PVDM : dans les pas des aventuriers du Grand Nord (1)

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Re: PVDM : dans les pas des aventuriers du Grand Nord (1)

Message par pvdm100358 » 04 févr. 2022, 15:30

LLN – Cap Nord Départ : 04/01/2022
J14 Narvik (Nor) – Tromso (Nor) 17/01/2022
Hier, avant de me coucher, j’ai regardé les prévisions météo de la région : elles annonçaient des chutes de neige et une température comprise entre -3 et -7° C.
A l’ouverture des rideaux, je vois qu’il neige faiblement, de tous petits flocons, aux craquements que font les véhicules qui circulent, je devine une température sous zéro ; back to the winter !!
Je petit-déjeune plus copieusement que d’habitude, car je suis décidé à ne pas gaspiller les rares heures de clarté – toute relative, d’ailleurs – à faire autre chose que rouler.
En effet, si je suis heureux de retrouver des conditions climatiques en phase avec l’endroit et la saison, j’ai quand même lu qu’elles seront fortes les chutes de neige annoncées et que, partant, les routes seront glissantes, enneigées, ce qui ne me permettra pas de rouler « vite » ; quand j’écris « vite », je pense à plus de 50Km/h.
Mise à niveau, contrôle du pneu arrière – il ne fuit plus ! – barda rangé, je démarre à 9h et fais le plein.
Pendant que je prends de l’essence, un sombre nuage s’abat et avant que je n’en aie fini, la neige tombe dru ; je reste abasourdi par la vitesse à laquelle les conditions météo changent par ici ! Cela se vérifiera tout au long de la journée. En cinq minutes, on passe d’un temps calme à la tempête de neige, et vice versa. Etonnant.
Un moment, j’hésite à prendre la route tant il fait sombre et neigeux ; mais, j’ai vu sur la carte hier, pas mal de petites villes sur le parcours, alors je me lance.
Et j’ai raison car en quittant les rives de l’océan pour bifurquer vers la montagne, les chutes de neige se font moins drues et le vent faiblit ; mais, ça monte et je me rends compte que la moto a bien des difficultés à se rendre au col… à la montée suivante, je n’y arrive pas, au col.
Se retrouver à l’arrêt en pleine côte sur ces routes étroites, me chauffe le sang ; il ne faut pas que je reste là. Et, j’enclenche le 2WD. Incroyable comme c’est efficace ; la roue du panier n’est pourtant pas cloutée, mais en relâchant doucement la poignée d’embrayage, sur un filet de gaz, elle se met en route sans problème et je poursuis en 1ère à 20 km/h jusqu’au sommet.
Y arrivé, dès que la descente s’amorce, je désenclenche le 2WD. En effet, il s’agit d’une prise directe, sans différentiel donc, qui pour être d’une redoutable motricité, rend la conduite moins fluide. Pour négocier un virage, il faut mettre le side en dérapage au risque de tirer tout droit.
En roulant après cet épisode, je m’interroge car des montées, j’en ai déjà gravi de plus pentues sans rencontrer ce souci… certes, le terrain est glissant, mais je m’interroge.
Le seul changement advenu, est que le pneu arrière ne fuit plus et qu’il se trouve donc à une pression de 2,7 kg ; et je pense me rappeler que le fabricant préconise des pressions beaucoup plus basses, de l’ordre du Kg 2-300 gr… . De même, lorsque l’on évolue dans le sable, il est utile de dégonfler ses pneus jusqu’à 1k100, 1kg 300gr.
Oui, ce doit être ça la raison de la faible motricité constatée ce matin. Dès l’espace de dégagement suivant, je m’arrête et baisse la pression du pneu arrière à 1,5 kg. (1)
Et, en effet, les choses s’arrangent ; je gravis nettement mieux les côtes.
Lorsque j’étais à l’arrêt, un 4x4 s’est arrêté et les deux gars, de très bonne humeur, de me demander « spreekt u nederlands ? » (Parlez-vous néerlandais ?) ?? heu, oui (ja) répondis-je. Ils avaient vu ma plaque Belge et supposaient que je parle la langue de Vondel. C’étaient de bons flamands de chez nous ! Ces Belges, comme les mauvaises herbes, on en trouve partout !
Peut-être nous recroiserons au Cap nord, car ils s’y rendent aussi.
La neige s’accumule et j’ai de la peine à avancer, mais je reste de bonne humeur car ces conditions sont celles auxquelles je m’attends; elles sont difficiles, mais ces moments d’angoisse légère, de doute, génèrent ce je ne sais quoi d’adrénaline, de peur positive, de défi à relever. C’est motivant et instructif.
La neige est légère, fine, gelée.
Elle serpente au ras du sol ou, sous une bourrasque ou au passage d’un poids lourd, s’élève en tourbillonnant en un mur immaculé, me laissant un instant aveugle. Je réduis encore la vitesse pour ne pas me laisser surprendre lors de ces moments de brouillard impénétrable. J’ai allumé mes feux avant et arrière afin d’être vu par mes poursuivants.
Puis, c’est l’accalmie ; je vois même des coins de ciel bleu et je m’arrête pour prendre quelques photos. Un passage de rochers bleus de glace, des silhouettes d’arbres, des montagnes lointaines.
Cela ne durera qu’une demi-heure, et j’en profite pleinement pour admirer ces paysages magnifiques de pureté ; tous les lacs que je longe, sont à présent gelés et couverts d’un blanc duvet.
Vers 13h30’, cela fait quatre heures et demie que je suis en selle ; tant mes fesses que ma vessie crient grâce et je leur octroi un repos, le temps de boire un café et d’avaler…un Snickers !
Je m’arrête sous une neige battante, je repars par temps calme, presque clair. Surprenant, vous dis-je.
Il me reste 95 km pour arriver à Tromso, soit deux bonnes heures de roulage.
La neige me laissera une demie heure de répit avant de reprendre en force et d’assombrir la vallée.
Relongeant la mer, la température reprend deux degrés et le vent d’Ouest forcit ; les flocons n’en sont que plus nombreux.
J’arriverai à l’hôtel que m’a réservé ma fille avant de quitter hier soir la ville, vers 15h30’ ; j’y trouverai ma liseuse et…du chocolat ! Délicate attention pour un membre de la famille liée par un atavisme, le goût pour le bon chocolat !
A Tromso, je compte y rester quelques jours, tant pour entretenir ma machine, que pour m’offrir un peu de bon temps, de visiter l’endroit.
La destination suivante sera d’atteindre le Cap Nord, distant de 531 km, en deux jours.
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(1) Le fabricant, Heidenau en l’occurrence, prévoit ces pneus pour le tout-terrain et, donc des faibles pressions. Pour les sidecars Ural, nous mettons des pressions nettement plus élevées pour circuler sur le bitume afin, d’une part, de limiter l’usure, et, d’autre part, d’augmenter la stabilité de l’attelage.

