Mini halte dans une coop au bout d'un fjord pour le plein de nourriture, avant de rejoindre mon petit gîte avant Molde.
Babouchka étonne : elle ralie autour d'elle de la curiosité, de la joie et elle provoque le dialogue. Toujours le même mode de communication Marip : dessins et gestes, français et 4 mots de briton. Tout va bien.
Une femme m'accoste, très gentille. Elle me demande d'où je viens, très discrète mais réellement intéressée...ce que je fais là.
Ca tombais bien, mon gîte se trouvait sur une toute petite route à 20 kms de là. Elle m'a indiqué le chemin et on a bien "parlé".
Ca tombait d'autant mieux que je cherchais évidemment du poisson frais, comme toujours.
Comme toujours même réponse : "c'est compliqué"..."je vais voir...". Elle saisit son phone et disparait derrière des rayons.
La caissière m'invite à me joindre aux vieux qui étaient là et qui boivent le café : dans toutes les petites surface, un coin café gratuit est réservé aux anciens qui discutent pénards.
J'échange avec lui. Coup de bol, il est pasteur à la retraite...il cause donc un bout de français et nous parlons. Il a été dans des monastères tibétains pour des retraites et a été pasteur de son petit village pendant 50 ans...
Décidément ces évangélistes m'étonneront toujours.
La Mémère sort des rayons avec son petit cadi rempli, comme tout le monde. Elle m'invite à l'attendre 5 minutes.
Je m'exécute et la vois revenir dans une somptueuses Jaguar...
Elle avait téléphoné à un ami pêcheur qui me donna 2 kg de poissons pêchés dans le fjord ce matin ! P'tin du pur cabillaud, kado en plus !
Je discute avec le pêcheur et il me dit en aparté que cette femme est la préfète du coin ...
Ben c'est pas comme chez nous dis, mon ami !
C'est elle la flic en chef locale, insoupçonnée et d'une affabilité totalement inaccessible à nos policiers de chez nous qui sont à des années lumière.
C'est curieux car son rôle, outre la sécurité, est nettement orienté vers la culture.
Comme souvent je m'étais arrêté avant là où les Anciens dorment pour les remercier d'avoir rendu ce lieu si beau. Et puis cela ne coûte rien de déposer en même temps un petit bouquet de fleurs champêtres sur les tombes des bébés qui n'ont pas eu le temps de se rendre compte que la vie ici est belle.
J'ai pu constater que, comme en Russie lorsqu'on s'incline devant les monuments aux morts des villages, la population devenait soudainement beaucoup plus ouverte. Cela se corroborait ici. On ne sait pas qu'on est vu, mais ils nous voient et tout devient miraculeusement plus facile.
Nanti de mon cabillaud, je rejoignais mon gîte sur les indications de la préfète. Là encore 50€ avec tout ce qu'il faut.
A flanc de fjord, une falaise de plus de 300 m me surplombait : impressionnant.