LAPPLAND : ...une anatomie de l'errance et du silence...

[Est-Motorcycles]

Je descendais vers Stockholm tranquillement par les petites routes de campagne, bien décidé à éviter cette ville énorme et en continuant à fureter comme un animal.
Au retour, j'ai cependant été très heureux de visiter cette ville via les Gogos et leur beau reportage, je me suis senti comme un enfant à regarder les images les yeux comme des soucoupes, comme si j'étais en secret dans un coin de grenier...

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A une centaine de kilomètre de Stockholm, la campagne devenait envahie par les graminées : en fait toute cette zone de la Suède semble être le grenier du pays, d'où leurs pains fantastiques !

Petite remarque : dès la pénétration dans ce nouvel environnement, bizarre...éternuements et autres trucs comme yeux qui pleurent etc...comme chez nous. Je crois que de nombreux problème d'allergie chez nous proviennent du trop de concentration des cultures de graminées, qui sont seules et qui couvrent d'énormes surface.
A l'encontre, partout dans le pays une chose m'a bien amusé : leur notion incroyable du tri et leurs fantastiques poubelles !

Très inspiratrices pour le T90 ! T'as vu leurs tronches ?
He les mecs, le type qui ne comprends pas que le tri est une question très sérieuse en Suède, même s'il ne sait pas lire, ben il faut qu'il quitte le pays dans la seconde qui suit.
P'tin...
Du pur panzer ! De l'art militaire, la vengeance psychologique d'un peuple pacifiste qui fout dans ses poubelles toute son agressivité et ses violences ! Le spasme du discipliné, on devrait essayer en France pour remplacer nos poubelles bof'-bof' et leurs tri le mardi entre 15h12 et 17h42 uniquement et sur présentation des 5 cartes tamponnées et tout. Car chez nous messieurs, le tri relève du drame, de Kafka, c'est pas simple quoi.
Là t'es pénard : y'a des dessins, c'est ouvert, y'a pas de carte, le parking est énorme - photo ci-dessus dans un tout petit bled, les poubelles seront pleines dans dix ans...- et on te dit "merci" !
Ah nan mais je suis littéralement tombé amoureux de leurs poubelles ! T'as pas envie, mais pas du tout, de jeter un papelard à terre : tu as immédiatement l'impression inconsciente très présente que des OVNI te tomberont sur la tronche avec des annihileurs de particules et que tu disparaîtras en un coup de rayon...en 4/10° de seconde et qu'il ne restera même pas une molécule de toi.
Intaguables.

Je n'en suis pas encore revenu.
Bon, en descendant vers le port d'embarquement, juste un café et une petite branlée par une averse normale là-bas...

5 cm d'eau dans la barquette du side en 10 mn...ben tu prends ton meug et tu vides...
J'étais en veste de pluie capitonnée, planqué sous un auvent avec un pull alors que les gosses jouaient sous l'averse en tee shirt, pieds nus et en short...y'a des fois où je suis jaloux de la génétique.
J'arrive dans la ville d'embarquement, qui est petite, par un morceau d'autoroute improbable traversé par des vents violents. La ville semble curieusement à l'abri...

...et une de mes dernières images sera celle de vieux qui sont heureux de vivre simplement, à égalité, protégés et secourus, avec leur matériel pratique et efficace :

Le soir je trouvais un coin sauvage pour dormir, tout près du port, avec un vent léger qui fit fuir les moustiques...

En m'endormant, je réalisais combien toutes ces images du Nord étaient limpides et surtout sans fausse note. Pas une impression aigrelette. Elles défilaient comme des cartes postales vivantes qui n'avaient pas fini de m'interpeller, qui me disaient que j'étais passé trop rapidement encore. Comme des aimants puissants elles m'invitaient déjà à un demi-tour immédiat et ce n'est qu'en leur promettant de revenir que je pus m'endormir.
De revenir que dis-je ! D'y installer une sorte de "camp de base" : une partie de mon cœur est plantée là-bas par un pieu en titane dans les cristaux de fer natif.
Je l'avais retrouvée, cette épée fantastique flanquée dans les entrailles de cette terre magique aux mille richesses et d'un abord sans cérémonie, sans droits, sans passeports ni sans détours.