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Message par pvdm100358 » 04 févr. 2022, 15:38

LLN – Cap Nord Départ : 04/01/2022

J15 Tromso (Nor) – Tromso 18/01/2022
Une journée sans faire un tour de roue, sans faire tourner le flat twin.
Il neige sans discontinuer, il fait trop doux – autour de zéro degré – et à partir de midi, la neige deviendra pluie.
Je pars acheter de l’huile moteur (10w40 semi-synth), et quelques bricoles pour faire de l’entretien.
J’ai pris le bus pour me rendre au Biltema du coin, grande surface pour tout ce qui concerne la mécanique, les outils et accessoires de bricolage, de nettoyage,… ; c’est Tromod qui m’a renseigné cette enseigne.
Armé d’un plan de la ville, j’ai dû marcher un petit km entre l’arrêt du bus et le magasin ; assez pour avoir trop chaud, pour tremper ma veste, pour avaler de la neige fondante et en prendre plein la quiche !
Je voudrais refaire la vidange moteur car il m’a semblé lorsque j’ai fait l’appoint que l’huile présentait un teint « chocolat » ce qui pourrait signifier que de l’eau s’est introduite dans le carter ; plus que probablement, issue de la condensation. Et ce n’est pas bon.
J’ai pu trouver tout ce que je cherchais à l’exception de deux bidons de 3-5L afin de pouvoir procéder proprement ; un bidon que je découperai sur une face pour le glisser sous le carter le temps de vidanger, l’autre pour transvaser et conditionner cette huile usagée.
Je file dans des commerces alimentaires pour acheter des bidons d’eau, soit potable, soit distillée, mais n’en ai pas dénichés. J’élargirai ma recherche, demain, à une pompe à essence ; il doit bien y trainer des bidons vides.
Pour le reste, ce fut déjeuner sur le pouce, et recherche sur google Maps du meilleur itinéraire pour atteindre le Cap Nord ; c’est ainsi que j’appris la fermeture momentanée de la route directe (E6/E69) pour cause d’avalanches !
Ben, tiens avec ce qui tombe depuis quatre jours et le vent qui ne désarme pas, je ne suis pas vraiment surpris.
Le site www.vegvesen.no donne des informations précises et les met régulièrement à jour ; la route est fermée à trois endroits jusqu’au 19 janvier.
Je me suis préparé un parcours en quatre étapes, prévoyant à chaque fois un endroit de couchage éventuel, pour une distance de 532 km restant à couvrir (208 ; 88 ; 204 et 32 km x2).
Demain, je compte « clouter » la roue du panier, nettoyer et huiler quelques accessoires, et trouver de quoi procéder proprement à cette vidange moteur.
La météo ne s’améliorera qu’à partir de jeudi ; je pense que je me mettrai en route vendredi matin, pour peu que la route soit ouverte.
Rien de bien intéressant, donc !
« Un homme seul est en mauvaise compagnie » disait Sacha Guitry et, en ce qui me concerne, il a, je le sens, raison en ce que je ne peux me libérer de penser à cet inexorable chemin vers le néant qui nous attend tous, à plus ou moins brève échéance.
Rien que sur le « néant », l’on peut sans fin, sans réponse irréfutable non plus, se creuser les sens.
C’est la question de savoir ce qui me pousse en ces contrées et temps inhospitaliers que celle du néant m’est venue.
Vers quoi vais-je ? Qu’est-ce que je cherche loin de chez moi, loin de ceux que j’aime ?
Me libérer du carcan quotidien ? Oui. Découvrir d’autres horizons ? Oui, encore. Rencontrer d’autres personnes à la culture autre ? Certes.
Mais aussi, frôler des limites - les miennes – de l’inconfort qui redonnent le goût de rentrer un jour ; de titiller mes ressources face à des conditions plus difficiles qu’à l’ordinaire et par ce biais, trouver à nouveau les réflexes issus de l’instinct de conservation émoussés par une vie trop confortable, un peu aseptisée, il faut en convenir.
Voilà le paradoxe de l’occidental gâté qui a besoin de se faire mal, un peu, de se faire peur, un peu, pour retrouver ses esprits, son esprit.
Il ne faut pas que je m’attarde trop en ces lieux si confortables propices à l’introspection facile.
Il vaut mieux s’y pencher dans la solitude de l’antienne du moteur qui ronronne, baignant dans un décor somptueux, appliqué à ne point finir dans le ravin. Je suis moins tendre avec moi-même en ces circonstances.
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Message par pvdm100358 » 04 févr. 2022, 15:44

