RENCONTRE IMBITABLE DE FOUS AU BOUT DE L'EUROPE
Happening géant inattendu et impromptu : la parfaite loi du hasard !
Tu n'y crois pas quoi. Il y a de tout : des jeunes, des vieux, des dingues, des plus dingues car ils se croient sérieux, des motos, des 4x4 bricolés, des bitos chargés avec 250 kg de matos...bref de trés trés grands malades.
Le raffiot, t'as l'impression que c'est le Radeau de la Méduse mais en plus gai bien sûr !
La
Smiril Line est le seul raffiot qui amène ces fous dans ce coin de monde et le personnel a l'habitude.
Même les douaniers ne demandent pas de papiers, ne vérifient rien et discutent avec les mecs : ils se régalent en regardant les outils et leurs propriétaires. Regardez-les (en jaune), ils se marrent alors que les bavarois se sont garés derrière la Ural : nous étions tous médusés (...), eux par la Ural et moi par leurs BM qui ont de nouvelles greffes de clitos.
Un side Ural en Islande, les habitués n'avaient jamais vu. Enorme succès de la Ural mais de loin hein, pas "adoptable" car vraiment trop malade.
T'as le germanique pur et dur, celui dont le cerveau a été fabriqué chez BM, qui ne pense pas autrement et qui à une pile de la
Bayerische Motoren Werke à la place de l'hypophyse : tout le matos est BM jusqu'au slip. Ordi de bord, la perfection, le mec baise au cordeau avec le chronomètre et avec un angle de 15° programmé pour la sortie.
25000? de materiel sans les cuirs et sans les présos.
Le mec saura où il se trouvera dans huit jours, six heures et trente secondes. L'antithèse de mes potes bavarois. Il ne te dit pas bonjour et a un petit sourire moqueur lorsque sont regard daigne se poser sur le side.
T'as les mômes pleins de testo qui arrivent en wheeling sur les moulinex monos 4T, le genre Arvella avec 30 piges de moins, qui descendent de leurs motos avant de béquiller et en sautant : les mecs pleine pêche quoi, le genre qui n'a pas lâché depuis 6 mois et qui se casse pour fendre des cailloux. Casque à oeillères, direction la piste exclusivement.
Eux te serrent la main en regardant Babouchka l'air admiratif, avec une pointe de pitié mais serrent déjà une autre main. Ils vivent à mach II, sont gentils mais énervés. T'sé, c'est le type qui fait sauter son genoux sous la table au rythme du mono en buvant une bière qu'ils avalent en 10 seconde. Z'ont pas l'temps.
Webcame collée à l'araldite sur le casque et bottes dans les starting bloc : leurs bécane sera ficelée dans le raffiot et eux dans leurs cabines avant que tu grimpes la rampe d'accès...
La moitiè reviendra via l'hosto.
Les moins nombreux sont les raisonnables, les cueusss qui ont économisé deux ans et qui ont l'équipement de leur matos boulot-dodo. Trés sympathiques, simples, ils ne font pas de bruit, vont pisser aux chiottes et pas contre les containers, présentent leurs papiers à la douane qui n'en a rien à foutre, cherchent le contact timidement, te saluent et voient dans la Babouchka la Médaille du Mérite Russe.
Ils te causent comme à un grand frère
Pi les imbitables complets, qui ne sont jamais sortis de l'Ardèche en 68 même en étant ici, les purs et intégristes ayant tout de même réalisé un matériel impressionnant genre guitoune qui pèse 150gr et gamelles en titane. Si si, mais l'esprit est resté avec le rythme Simon et Garfunkel.
Dans leur tête, sur la route, c'est Dylan qu'ils entendent.
Descentes à 3 km/h, montées à 3 km/h.
Matos installé et 2h30, qu'il fasse 5°, 25° ou qu'il flotte complet. Rythme immuable, les couples sont taillés dans la pierre.
Nan pi t'as surtout les meilleurs, la crème de la crème, les vrais sans qu'ils le sachent, les qui ne jouent pas la comédie :
les britons.
Inchangés, immodifiables, coulés chez Sa Majesté, roulant à gauche depuis toujours, matos en pouce, les princes de la démerde sont là au summun de leur activité. Même futal en semaine que le dimanche.
Pour eux aller en Islande c'est la ballade du week-end.
Ils ne touchent rien, ne préparent rien, partent avec leur bordel comme s'ils allaient voir la grand'mère à 100 bornes. Savent pas s'ils arriveront au bateau mais enfin sont là,
entrain de régler la depression de leur carbu avec une vis parker ! Du grand art, les Maîtres. Ce sont eux que tu espères croiser si t'es enfoncé jusqu'aux couilles dans un gué et eux seuls.
Pour eux la Ural est une image complètement normale.
Y'en a un qui s'avance vers elle et qui prend juste une photo de mon porte bagage de garde-boue side, tu sais pas pourquoi : il s'en retourne comme ça.
...à suivre...