Sverige ! Merci de m'avoir redonné le goût de mon âme d'enfant, de m'avoir sorti du labyrinthe, d'avoir réparé mon cœur dans le désir ardent de poursuivre ma route d'homme.
Merci Saamis accompagnés de vos animaux de légende, vos armes sont redoutables et elles m'ont permis de retrouver les pas de mes Pères en me changeant les verres de mes lunettes. Merci pour cette tranche d'aurore boréale ingurgitée par le cerveau en 3 D.

He, les amis, je ne rentrais pas : j'embarquais pour la Pologne !

...à suivre !

[Simone]

"De revenir que dis-je ! D'y installer une sorte de "camp de base" : une partie de mon cœur est plantée là-bas par un pieu en titane dans les cristaux de fer natif.
Je l'avais retrouvée, cette épée fantastique flanquée dans les entrailles de cette terre magique aux mille richesses et d'un abord sans cérémonie, sans droits, sans passeports ni sans détours."

Un camp de base dans le nord de ce pays! On espère bien s'y retrouver pour mieux rencontrer les hommes et aussi approfondir le Sujet .
Dominique et Simone.

[Pitou]

Merci Dan ! J'ai "fréquenté" le Nord depuis 1975 presque chaque année jusqu'à il y a peu, Norvège d'abord, Finlande en suite et seulement un peu de Suède ... tu me donne envie !! Merci.

[Est-Motorcycles]

Le bateau pris doucement la mer, mais curieusement je n'avais pas l'impression de "quitter" la Suède. Puisqu'elle était devenue une seconde patrie, j'avais plutôt le sentiment de partir de chez moi en vacances pour Gdansk en Pologne.

Je n'avais d'ailleurs plus cette fièvre de découvrir le bateau polonais comme dans tous les autres voyages : j'étais en transit.
Mais enfin une fois vers les cabines, je dus me rendre à l'évidence que je changeais complètement de système, de gens et d'ambiance. Majorité du personnel masculin, crâne rasé, moustaches fine et costume à rayure. Langage froid, implacable comme je connaissais en Russie - on ne sourit pas...Service impeccable mais rien de plus, tu as l'impression que les gars travaillent le temps du voyage sur le bateau et qu'à quai ils rentrent dans leurs activités "normales"...hem...
T'es à l'est quoi :

Tu quittes doucement les méandres du port d'Helsinki...

...avec un petit pincement au cœur tout de même, car je me séparais d'une Terre que j'appris à aimer...pour être confronté directement à une Europe beaucoup moins drôle, disons différente.
Je ne voulais pas juger, pas placer de niveaux de valeur...
D'autant que je me retrouvais finalement en pays connu et que les belles petites têtes disaient bien ce qu'elles étaient ! Slaves à plein nez...

Même avec I-Phone et jeans : slaves d'abord ! Au langage Polak s'ajoutait la gestuelle intentionnelle dansante...

La mer commençait à grossir...mais cela ne me dérangea pas parce que je commence à avoir l'habitude des bateaux !
A table donc, avec un invité qui me prend en photo...Repas excellent et peu cher, servit par des "garçons" du style Zapognikof

Heueueueu, ma petite maman suédoise était dans mon coeur...ouch quel changement d'ambiance...

Et la mer se mit à s'énerver sérieusement jusqu'à une houle de 8 mètres :

Imperturbable je continuais mon repas, mon hôte étant allé se coucher. J'étais quasi seul au restaurant et dans les couloirs. Passant à la réception, la maître d'hôtel (une des rares femmes à bord) avait une drôle de tête : non, elle ne sortait pas d'un sale quart d'heure avec un officier derrière l'armoire - je l'avais entendu vomir dix secondes plus tôt !

J'allai dormir en consultant fébrilement les trophées monétaires de cette "Europe" impossible à créer et pleine de contradictions. Quel merdier ces monnaies ! Nous sommes encore à l'âge de pierre...
Change avantageux à bord, encore de la ferraille supplémentaire dans le porte-monnaie. Pffff...