LLN – Cap Nord Départ : 04/01/2022

J16 Tromso (Nor) – Tromso 19/01/2022
Il neige, encore ; la température est repassée sous zéro.
Dès 8h, les opérations de maintenance commencent et je ne vais pas ici les décrire au risque d’en lasser quelques-uns/unes. En bas de page, j’en mettrai la liste pour qui s’y intéressera.
A 11h, j’en ai fini avec les petites interventions fastidieuses ; il me reste à trouver des bidons vides et j’en trouverai à la station la plus proche. Je peux lancer la vidange moteur.
Je déjeune dans un bistrot tout proche et pour la première fois depuis mon départ, j’ai affaire à une serveuse désagréable qui lorsque je lui demande un café medium – c’est ainsi que depuis que je suis dans les pays nordiques, l’on nomme un café tasse - souffle et regarde en l’air en disant qu’elle peut servir un expresso ou un americano, mais qu’un medium, elle ne sait pas ce que cela signifie.
A deux doigts de lui répondre que j’irai prendre mon café à côté, je me suis levé, suis passé derrière son bar avant qu’elle ne pût m’en empêcher et lui donnai en main la tasse idoine ; avec l’âge, je m’assagis un peu. Il est temps, commenteront mes enfants !
Ensuite, je me suis promené le long des quais et en ville ; un superbe chalutier en bois somnole, les maisons traditionnelles côtoient du plus moderne et majestueux.
Lorsque l’on fait le touriste, on rencontre…des touristes ! Deux françaises s’étonnent de m’entendre leur souhaiter une belle visite dans leur langue ; il est vrai que je fais un peu couleur locale avec ma barbe blanche.
Deux chinoises me tireront le portrait dos à la baie, à ma demande.
Tromso associe l’ancien au moderne, comme bien des villes sur notre vieux continent, les commerces sont ceux que l’on rencontre dans toutes les villes touristiques ; rien de neuf sous cet aspect-là.
Me renseignant sur la météo des jours à venir, une information me confirme la difficulté d’un bon rendu sur les photos : il fait jour de 10h26’ à 13h01’ !! Précis, les Norvégiens.
La journée s’achèvera sans que rien de notable n’intervienne.
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Entretien :
- Avec de l’huile pour chaîne de vélo : câble d’embrayage et câble d’accélérateur.
- Avec la même huile : passage sur toutes les têtes de rayon.
- Cloutage de la roue panier. (la petite visseuse sur accu, a cette fois très bien rempli son office !)
- Pression pneu panier : ramené à 1,5 kg
- Graissage de l’entraîneur de roue arrière moto.
- Nettoyage et passage à l’huile de la commande avant et arrière du crabotage de la roue panier.
- Vérification de toutes les plaquettes de frein ; elles sont nickels.
- Réglage du phare principal ; j’avais remarqué qu’il éclairait un peu haut.
- Vidange moteur.
- WD 40 dans toutes le serrures à clé et sur la connexion électrique du porte-GPS

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Message par pvdm100358 » 04 févr. 2022, 15:45

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Message par pvdm100358 » 04 févr. 2022, 15:50

LLN – Cap Nord Départ : 04/01/2022

J17 Tromso (Nor) – Tromso 20/01/2022
Il a encore bien neigé, cette nuit; 15 bons centimètres. La température est descendue d’un degré. (-2°c)
A 10h, le musée d’art nordique – Nord Norsk Kunst Museum – ouvre et je suis le premier à la caisse. Allégé de 80 couronnes, je parcours les salles et ne suis pas vraiment emballé, ni touché, ni ému par ce que je vois. Seule, une rétrospective sur Munch diffusée sous une forme de film – intervieuw me retient.
J’enchaîne avec « The Polar Museum » ; déjà le bâtiment vaut le déplacement, il fut construit en 1830, en bois bien sûr, et servi aux Douanes jusque dans les années 1970.
Le parcours est chronologique, retrace l’histoire de la pêche et de la chasse au travers des siècles ; les premières vraies traces répertoriées datent de 1596, mais il est certain que tout temps, des hommes y ont chassé et pêché.
De longues présentations tant à propos des animaux chassés, tels renards blancs, ours polaires, phoques, perdrix, morses, baleines, … que des outils, que des habitats et mode de vie des hommes meublent les vitrines.
L’histoire des explorateurs tels Roald Amundsen (Nor), Salomon August Andree (Su), Richard Byrd (US) ou illustres chasseurs tels Henri Rudy (Nor), Wanni Woldstad (Nor) – une femme ! – et Anders Saeterdal (Nor) y est longuement documentée. Le guide papier remis, même en français, est complet.
L’après-midi, je la passerai à préparer mon départ, fixé à demain matin.
Ce n’est pas sans un peu d’appréhension que je m’apprête à repartir ; il a beaucoup neigé, la température descendra à -7/-14°c.
Je revêtirai une couche supplémentaire, mais je pense que les conditions de roulage seront meilleures par un fort gel. J’hésite à placer les chaînes sur mes deux roues arrières ; c’est imparable sur de la neige épaisse, mais il faut y être attentif au fil des km’s , les retendre, ne pas dépasser 40 km/h… .
Je reconditionne mes sacs, les fixe sur le side ; tout est prêt pour demain.
Je vais abandonner cet endroit confortable et chaud et retourner au « charbon » !
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Message par pvdm100358 » 04 févr. 2022, 15:58

