Merci Dan pour toutes ces images, tes mots sincères qui me touchent au-delà du récit.Est-Motorcycles a écrit : ↑12 sept. 2019, 18:35Je voulais quitter Bergen rassasié de tout : de nourritures locales, d'impressions, d'images...car je sais que je n'y reviendrai plus, d'autres horizons attendent ! Et j'étais en quelque sorte rassasié.
Il est vrai que si je n'avais fait que le "touriste", l'authentique port de Bergen me serait resté invisible : il est pourtant le principal port de Norvège. Très actif, il vaut le déplacement
Bien entendu direction plein nord et prochaine étape sérieuse coupée par un seul dodo : Molde, à 600 kils d'ici mais à 200 bornes de Tondheim : déjà beaucoup plus haut vers le nord.
Ce qui me séduisait, c'était de devoir passer plusieurs grands fjords sans prendre les axes principaux, avec les barges. Autres rythmes, autres sensations, la mer, les gens de la mer qui travaillent : les barges ne sont pas touristiques car tous ceux qui travaillent les prennent. Toujours cette immersion recherchée sans lourdeur et avec la plus fine flexibilité.
J'étais aux anges.
Entre les fjords, de sérieux tunnels dont je prenais un peu l'habitude. Peu de monde sur la route, des paysages somptueux et cette alternance inimaginable des fjords et des montagnes...quelle merveille !
Je m'arrêtais ça et là. Finie la performance, le plus, le timing, l'esprit tendu pour prendre. J'essayais de me fondre, d'être en fusion pour me couler dans le paysage avec les gens qui étaient là.
Toute rigidité devait disparaître : donc la montre, les cartes, les points de chute, le portable etc...j'avais fermé toutes ces fausses drogues au fond de mon coffre. Tout ce que je pense comme faisant partie du monde de la performance, de l'avoir et du paraître devait s'effacer naturellement devant le simple désir de vivre cette grande aventure d'un ailleurs merveilleux.
Tient...ce petit pontet :
Je m'assois pour me fondre encore et encore.
Que m'apprend ce lieu tellement con en apparence ?
Qu'il y a un tremplin et un tremplin ça sert à prendre un élan vers l'Ailleurs. A prendre une décision de quitter le vieux monde. Mais c'est pas simplement juste pour ce voyage, c'est réitéré chaque minute de la vie.
Chaque minute de la vie on a le choix : c'est nous qui choisissons de continuer dans le connu, dans les plans. C'est nous qui choisissons de ne pas nous égarer, de garder nos certitudes, nos peurs. C'est nous qui choisissons de garder notre monde ou d'en changer.
On est seul responsable de vouloir conserver sa gueule en carton qui pue l'ego et dans lequel il se repaît.
(photo Horizons Unlimited)
Vais-je prendre à gauche ou à droite ?
Je ne veux pas choisir, c'est la route qui choisit pour moi, mais encore faut-il la voir et pour la voir, ne plus se voir.
On en arrive vite à se considérer comme une sorte de loque. Vraiment se déraciner chaque instant, non pas en voulant se déraciner, mais en comprenant que les racines sont dangereuses. Vraiment comprendre que ne plus s'emmerder avec soi ouvre un autre monde bien plus réel, plus vivant et plus vivifiant...
Voyage en km, en images, en rencontres; voyage intérieur surtout, in fine.