Au "lit" tant bien que mal, au milieu d'une belle petite tempête qui m'arrima malgré moi aux planches de la couchette. Pas vomi mais pas dormi.
Au petit matin, silence total dans les couloirs, quelques cornets de dégueulis traînaient et les pauvres larbins ramassaient.
J'en avais marre de rester allongé et je terminais la traversée le visage collé au hublot.
Hop, les unités d'intervention anti-terroristes polonaise qui nous dépasse plein tube ! Pas des rigolos...

A l'approche de Gdansk, l'équipage s'affairait d'une manière extrêmement professionnelle. Il est vrai que la Marine Marchande Polonaise est l'une des meilleures du monde et qu'elle est dotée d'un personnel d'une haute tenue.
Jamais vu sur d'autres compagnies...

En attendant de descendre à la cale où se trouvait miss Laponette et Babouchka, à la télé de bord ils passaient ça :

http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=& ... UXgGITe_6g

...à suivre.

[Cathy]

Encore merci de nous faire partager toutes ces impressions et ces images ressenties au cours de ce sublime voyage, passant avec une grande poésie du cuivre des mines de Falun, au drapeau Saame aux couleurs du soleil et de la lune et des 4 éléments , aux fameuses poubelles suédoises inspiratrices du look du T 90 , à ces personnes âgées se promenant sereinement avec leurs déambulateurs, à cette fantastique épée et à cette traversée sur la mer déchaînée ...
Quelle belle idée que le camp de base en Laponie !!!

[казак]

Bonjour Dan,

cette Maman Suédoise dégage quelque chose qui traverse les âges, quelque chose d'immortel et de séculaire, ça se voit immédiatement, d’où ton "stop" devant elle et le fait qu'elle soit entrée dans ta mémoire. J'ai aussi croisé un regard identique ici, chez moi. Même effet. Dis moi si je me trompe, je suis curieux ( mais dans le bon sens...) de savoir si mon ressenti est bon, ou pas. Me prenez pas pour un dingue...

[Est-Motorcycles]

Bonjour Dan,

cette Maman Suédoise dégage quelque chose qui traverse les âges, quelque chose d'immortel et de séculaire, ça se voit immédiatement, d’où ton "stop" devant elle et le fait qu'elle soit entrée dans ta mémoire. J'ai aussi croisé un regard identique ici, chez moi. Même effet. Dis moi si je me trompe, je suis curieux ( mais dans le bon sens...) de savoir si mon ressenti est bon, ou pas. Me prenez pas pour un dingue...

Bien sûr que non tu n'es pas fou, loin de là. Entre les individus il existe des polarités qui, si elles sont raccord, établissent un contact immédiat qui peut être profond.
Il n'est pas bon de les rejeter...

[казак]

[Est-Motorcycles]

J'étais bien décidé à descendre assez bas en Pologne et toujours dans l'optique de ne pas me perdre dans les villes, je quittais Gdansk rapido. Je voulais en effet voir un ami de très longue date à Cracovie pour, par la suite, transiter via la République Tchèque et Linz en Autriche...

...et là j'avoue avoir été énervé par ce que je n'avais pas vu depuis plus de un mois, ce quasi partout :

Je me disais et je voyais sur les étalages de presse que la Pologne était devenue la pire ennemie de Poutine, mais qu'en réalité dans toutes les villes traversées je retrouvais exactement les mêmes images qu'en Russie : les flics partout.
Bien sûr tu as beau te dire que "tu n'as rien à cacher", que tout est en règle, etc...mais avouez qu'il y a mieux en fond d'écran !
Ce n'était pas tout.
On ne se débarrasse pas de tant d'années de stalinisme, même en Pologne...Soit, dont acte. Mais le pays avait tellement "évolué" qu'en gardant tout de même une grosse part de cette mentalité, on rencontre une majorité d'automobilistes qui roulent gravement dangereusement avec des bagnoles au top des européennes : gros 4x4 et voitures de plus de 150CV...
Je te laisse imaginer l'ambiance routière avec ma laponette.
Tout le monde pressé, plein pots ! Trois accidents impressionnants sur 200 kilomètres avec flics, pompiers, etc...
Pfff...
Je continuais ma route tout de même en espérant que l'ambiance allait se métamorphoser avec ma psycho de l'errance.

Arrêt casse croûte !