LLN – Cap Nord Départ : 04/01/2022

J18 Tromso (Nor) – Burfjord (Nor) 21/01/2022
A 8h45’, je pointe la roue avant dans la Groennegata et m’élance sous -6°c en direction…du Sud !
Oui, je dois d’abord rebrousser chemin sur une vingtaine de km’s, avant de reprendre plein Nord.
Il fait comme prévu, plus froid, mais enfin, le vent s’est calmé et il ne neige plus ; dire que cela roule comme sur du velours serait exagéré, mais à la vérité, voilà des conditions claires – il gèle – et je vois où je mets les crampons !
Pour autant, je ne roule pas plus vite, mais plus détendu.
Premier ferry à prendre après 42 km de route ; j’ai du pot, il accoste à mon arrivée au quai. Le préposé photographie les plaques avant des véhicules…à mon tour, il fait signe de passer ; en ce qui concerne la facture envoyée par mail….je n’en ai encore vu trace, et cette fois, je doute fort qu’il y en ai ne fut-ce que l’ébauche.
Le side est la vedette ! tout le monde ou presque vient le voir, le déshabiller des yeux ! Deux allemands en Classe G super équipée m’interpellent, on cause un peu ; ils se rendent au Cap…tous les étrangers que l’on croise sous cette latitude, se rendent au même point de la côte.
Les services de déneigement sont d’une efficacité rare dans ce pays, ils n’arrêtent pas de circuler ; j’en suis heureux car je redoutais une épaisse couche de neige qui m’eut contraint à fixer les chaînes.
Vers 10h, il fait clair et le décor est beau, grandiose même ; les montagnes sont imposantes, tapissées de blanc, des sommets s’allument d’un orange pâle, signe que le soleil brille quelque part dans mon dos.
Comme des doigts recourbés, les massifs ainsi découpés bordent les fjords, leur face Sud orangée, leur face Nord blanche immaculée ; le spectacle est envoûtant et je dois m’appliquer à ne pas quitter la route des yeux.
J’arrive au deuxième ferry et vois la barrière baissée, le ferry prêt à appareiller. Je reconnais un des Allemands avec qui j’ai bavardé sur le précédent ferry, qui me fait des signes et de même, la barrière se relève, m’invitant à monter à bord.
Il m’expliquera qu’il guettait mon arrivée et que le son pour cette fois, voyageant plus vite que l’image, il a entendu les vocalises du flat et a demandé au matelot de me laisser monter à bord ; ainsi en fut-il !
La température oscille entre -7 et – 10°c selon que je longe la mer ou suis plus dans les terres, mais c’est très supportable.
Au loin, des nuages plus sombres s’accrochent aux cimes, une lueur d’incendie témoigne des derniers rayons du soleil.
Ma petite machine tourne sans faiblir, répond à la poignée, gravit les côtes, pétarade de joie dans les descentes; j’ai la banane !
Vers midi trente, j’avale un sandwich et un café ; un local vient causer et me dit de bien profiter de cette journée car le mauvais temps s’imposera dès demain.
Cet oiseau de mauvais augure !
85 km me séparent encore de mon étape du jour, Burfjord, et bientôt ce mauvais esprit l’emportera car le ciel se plombe et la neige tombe légèrement, puis à gros flocons.
Un col bien haut perché auquel j’accède entre deux murs de neige, m’attend ; dès le col franchi, l’impression de plonger dans la mer étreint, et un vent violent fouette de côté, obligeant à décélérer.
La descente est longue, très verglacée et sinueuse, mais le décor qui s’offre à mes phares allumés est splendide de blanc nacré.
J’ai repéré un camping sur la carte et m’y rend en quittant le E6, m’enfonçant dans la campagne et trente cm de neige.
Si un trait de lumière indique la réception, celle-ci est plongée dans le noir ; sur la porte, est épinglé un message indiquant que la réception est ouverte de 9 à 21h et que si elle est fermée (!?), on peut appeler le 47… .. .. .
Appeler, laisser un message, retourner à la moto, répondre à l’appel suite à mon message, récupérer une clé de cabanon dans une boîte..à clés, prend dix minutes, pas plus.
Pourtant, le side est déjà recouvert de deux cm de neige et je me dépêche d’en ôter mes bagages du soir, pour le recouvrir de sa bâche sans traîner.
Le cabanon est très cosy, bien équipé, parfaitement propre et fonctionnel ; il dispose d’une connexion Wifi, que demander de plus ?
Demain, ce sera une courte étape, jusqu’à Alta, de 88 km.
J’ai découpé le trajet Tromso – Cap Nord, selon les hébergements possibles et un maximum de 200-240 km ; à la vitesse moyenne de 40km/h, cela prend de cinq à six heures de route et j’ai opté pour limiter le roulage de nuit.
Quel temps me réservera la journée de demain, je ne sais, mais aujourd’hui en fut une bien belle et agréable.
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Message par pvdm100358 » 04 févr. 2022, 16:00

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Message par pvdm100358 » 04 févr. 2022, 16:05

LLN – Cap Nord Départ : 04/01/2022

J19 Burfjord (Nor) – Alta (Nor) 22/01/2022
Une courte étape de 90 km jusqu’au Camping de Alta. Une température de -4°c et un ciel couvert m’accompagneront tout du long de la côte dont seule une série de tunnels m’éloignera.
Tout est dans les nuances de gris, comme en témoignent les quelques photos prises.
Les routes en devers reprennent et restent des moments difficiles à négocier ; peu de voitures me croisent, aucun camion, le we débutant expliquant cela.
Lorsque je roule par ces temps froids, je cherche en permanence le bon rapport entre régime moteur et vitesse ; en effet, le flat est uniquement refroidi par air, et si aux beaux jours l’attention se focalise sur ne pas dépasser les 90-100°c, je suis confronté à l’inverse, à savoir que mon moteur ne chauffe pas assez. L’idéal serait de le maintenir entre 80 et 90°c ; j’en suis loin !
Aussi, sans le mener trop haut dans les tours – je recherche les 3.000/3.500 T/m - et pas trop bas non plus, il me faut opter pour une vitesse faible, donc un refroidissement faible.
De toute manière, vous l’aurez compris, je ne peux pas rouler plus vite sous peine de finir, au mieux, dans le décor.
L’aiguille du manomètre de température d’huile accroche rarement les 50°c ; sous -4°c, hormis dans les tunnels, elle n’y parvient pas.
Je roule donc en deuxième à 30-32km/h ou en troisième à 50-55 km/h ; ce sont les bons tours minutes, mais 32km/h est dangereuse à tenir sur les routes lorsque les camions y circulent.
Et, ce rapport tours/mn – vitesse, m’occupe l’esprit de manière constante, tant je veille à ne pas faire « souffrir » le moteur.
Peut-être qu’un court écran sur les pare-jambes coulissant plus ou moins bas, pourrait faire office de pare-vent devant les cylindres et ainsi leur permettre de chauffer davantage… . A creuser.
Demain, l’étape doit me mener à Honningsvag, à 32 km du Cap Nord, soit quelque 220 km.
Consultant la météo, je suis perplexe car elle annonce des températures positives en journée pour les deux jours prochains et de forts vents.
C’est à y perdre son latin ! Hier, j’avais du -10°c… .
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Re: PVDM : dans les pas des aventuriers du Grand Nord (1)

