces rennes très détendus qui semblent juste se pousser un peu pour vous laisser passer !

[lesrousses]

Bien plus, les humains ont peine à se taire. Ils parlent même sans rien dire.

https://www.youtube.com/watch?v=IbkX2AktCjE

[gogo rando]

ouai, cette lumière si particulière le soir alors que plus au sud il fait déjà nuit noire (ou presque), le temps semble accroché et la luminosité aussi, un calme étonnant, comme tu dis chosequi disparait de plus en plus... comme l'obscurité d'ailleurs avec toute cette polution lumineuse, l'année dernière j'ai eu l'occasion de circuler dans un tunnel de lave ,refroidi hein (bien qu'encore tiède) et nous avons éteint les lampes frontales... et bien là je te jure tu as vraiment de l'obscurité, c'est même impressionnant, tu met ta main à 5 cm devant les yeux tu ne la devine même pas

[Est-Motorcycles]

ouai, cette lumière si particulière le soir alors que plus au sud il fait déjà nuit noire (ou presque), le temps semble accroché et la luminosité aussi, un calme étonnant, comme tu dis chosequi disparait de plus en plus... comme l'obscurité d'ailleurs avec toute cette polution lumineuse, l'année dernière j'ai eu l'occasion de circuler dans un tunnel de lave ,refroidi hein (bien qu'encore tiède) et nous avons éteint les lampes frontales... et bien là je te jure tu as vraiment de l'obscurité, c'est même impressionnant, tu met ta main à 5 cm devant les yeux tu ne la devine même pas

...et si tu continues avec Puckette et bien entendu Caro, à voyager libre comme le pinçon, tu pourras je n'en doute pas traverser ce tunnel de lave...mais en fusion...

[Est-Motorcycles]

Bien plus, les humains ont peine à se taire. Ils parlent même sans rien dire.

https://www.youtube.com/watch?v=IbkX2AktCjE

Là tu sors les gros calibres : imparable. Devos est un pilier, une montagne légère comme des feuilles sous une brise d'automne.

[Zorgol94]

A propos du silence, c'est ce qui m'a le plus manqué en Gwadloup car le silence n'existe pas sur cette île.
Dans la journée, la musique est partout, il n'est pas rare que dans une maison chaque pièce diffuse son propre bruit (la radio dans la cuisine, la télé dans le salon, la chaine Hifi dans la chambre, et le téléphone un peu partout.
Quand arrive le soir et que les humains se calme un peu, les animaux de la nuit prennent le relais et vous vrillent le tympan :
http://zorgol.fr/IMG/mp3/bruits_de_la_n ... adloup.mp3