Alors là les gars, la Pologne assure méchant !
Le coût ridicule d'une nourriture délicieuse étonne, avec un éventail de mets succulents, riches, inventifs et consistants !
J'ai été scotché et ce n'est pas peu dire...

Ambiance grave dès le départ : il n'est pas rare qu'un restaurateur soit fermier, charcutier ou boulanger.
Je ne vous dis pas les raviolis...

Elégante, goûteuse, simple, la cuisine polonaise vaudrait à elle seule le détour.
Essence et rencontre avec les polonais, deuxième point fort du pays ! Ils sont adorables lorsqu'ils sortent de leurs voitures !

Le gars qui est conducteur routier n'en croyait pas ses yeux : il n'imaginait pas une seule seconde que je rentrais de Laponie avec ce type d'attelage...
Du coup, nous avons bien discuté - un peu en anglais mais moyen tout de même...et il m'a offert le café : je dois lui envoyer cette photo qu'il va placer dans son camion pour la montrer à ses collègues...

Pendant qu'on discutait, le taraudage d'état commençait à me prendre le choux très sérieusement. Encore et encore eux :

Levant les yeux au ciel, le polonais camionneur marmonna : "są wszędzie i nie zmieniły ...". Je n'ai pas compris ce que cela voulait dire mais dans ses yeux sortait un brin d'agressivité.

Sur ce coup de fil de la Souris qui mit d'ailleurs fin à la conversation.
Elle m'apprend que mon petit Caoua n'est pas bien. Une infection dentaire s'était aggravée rapidement, il ne mangeait plus, ne bougeait plus et était amorphe. Fièvre et yeux plein de pus...
Ma petite bête avait ses défenses immunitaires qui avaient fléchies pendant mon absence.
Lorsque Souris me dit "tu lui manques..." mon sang n'a fait qu'un tour. D'un seul coup je pris ce message d'alerte en pleine tronche et je revoyais dans mon cœur d'innombrables images de ma petite bête défiler avec célérité...
A la seconde j'envoyais de puissants vecteurs d'amour à mon petit gardien.

J'avais pris la décision de sauter dans un avion. Ce n'est que la compétence de la vétérinaire qui m'a retenue : elle l'avait en main...mais...je n'étais pas complètement rassuré.

Décision d'un protocole précis avec Souris et la véto - opération dans une semaine après antibios. Cap immédiat à l'ouest, je file retrouver mon Caoua sur le champ.
Je n'errais plus.
Mes yeux avaient un autre regard.
Car cet animal n'a qu'un but dans sa vie : offrir son coeur. Je n'ose penser aux nuits durant lesquelles il m'a veillé lorsque j'étais vraiment mal, arrivant à anticiper un malaise grave ou des attaques de douleurs.
Il avait besoin de moi et je n'étais pas auprès de lui ! Cela me fit très mal.
Et puis l'ambiance n'y était plus avec la flicaille. J'en ai marre de voir la loi, la loi, sans arrêt la loi avec des personnes qui t'observent, te regardent, te commandent, qui sont là pour te foutre la trouille.
Je déteste les états policiers.

Alors là les gars, je vécu deux jours de cauchemars.
Route de campagne de la côte nord retrouvée fissa, mais quelle route ! 600 bornes comme ça :

Je me demande comment l'attelage a tenu le coup et je me bénissais de la très sérieuse révision d'avant le départ, de la réfection de ce moteur qui avait 200000 kms.
Frontière allemande atteinte dans un état de fatigue certain, cassé, mais que n'aurais-je pas fait pour ce chien qui est un des animaux de ma vie...qui était, lui, dans un état bien plus dur !
Vite les autoroutes allemandes.

...et les nuits, je demandais à Souris de me passer au téléphone mon Caoua - oh je sais ça va encore faire marrer, mais qui cela fera-t-il rire ?.. - je lui parlais doucement, longuement, elle me dit qu'il remuait la queue. J'avais rétabli la connection, il m'attendait. Je sentais une chaleur dans ma poitrine et je remerciais la chamane saame qui m'appris cela aussi en lui envoyant un "copier-coller" de mes messages.
Oui, les nuits précisément, instants durant lesquels seul est immortel le temps, instants dans lesquels la solitude est omnipuissante comme dieu, solitude redoublée d'intensité car l'animal ne comprend pas ce qui lui arrive : il ne sent que la mort arriver en gémissant de souffrance.