Message par pvdm100358 » 04 févr. 2022, 16:13

LLN - Cap Nord Départ : 04/01/2022

J20 Alta (Nor) – Skaidi (Nor) 23/01/2022

Hier soir est arrivé au camping un jeune Berlinois – Kristoff, 33 ans - qui se rend au Cap Nord en voiture.
Nous ne sommes que deux au camping et avons le loisir de nous choisir une chambre chacun dans un bâtiment, ce qui rend les sanitaires « privatifs ».
Le lit est quelque peu spartiate, mais cela me va bien et le prix est en rapport.
La réservation se fait par téléphone, transfert de codes qui ouvrent des « boîtes à clés » (!), nous donnant accès au salon/cuisine et aux chambres.
C’est un mode assez impersonnel, mais cela permet au camping de fonctionner en hiver à moindres coûts.
En soirée, nous consultons www.vegvesen.no/trafikk qui nous indique que la route sera fermée à 76 km de Honningsvag, dernière ville avant d’entamer les 32 derniers km qui mènent au Cap.
Trois autres sections sont en attente d’ouverture, la décision devant tomber à 10h le lendemain.
Je consulte la météo et m’aperçois que le temps va se dégrader à partir de 14h.
Je décide donc de rouler un maximum de km en matinée et à 8h45’, niveau rectifié, tension du câble d’embrayage vérifiée, je suis prêt.
Kristoff vient de se lever et nous discutons un brin ;
« - Ton instinct de survie ne te dit-il pas de rester ici, au chaud ?
- Ca, c’est ce que la paresse me susurre tous les matins à l’oreille ; à cette heure-ci, l’instinct de survie n’a pas encore eu le temps d’être sollicité »
La température est de -4°c, il fait encore nuit, mais il n’y a pas de vent, cinq à six centimètres de neige sont tombés ; vamos !
Et cela se confirmera durant toute la matinée, même le soleil pointera d’abord un dard, un voile ensuite, pour finir par la lueur d’une explosion au ras de l’horizon !
La fine couche de neige fraîche rend la route plus confortable, et c’est un vrai plaisir de rouler dans ces conditions, la lumière change tout !
Vers 11h, j’ai parcouru 110 km et je fais le plein dans la dernière station répertoriée avant d’arriver au Cap Nord, à Olderfjord qui compte aussi le seul lieu d’hébergement avant Honningsvag.
Je l’avais repéré sur le net la veille, car si la route reste fermée, je devrai trouver à loger.
Vingt km plus loin, deux poids lourds et cinq voitures sont à l’arrêt devant une barrière, fermée, et parcourue de signaux lumineux.
Je me range dans la file en supposant que si tout ce petit monde attend, c’est que la route va s’ouvrir. Il est 11h40’.
Vingt minutes s’écoulent quand une déneigeuse nous dépasse, la barrière se lève… et se referme derrière elle.
Une autre déneigeuse arrive en face, mais même scenario, ce n’est pas encore à notre tour.

Entre-temps, le vent s’est levé et a forci ; des stries de neiges se forment et mes mains privées de leur chauffage, commencent à s’engourdir.
Quelques pas volontaires me feront du bien assurément ; grand bien me prit car les occupants de la voiture me suivant, me font signe d’approcher et me proposent de m’asseoir au chaud ; proposition acceptée sans hésitation.
Le couple travaille à Honningsvag, consulte en ligne le site officiel et confirme que la décision d’ouvrir doit intervenir à 13h. Chouette, il ne reste que vingt minutes à attendre.
Mais, le vent forcit encore et la faible lumière du soleil a disparu.
On cause, d’où je viens, où je me rendrai ensuite, … quand elle aperçoit sur son téléphone que le statut a changé : pas d’ouverture à 13h, décision reportée à 15h !

Avec le temps advenu, je me dis que c’est râpé pour aujourd’hui et que si je veux trouver un abri pour la nuit, je ne dois pas traîner.
Retour à Olderfjord ; c’est fou comme les conditions changent vite. Il y a une bonne heure, elles étaient idéales, maintenant, il fait sombre, le vent balaie la neige et le froid s’installe.

Devant le Russenes Camp d’Olderfjord, Kristoff est garé !? Il a démarré à 9h45’ et vient d’arriver ; il a eu le temps de faire le tour de la bâtisse, de constater que tout est clos, de téléphoner au numéro indiqué pour s’entendre dire que par manque de réservations, c’est fermé !
On se souvient que nous avions écarté de nos choix un hôtel à Skaidi, située vingt km en amont.
Il téléphone et il nous est répondu que c’est fermé, mais que si nous venons, il ouvrira.
RV est pris et une demie heure plus tard, nous sommes garés devant l’hôtel.
Re-coup de fil et le temps que le gérant arrive, notre check-in se fait rapidement.

Il nous explique que si nous voulons sortir de l’hôtel – le restaurant est fermé ! – nous devrons sortir et entrer par la sortie de secours dont il nous copie le code ; en effet, il verrouille la réception et le lobby y attenant ce qui nous enferme dans notre couloir.
Il règne une ambiance à la Shinning…. !
Hormis nos deux chambres, tout est éteint, l’hôtel est situé sur une hauteur totalement enneigée, pas d’enseigne lumineuse… . Shinning, vous dis-je !

