J-21
Lever à 7h30, la matinée s'annonce radieuse. J'en profite pour me laver dans le lac, à grand renfort de bassine à vaisselle! l'eau est délicieusement fraîche, les moustiques pas encore levés, un régal! Mes a-priori sur la E6 tombent rapidement. par principe, j'ai horreur des grandes routes mais celle ci honnêtement est superbe et cela repose Alain d'avoir enfin une surface roulante convenable car sur routes défoncées, il lui faut tenir l'attelage d'une poigne de fer et cela doit être très fatigant...
La E6 longe des fjords miroitant sous le soleil(c'est mieux), grimpe au milieu de montagnes enneigées, s'étend à perte de vue sur de hauts plateaux au milieu desquels nous repasserons le cercle polaire.
A chaque kilomètre parcouru qui nous éloigne du Nord , la température monte. Nous retrouvons le plaisir de rouler par des températures tempérées et enchaînons jusqu'à Mosjen et au delà dans un paysage bucolique et charmant accompagnés par fjords et rivières qui descendent avec nous.
Arrêt pour la nuit dans un petit camping à Grane avec une belle pelouse, des sanitaires impeccables, musique douce et sèche cheveux à disposition et mignonnes Hytters à peine plus grandes que notre Puck.Je termine l'après midi installée au soleil par 20° (le bonheur, je revis!) à rattraper le retard pris dans mon compte rendu de voyage.
Un de nos voisins vient discuter. Il est Suédois et a le mal du pays en ce dimanche soir. Demain, le boulot reprend et pas des plus faciles puisque il nettoie les lignes électriques posées en montagne. 3 heures de montée le long des lignes et autant à descendre pour couper, élaguer les arbres et vérifier l'ancrage des poteaux. Il est là avec 3 autres gars depuis 6 semaines dont 5 de pluie et de froid, tous se logeant à leurs frais dans le camping et se nourrissant de céréales et de lait.De bière aussi mais ça il ne me le dit pas, je le vois... Aujourd'hui dimanche, ils ont fait un saut en Suède pour remplir leurs frigos. Eux aussi trouvent la vie horriblement chère en Norvège mais il leur est plus facile apparemment de trouver du travail ici que chez eux, alors le choix est vite fait. Ils s'installent précairement pour 3 mois et ne rentrent chez eux que 4 fois par an. Ils viennent faire les travaux durs que beaucoup de Norvégiens ne veulent plus faire. Toutes les histoires d'émigrés se ressemblent même lorsqu'ils sont blonds aux yeux bleus. La même solitude , la même misère sexuelle, le même manque de confort et de contacts humains. Il me parle de sa femme qui travaille sur un ferry , qu'il ne voit que 4 fois par an "c'est la fête quand on se retrouve" avec un grand clin d'oeil et je ris avec lui, de ses enfants , de sa vie pas facile mais que faire d'autre? et j'écoute parce c'est quelque chose que je sais bien faire et qu'il a besoin de parler à quelqu'un et que je sens que cela lui fait du bien. Pour finir, il m'encourage à aller en Suède "un beau pays où les gens sont gentils..." pourquoi pas, lors d'un autre voyage... Il est 22h 30 et il fait nuit. Nous avons bel et bien quitté le royaume glacial du soleil de minuit.