...

[Cathy]

Pauvre Caoua, comment va-il maintenant ?

[gecko]

Vu a l AG il promenait Valerie
pas put les prendrent en photos.
Mais Berny a eu:

[Est-Motorcycles]

Le feu de dieu : le petit couillon s'est sorti des mains expertes de la véto qui pratique les anesthésie douces et plusieurs médecines. Je suis repassé le chercher à la clinique vétérinaire et il sautait partout en pleine forme. Vite cicatrisé, il a de suite mangé comme quatre, joue comme un fou bref : j'ai retrouvé mon Caoua avec 5 ans de moins. Du coup, je prends exemple sur lui avec mes dents : une saloperie, les dents. Dan-le-Dentard va bientôt me péter la gueule et me virer tous les chicots, que je garderai et que je ferai incruster dans le manche de mon couteau saami. C'est ma religion, cette forme d'animisme...Ce sera à mon tour de virer ces foyers infectieux source de rhumatismes et autres emmerdes pulmonaires, car ils sont une porte ouvertes aux micros-migous viraux et bactériens qui s'invitent comme des parasites à la table de nos formules sanguines en les destructurant. J'vais pas aller brûler un cierge ni pleurer dans les couilles de mon toubib : je vais virer tout ce qui déconne d'abord, ce sont les fondements animistes d'une attitude responsable en regard de soi. On a que soi les gars, et seul notre corps nous appartient. Le reste, ce sont des conneries. C'est à soi de s'occuper de soi, pas à une tierce personne...Insupportable chez la plupart des "citoyens" : les mecs font les idiots en vivant n'importe quoi n'importe comment, et puis il vont pleurer dans le giron de leurs Docs en les emmerdant avec leurs bobos et en attendant que la sécu gère leurs culs.
Gaffe les pote, je vais rajeunir de 5 ans !! Ca va ch...

Cet épisode animal sur fond d'écran durant les 1100 kilomètres d'autoroutes allemandes pour atteindre la France me fit réfléchir profondément. Et avant de vous livrer sur les trois prochains posts la fin de ce fantastique périple, je vais vous dire l'essentiel de ces réflexions.
Chapitre lourd non touristique et sans images...

1 - pour voyager il faut du fric car voyager est cher.
A moins de se rendre dans les contrée dans lesquelles on vit pour rien - elles sont rares et il fait trop chaud pour moi, elles sont blindées de castes, de religions et d'étatisme car la pauvreté apporte malheureusement ces folies..., on ne voyage pas pauvrement. Petitement oui, mais pas pauvrement : il faut un pécule au départ ou une source de monnaie, ou une caverne d'Ali Baba...
Dans tous mes voyages j'économise dès le mois de septembre environ 200€ par mois que je place à l'ombre. A Noël et à l'anniversaire, la famille sait qu'un petit sou me donnera un vrai orgasme nanti d'un vrai sourire que je ne suis pas obligé de prendre comme quand on m'offre une cravate rayée... "merciii...". Pas de black à la boîte - je ne peux pas - pas de compte en douce ni de mécène. Au bout du bout j'arrive à capitaliser mon petit pécule en transpirant mais en regardant les futures cartes. La terre peut s'écrouler : cette cagnotte est invincible, invisible, intouchable, y'a pas de buffet à acheter, de plaques chauffantes cassées ou de chiotte à remplacer...on touche pas au grisbi.