Kristoff et moi, descendrons dans le village, manger un bout à la station-service/restaurant qui est ouvert !! alors que nous sommes dimanche !!
Quand nous remontons vers nos pénates, il n’est que 16h30’ et nous avons l’impression d’être déjà en soirée.
Il y a peu de chance, vu les prévisions météo que la route s’ouvre dès demain ; probablement devrons-nous attendre mardi.
Il restera ensuite un secteur, l’ultime menant à la pointe du Cap, qui ne se fait qu’en convoi et qui est souvent fermé pour cause de vent.
Le couple qui m’a hébergé un moment m’a confirmé que cette dernière section est souvent inaccessible en hiver.
Je ne compte pas attendre une semaine sur place qu’une fenêtre s’ouvre; si je dois renoncer à 100 km du but, soit. Ce n’est pas grave et j’ai encore une longue route qui m’attend.
On verra, donc.

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Cathy
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Re: PVDM : dans les pas des aventuriers du Grand Nord (1)

Message par Cathy » 04 févr. 2022, 18:32

pvdm100358 a écrit :
04 févr. 2022, 16:13
LLN - Cap Nord Départ : 04/01/2022

J20 Alta (Nor) – Skaidi (Nor) 23/01/2022

Hier soir est arrivé au camping un jeune Berlinois – Kristoff, 33 ans - qui se rend au Cap Nord en voiture.
Nous ne sommes que deux au camping et avons le loisir de nous choisir une chambre chacun dans un bâtiment, ce qui rend les sanitaires « privatifs ».
Le lit est quelque peu spartiate, mais cela me va bien et le prix est en rapport.
La réservation se fait par téléphone, transfert de codes qui ouvrent des « boîtes à clés » (!), nous donnant accès au salon/cuisine et aux chambres.
C’est un mode assez impersonnel, mais cela permet au camping de fonctionner en hiver à moindres coûts.
En soirée, nous consultons www.vegvesen.no/trafikk qui nous indique que la route sera fermée à 76 km de Honningsvag, dernière ville avant d’entamer les 32 derniers km qui mènent au Cap.
Trois autres sections sont en attente d’ouverture, la décision devant tomber à 10h le lendemain.
Je consulte la météo et m’aperçois que le temps va se dégrader à partir de 14h.
Je décide donc de rouler un maximum de km en matinée et à 8h45’, niveau rectifié, tension du câble d’embrayage vérifiée, je suis prêt.
Kristoff vient de se lever et nous discutons un brin ;
« - Ton instinct de survie ne te dit-il pas de rester ici, au chaud ?
- Ca, c’est ce que la paresse me susurre tous les matins à l’oreille ; à cette heure-ci, l’instinct de survie n’a pas encore eu le temps d’être sollicité »
La température est de -4°c, il fait encore nuit, mais il n’y a pas de vent, cinq à six centimètres de neige sont tombés ; vamos !
Et cela se confirmera durant toute la matinée, même le soleil pointera d’abord un dard, un voile ensuite, pour finir par la lueur d’une explosion au ras de l’horizon !
La fine couche de neige fraîche rend la route plus confortable, et c’est un vrai plaisir de rouler dans ces conditions, la lumière change tout !
Vers 11h, j’ai parcouru 110 km et je fais le plein dans la dernière station répertoriée avant d’arriver au Cap Nord, à Olderfjord qui compte aussi le seul lieu d’hébergement avant Honningsvag.
Je l’avais repéré sur le net la veille, car si la route reste fermée, je devrai trouver à loger.
Vingt km plus loin, deux poids lourds et cinq voitures sont à l’arrêt devant une barrière, fermée, et parcourue de signaux lumineux.
Je me range dans la file en supposant que si tout ce petit monde attend, c’est que la route va s’ouvrir. Il est 11h40’.
Vingt minutes s’écoulent quand une déneigeuse nous dépasse, la barrière se lève… et se referme derrière elle.
Une autre déneigeuse arrive en face, mais même scenario, ce n’est pas encore à notre tour.

Entre-temps, le vent s’est levé et a forci ; des stries de neiges se forment et mes mains privées de leur chauffage, commencent à s’engourdir.
Quelques pas volontaires me feront du bien assurément ; grand bien me prit car les occupants de la voiture me suivant, me font signe d’approcher et me proposent de m’asseoir au chaud ; proposition acceptée sans hésitation.
Le couple travaille à Honningsvag, consulte en ligne le site officiel et confirme que la décision d’ouvrir doit intervenir à 13h. Chouette, il ne reste que vingt minutes à attendre.
Mais, le vent forcit encore et la faible lumière du soleil a disparu.
On cause, d’où je viens, où je me rendrai ensuite, … quand elle aperçoit sur son téléphone que le statut a changé : pas d’ouverture à 13h, décision reportée à 15h !

Avec le temps advenu, je me dis que c’est râpé pour aujourd’hui et que si je veux trouver un abri pour la nuit, je ne dois pas traîner.
Retour à Olderfjord ; c’est fou comme les conditions changent vite. Il y a une bonne heure, elles étaient idéales, maintenant, il fait sombre, le vent balaie la neige et le froid s’installe.

Devant le Russenes Camp d’Olderfjord, Kristoff est garé !? Il a démarré à 9h45’ et vient d’arriver ; il a eu le temps de faire le tour de la bâtisse, de constater que tout est clos, de téléphoner au numéro indiqué pour s’entendre dire que par manque de réservations, c’est fermé !
On se souvient que nous avions écarté de nos choix un hôtel à Skaidi, située vingt km en amont.
Il téléphone et il nous est répondu que c’est fermé, mais que si nous venons, il ouvrira.
RV est pris et une demie heure plus tard, nous sommes garés devant l’hôtel.
Re-coup de fil et le temps que le gérant arrive, notre check-in se fait rapidement.

Il nous explique que si nous voulons sortir de l’hôtel – le restaurant est fermé ! – nous devrons sortir et entrer par la sortie de secours dont il nous copie le code ; en effet, il verrouille la réception et le lobby y attenant ce qui nous enferme dans notre couloir.
Il règne une ambiance à la Shinning…. !
Hormis nos deux chambres, tout est éteint, l’hôtel est situé sur une hauteur totalement enneigée, pas d’enseigne lumineuse… . Shinning, vous dis-je !

