
Je ne suis pas certain que cette copie d'écran MAPSME vous aide. Il faut la regarder en imaginant être au nord et regarder vers le sud. A gauche donc c'est l'est. Simple non!

Après la photo de famille dans la cour de la ferme, nous quittons nos hôtes tadjik si accueillants.
Aujourd'hui direction Kalahichum ou Qual'ai Kumb ou sur certaines cartes:Darvoz du nom du district.
180km à parcourir.
Départ 8h45. Arrivée 17h30
Rapidement la route monte vers 2000m. Le moteur tourne plus ou moins bien mais comme l'altimètre de mon smartphone indique 1600m je ne met pas en cause l'altitude. Il se passera plusieurs jours avant que je ne m'aperçoive que la fonction altimètre est indexée sur "capteur de pression seul" et non pas sur GPS. Je voudrais bien voir la tête du capteur de pression. Disons qu'il n'est pas calé convenablement...
Première montée. Premier arrêt pour laisser reposer la bête

Des éboulements heureusement déblayés. Il y a eu de fortes pluies quelques jours auparavant.

Il y a aussi de très courts mais beaux morceaux de route

puis descente vers la vallée du Panj qui matérialise la frontière avec l'Afghanistan.

Village afghan sur l'autre rive


Et les premiers camions enfumeurs



Les 4x4 qui font taxi et roulent à fond soulevant d'énormes nuages de poussière. Même pas une esquisse de ralentissement quand ils sont à notre hauteur.

Le Panj nous allons le suivre plusieurs jours. Après sa source, il parcoure 1125 km pour rejoindre l'Amou Daria, ce grand fleuve qui termine (ait) sa course dans la mer d'Aral.
Le Pamir est un peu le réservoir d'eau de l'Asie centrale.


Pour l'instant la route est plus ou moins roulante, parfois pas roulante du tout mais pas de problème particulier.
Les moyennes horaires tombent!
Nous n'avons pas encore retrouvé la mythique route M41 mais je pense que, une fois rejoint le Panj on aborde la Pamir High Way.
Ne croyez pas comme moi, la 1ère fois que l'on m'en a parlé, qu'il s'agit d'une autoroute !
C'est la 2ème plus haute route du monde. Elle est située sur le passage de la M41 qui relie Och (Kirghistan) à Mazar e Sharif (Afghanistan).
Côtoyer l'Afghanistan n'est pas anodin pour un occidental. En tout cas moi cela me touche.
Parallèlement à notre route, il y a une piste sur l'autre rive (Afghane) à moins d'un jet de pierre parfois.

Près de Kalaikum nous rejoignons la M41 (qui est coupée en direction de Dushanbe).

5 km avant d'arriver à Kalahichum, une Mercedes défraichie est arrêtée au bord de la route. A côté un type tres mince nous arrête. Il est très démonstratif d'enthousiasme, comme si il nous connaissait. C'est Jurev Roma qui racole les touristes pour garnir son hôtel. L'hôtel Roma cela tombe bien c'est celui que l'on nous avait indiqué. Pour être certain que nous allions chez lui il nous guide jusqu'à l'hôtel. Puis repart aussitôt cueillir le touriste. C'est efficace car à chacun de ses passages l'hôtel se rempli.
Roma me rappelle les dealers du quartier où je travaillais. Mince, presque émacié, parlant avec beaucoup d'enthousiasme. Je pense qu'il y a plus qu'une ressemblance. Le soir, 4 jeunes arrivent pour parler avec Roma.
C'est incroyable comme une activité "professionnelle" marque la physionomie et la gestuelle des gens. Qu'ils soient trafiquants à Grenoble ou au Tadjikistan. L'Afghanistan est toujours un grand producteur d'opium. Une grande partie de l'économie du Tadjikistan repose sur le trafic de drogue. Le lendemain matin deux militaires gradés viennent déjeuner dans le restaurant de l'hôtel. Cette fois plus de doute, la boucle est bouclée. Pas de trafic possible sans la couverture de l'armée. Laquelle armée patrouille tout au long de la frontière!
De la terrasse de l'hôtel on surplombe le Khumb, affluent du Panj. Mais pas question de traverser à la nage les quelques 15 mètres de large. Le courant est ici impressionnant de force et de bruit.


Avec Roma et un motard devant le garage de l'hôtel.
30 juin, après avoir fait le plein, départ 8h40 pour Rushan distant de 110km.
Nous ne sommes pas gourmands sur l'objectif. Malgré cela nous ne l'atteindrons pas!
Nous nous arrêterons pour dormir à 20h30 après avoir fait 77km en 9h de roulage!
Une seule grande pause en milieu de journée pour déjeuner dans un resto routier.
2 heures d'arrêt pour purge carbu, nettoyage filtre à air et repas.
Le resto routier c'est un petit bâtiment en dur de 5m x 7m dans lequel se trouve la cuisine et je pense le logement de la famille. La "salle de restaurant" ce sont deux plateformes de bois, carrées de 3x3m surmontées d'un abri pour la pluie et équipé de coussins pour s'assoir.
Là, pour moi qui suit souple comme un rayon d'Ural, manger à la Tadjik c'est très inconfortable. C'est en tailleur ou couché sur le côté. C'est en fait la position pour manger dans toute l'Asie centrale. Je vous rassure, assez souvent on trouve des chaises.
Pour la vaisselle du resto c'est l'école de sa future fonction familiale.


Une sorte de dînette version asiatique.
La route est en mauvais état mais la difficulté ce sont les camions, très gros et très nombreux et la poussière qu'ils soulèvent.
La transition est brutale entre la petite route presque bucolique de la veille et l'enfer de cette journée où l'on retrouve la M41 et son important trafic de camions entre la Chine et cette partie de l'Asie centrale.





On aperçoit parfois les hauts sommets du Pamir.

Et l'on croise plus fou que soit


A vouloir avancer toujours un peu plus, la nuit tombe sans possibilité de planter la tente un peu à l'écart de la route.

Finalement il fait nuit et nous sommes toujours entre trous et bosses.

Nous arrivons finalement dans un petit village. Nous nous arrêtons près de jeunes enfants. Façon Mime Marceau nous leur expliquons la situation et notre besoin de trouver un endroit pour notre tente. Sans hésitation le plus grand ( 1 dizaine d'années ) nous conduit dans un pré. En bord de route mais un peu protégé par un arbre. Et puis nous n'allons pas faire les difficiles. La journée commence par peser sur nos paupières !