2 - pour voyager, l'objectif ne doit pas péter plus haut que son cul, même si on ne le sait pas au départ.
...et c'est pourquoi il est hors de question que je me rende dans les bled où la loi repose sur le bakchich. Bakchich égal pour moi vol agrémenté de chantage et là, ma psycho pense 11,43 immédiatement car le mec qui veut me mettre à genoux n'est pas né et n'est pas prévu au programme dans les burnes du seigneur. Je me rends donc dans les pays "libres" et non soumis à ces lois scélérates. La politique du chefaillon qui te sodomise en passant n'est pas et ne peut pas être la mienne. Soit je ne rencontre pas le scélérat soit je le flingue : je préfère ne pas le rencontrer, c'est plus simple.
Ne pas aller dans des contrées inaccessible avec un matos inadéquate. J'avais dans l'idée de me rendre au Groënland avec le side, sauf qu'il n'y a pas de route...Mon ego aurait pu décider tout de même de s'y rendre, et une fois sur place, j'aurais dû faire demi-tour. Bilan fric : nul. Autre exemple : descente de la Route des Trolls en 2010 avec mes frein tambour, sur des pentes de 22%...j'ai été un gros con et pourquoi ? Parce que les capacités de la machine étaient inférieures à celle de mon ego... En rentrant j'ai placé un disque.
Lorsque je suis sur un parcours en errance, je ne décide jamais de cheminer vers le Mont Sinaï d'un seul coup, c'est-à-dire de provoquer 500 risques supplémentaires dont je n'ai pas idée sur un simple coup de tête parce que j'ai envie comme de pisser. Car le but n'est pas de casser, de tomber en rade ou de me vautrer. C'est trop cher en temps, en moyen et il faut être riche pour faire cela, ce que je ne suis pas. Ne pas confondre l'impondérable avec un coup de calgon.

3 - pour voyager il faut avoir une famille en or.
...que cela soit femme, enfants, parents etc...si le voyage n'est pas partagé par les proches qui comprennent l'éthique et qui ont eux-mêmes un sens aigu de l'indépendance, t'es mal et tu vas au devant d'emmerdes au retour. C'est contreproductif. Il est très rare d'être bien entouré de ce côté.
Ayant vécu trois "séparations", les crises de jalousie injustifiées ou autre alors que Madame est sur la Costa Brava, même pas en rêve, j'ai donné.
Un respect partagé. C'est exceptionnel.

4 - pour voyager il faut une santé assez forte.
Partir "retapé" et sans trucs qui traînent. Ne pas présager de ses forces. Ne pas oublier ses médocs et ses ordonnances. Ne pas se fixer un itinéraire de bourrin et de devoir s'y ternir jusqu'à ce que mort s'en suive. Une liberté d'itinéraire est évidente et le kilomètre prévu au millimètre à J+30 doit être abandonné. Même pas à J+1.

5 - pour voyager il faut une machine en excellent état.
Pas de redite, c'est l'objet de tout ce forum...

6 - pour voyager il faut, si on est dans la vie active, que le travail en cours soit terminé.
On ne peut pas cheminer sereinement avec du travail en cours qui nous attend à la rentrée si ce travail a du retard. Evidemment je cause du travail immédiat, pas d'une restauration complète sur cinq ans...

D'autres points apparaîtront plus tard dans les autres reportages...
Est-ce à dire que d'être aventurier ou voyageur au long cours nécessite peu d'attaches sociales ?
Je le pense, et ce débat se poursuivra nécessairement.
...

[MIKO]

Très bonne mise au point Dan !
J'ai refait la liste et j'ai coché en face ... bin j'ai pas beaucoup de croix ...!!!

[Bardevitch]

Très bonne mise au point Dan !
J'ai refait la liste et j'ai coché en face ... bin j'ai pas beaucoup de croix ...!!!

C'est une réflexion qu'il serait intéressant de porter au dossier URAL FRANCE sur les voyages, au sous-chapitre "s'organiser" en voie de création. Avec l'autorisation de l'auteur, bien entendu.

[Est-Motorcycles]

Très bonne mise au point Dan !
J'ai refait la liste et j'ai coché en face ... bin j'ai pas beaucoup de croix ...!!!

C'est une réflexion qu'il serait intéressant de porter au dossier URAL FRANCE sur les voyages, au sous-chapitre "s'organiser" en voie de création. Avec l'autorisation de l'auteur, bien entendu.

Mon Bardé, tout ce qui est sur ce forum appartient à Ural France car nous avons la même éthique.
Je te remercie du travail considérable que tu as effectué sur le thème du "voyage" dans Ural France, travail remarquable, didactique, pédagogique, documenté et très bien détaillé. Je n'en suis pas encore revenu. Je te remercie pour tous.
A consommer sans modération :

http://ural-france.com/voyages/philosop ... l-fin.html