Kristoff et moi, descendrons dans le village, manger un bout à la station-service/restaurant qui est ouvert !! alors que nous sommes dimanche !!
Quand nous remontons vers nos pénates, il n’est que 16h30’ et nous avons l’impression d’être déjà en soirée.
Il y a peu de chance, vu les prévisions météo que la route s’ouvre dès demain ; probablement devrons-nous attendre mardi.
Il restera ensuite un secteur, l’ultime menant à la pointe du Cap, qui ne se fait qu’en convoi et qui est souvent fermé pour cause de vent.
Le couple qui m’a hébergé un moment m’a confirmé que cette dernière section est souvent inaccessible en hiver.
Je ne compte pas attendre une semaine sur place qu’une fenêtre s’ouvre; si je dois renoncer à 100 km du but, soit. Ce n’est pas grave et j’ai encore une longue route qui m’attend.
On verra, donc.

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Encore merci Pierre pour la richesse de tes partages, les paysages sont somptueux.

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Re: PVDM : dans les pas des aventuriers du Grand Nord (1)

Message par pvdm100358 » 05 févr. 2022, 17:29

LLN – Cap Nord Départ : 04/01/2022

J21 Skaidi (Nor) – Honningsvag (Nor) 24/01/2022
Hier, la dernière consultation du site officiel de l’état des routes laissait peu d’espoir de joindre Honningsvag le lendemain ; toutes les décisions seraient prises à 9hAM.
Chritophe (je me suis trompé dans l’orthographe de son nom) et moi, nous étions donnés RV pour le petit-déjeuner à 7h30’ ; il avait déjà reconsulté le site et les décisions étaient fixées à 10h, ce matin.
Sorti pour déjà préparer mon side au départ, c’est sous de gros flocons que je dû enlever la bâche et refaire mon niveau. Je le fis tourner aussi car loin de se réaliser, les températures positives annoncées ne sont point advenues ; il fait -4°c et je préfère cela. Sur le temps que je mis à cet entretien quotidien et à faire chauffer mon huile, le type d’averse changea par trois fois : gros flocons, grésil et poudreuse… !
Vu le temps, je me dis que c’est râpé pour joindre Honningsvag aujourd’hui, et je rebâche le side.
La météo va nous jouer un mauvais tour ; elle va nous appâter, avant de nous crucifier !
A dix heures pile, Christophe frappe à ma porte pour me dire que la route est ouverte !!? je n’osais y croire.
Je me dépêche à m’équiper – cela prend dix bonnes minutes quand même – puis, débâcher, ranger les bagages, mettre les sous-gants, les gants, brancher les deux coupe-circuits, brancher le câble de visière, mettre la clé et démarrer, à 10H 20’, on s’élance. Christophe a décidé de me suivre.
Il neige, il vente, mais modérément. Nous avons 99 km à franchir pour atteindre l’étape.
Les 20 premiers se déroulent sans encombre, il n’y a personne et la route est dégagée, la visibilité est bonne.
Petit à petit, le vent se déchaîne, le ciel prend la couleur du plomb, et laisse place à un véritable blizzard. Je n’ai jamais roulé dans de si périlleuses conditions !
Je ne vois pas à trente mètres la plupart du temps ; le vent change de cap, soulève des voiles impénétrables ; lorsqu’il est de face, j’ai du mal à tenir le 50 km/h en 3ème. Quand il frappe de côté, je dois mettre toute ma force pour tenir le side sur le bon côté de la piste !
Je sens les dards de neige me frapper le cou, sur la visière le « pic-pic » trahit des flocons gelés.
Je fixe mon regard sur les bâtons rouge qui signalent le bord de route et suis tout dérouté lorsque je longe un dégagement d’où ils disparaissent me laissant deviner la suite à négocier. Sur une portion de 400 m, les piquets ont disparu et c’est à moins de 30 km/h que je m’avance.
Un panneau à peine lisible indique qu’il nous reste 48 km à franchir et je n’ai jamais accueilli une entrée de tunnel avec un tel soulagement. Celui-ci fait 6,1 km, il y en aura encore trois autres de longueur moindre, mais à chaque fois, je les ai bénis.
A 13h, nous arrivons dans la ville et je laisse passer Christophe pour nous mener à l’hôtel qu’il a déniché sur le net.
Le vent ne faibli pas et nous garer tient du TT ; je dois même enclencher le 2WD pour y parvenir. Christophe devra renoncer et aller chercher une place sur la route.
A plusieurs reprises, j’ai pensé en roulant dans ces conditions dantesques, que ma petite machine, si décriée parfois, marche vachement bien ; pas une hésitation, pas un instant de faiblesse !
J’y ai consacré du temps, mais surtout, la fiabilisation des parties mécanique et transmission sont l’œuvre de Dan (1) dont je n’hésite pas un instant à faire la pub ici. Durant ces km’s, je me suis senti en pleine confiance de ce côté ; mes craintes sont venues de mes limites, pas de celles de la machine.
L’hôtel est petit, à front de route, mais serait-il à demi en ruine que je l’adopterais !
Ici aussi, juste un numéro de tél épinglé sur le comptoir de la réception ; il faudra dix minutes au gérant pour arriver.
Vite fait, bien fait, nous récupérons nos clés et je retourne au side pour prendre mes bagages et le bâcher.
Tâche compliquée par ce vent, s’il en est ! J’ai les mains gelées le temps d’y réussir.
Nous sommes cependant bien installés ; il n’est pas possible de joindre le Cap Nord situé à 32 km, aujourd’hui, aucun convoi n’est organisé.
Il y a peu de chance qu’il y en ait un demain ; mercredi, en revanche, la météo devrait le permettre.
Durant les quelques courses alimentaires auxquelles nous consacrons notre après déjeuner, la neige cesse de tomber, mais le vent ne désarme guère.
Je n’ai pas pris de photos (!!), mais Christophe en a pris quelques-unes que je vous joins volontiers.
___________________________________________________________________________
(1) Daniel Winter, Est-Motorcycles à Manzat France

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Re: PVDM : dans les pas des aventuriers du Grand Nord (1)

Message par pvdm100358 » 05 févr. 2022, 17:34

LLN – Cap Nord Départ :04/01/2022

J22 Honningsvag (Nor) – Honningsvag 25/01/2022
Journée off; la tempête ne faiblit pas, la couche de neige s’épaissit d’heure en heure.
Pas d’amélioration attendue avant jeudi.
Ce matin, la bâche protégeant le side se prenait pour un drapeau, les élastiques ayant lâché sur le côté droit. J’emporte avec moi de quoi renforcer ces fixations et une demi-heure plus tard, les choses rentrent dans l’ordre ; une sangle passant latéralement d’un côté à l’autre termine d’assurer le maintien de l’ensemble.
Je voulais vérifier mon niveau d’huile moteur, mais avec un tel blizzard, ce n’est pas la peine d’essayer. De toute façon, demain ce sera le même régime, j’ai donc encore un peu de temps devant moi.
Nous décidons d’occuper notre journée « intelligemment » et cherchons ce qu’il y a visiter dans le coin…bon, le coin est réduit, petit même.
Un musée, une antenne « tourisme », deux magasins de souvenirs, deux restaurants, un magasin « Christmas themed »… et voilà tout !
On se rend de l’un à l’autre et le tour est vite fait : la moitié est fermée.
Christophe se souvient que lors de son précédent passage – il avait manqué le Cap Nord, inaccessible durant une semaine entière – il avait pu visiter une usine conditionnant les produits de la mer.
Coups de téléphone tous azimuts pour s’entendre dire que tout est fermé sur Honningsvag ; une autre usine pourrait nous recevoir demain, mais – et ce n’est pas une blague ! – si d’ici là, ils ont pu pêcher du poisson !?
Les conditions météo sont tellement mauvaises qu’ils n’ont rien reçu ni hier, ni aujourd’hui.
A 11h, le musée ouvre et nous sommes seuls à y entrer ; des photos d’époque narrent l’histoire de la ville et des environs ainsi que de l’épopée touristique du Cap. Un long chapitre relate le joug allemand durant la dernière guerre et la manière dont la ville s’est rétablie après avoir été rasée par l’action conjointe de la fuite des allemands et l’offensive soviétique.
Un rapide tour dans le magasin de souvenirs ouvert permet de compléter les quelques cadeaux destinés à mes petits-enfants. Le reste des « attractions» de la ville affiche un Closed intraitable.
Une brève accalmie offre un créneau « photos » ; brève vraiment, cette accalmie !
Durant nos recherches, nous nous sommes arrêtés dans une boutique « Aventures » afin de glaner quelques informations que le nouveau préposé à l’antenne info tourisme ignoraient.
On papote avec le gérant de ce qu’il y a à voir ou à faire, et comme ils nous demandent d’où nous venons, son visage s’éclaire lorsqu’il apprend que je suis belge ; il vient d’Anvers ! On parle français, flamand, puis reprenons en anglais pour ne pas laisser Christophe sur la touche.
Il tient ce commerce depuis sept années, en ayant auparavant passée une dizaine au Canada.
Tous nous confirment cependant, que la route menant au Cap restera fermée demain ; qu’en revanche, il est fort probable qu’elle ouvrira jeudi.
Nous décidons d’attendre et de tenter une visite demain à l’usine de conditionnement des produits de la mer, située dans un village proche.
Je passerai quelques heures à lire, merveilleux moments de repos physique, dont l’imagination s’empare pour suivre les méandres épiques tracés par l’auteur. (Jean-Christophe Ruffin « Rouge Brésil »)
Nous terminerons la journée au seul resto ouvert, bien rempli d’ailleurs.
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Re: PVDM : dans les pas des aventuriers du Grand Nord (1)

Message par pvdm100358 » 05 févr. 2022, 17:40

LLN - Cap Nord Départ : 04/01/2022

J23 Honningsvag (Nor) – Honningsvag 26/01/2022
Il est 7h, la force du vent a faibli, mais il neige encore.
J’en profite pour refaire le niveau d’huile et je rebâche l’ensemble.
Le site officiel confirme que la dernière section de 13 km qui mène au Cap et ne se parcourt qu’en convoi, restera fermée ce jour.
Tout converge pour que demain, jeudi, s’ouvre l’opportunité d’atteindre, enfin !, ce fameux Cap Nord.
Durant le petit-déjeuner, Christophe et moi, convenons de visiter deux petits ports de pêche à proximité ; celui de Skarsvag et celui de Kamoyvaer.
Tous deux sont plantés de jolies maisons traditionnelles, d’une rade abritée et d’un mini-port où se dandinent une dizaine de petits bateaux de pêche. Aucun commerce d’ouvert, quoiqu’en dise Internet.
Nous passerons devant la barrière fermant la dernière section menant au Cap…et y reviendrons demain.
Le temps reste incroyablement changeant ; l’on admire le bleu pâle du ciel pour tomber deux virages plus loin, dans une aveuglante tempête blanche !
Le soleil pointe cinq kilomètres plus loin et disparait, absorbé en quelques minutes par un noir nuage.
On s’arrête régulièrement pour figer les images ; Christophe est très bien équipé. La photo est un de ses dadas.
Il est 13h et nous avons fait le tour de ce qu’il y a à voir et à visiter dans les environs immédiats.
J’ai renoué brièvement avec le confort qu’offre une voiture ! Le pied !
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Re: PVDM : dans les pas des aventuriers du Grand Nord (1)

Message par pvdm100358 » 05 févr. 2022, 17:41

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Re: PVDM : dans les pas des aventuriers du Grand Nord (1)

Message par pvdm100358 » 05 févr. 2022, 17:43

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