PVDM : dans les pas des aventuriers du Grand Nord (2)

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Cathy
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Re: PVDM : dans les pas des aventuriers du Grand Nord (2)

Message par Cathy » 12 févr. 2022, 12:00

pvdm100358 a écrit :
11 févr. 2022, 18:36
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Re: PVDM : dans les pas des aventuriers du Grand Nord (2)

Message par Est-Motorcycles » 12 févr. 2022, 12:04

Cathy a écrit :
12 févr. 2022, 12:00
pvdm100358 a écrit :
11 févr. 2022, 18:36
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No comment... :P
http://www.est-motorcycles.fr/
Une petite vie de concessionnaire URAL en Auvergne et sa fin.
Est-Motorcycles, une histoire d'affineur d'Urals, de pourvoyeur d'aventures. Inventeur, voyageur curieux de tout.
Il est quasi impossible de détruire quelque chose qui a été créé avec le coeur.
Libérez tous les otages !
Mon voyage essentiel : la poursuite du merveilleux.
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Re: PVDM : dans les pas des aventuriers du Grand Nord (2)

Message par pvdm100358 » 12 févr. 2022, 20:44

LLN – Cap Nord – LLN Départ : 04/01/2022

J38 Tallinn (Est) – Voiste (Est) 10/02/2022
Hier soir, Marco d’Easthighway, m’a envoyé l’adresse d’un club moto situé à Voiste , à 167 km au sud de Tallinn, associé au prénom « Mart », m’assurant qu’il pouvait me recevoir dans son garage.
A 9h, sur une épaisseur de 10 cm de glace, je me suis mis en route. La température est de -1°c.
Il n’y a pas grand-chose à dire sur celle-ci ; elle est faite de lignes droites, tantôt longeant des forêts, tantôt le morne squelette rouillé d’une voie de chemin de fer, tantôt la mer que l’on distingue au travers de 30 m de pins… un côté « Landes » en somme.
Deux signes remarquables de notre vieille Europe se révèlent : je croise de nombreux renards et les panneaux de signalisation figurent des cerfs et non plus des élans !
A l’arrivée, j’ai un doute car il s’agit d’un vaste ensemble hétéroclite de bâtiments bas – juste un rez, avec un toit de tuiles ou d’ondulés d’acier – qui s’étend sur au moins deux hectares. Le tout semble en mauvais état.
Je m’avance au ralenti, et découvre une Mercedez garée, certes ancienne, mais qui me semble avoir circulé tout récemment.
J’entre dans le bâtiment, qui est un atelier mécanique et un jeune gars, élancé et costaud, m’accueille avec un sourire espiègle et me lance : « alors, c’est vous !? »
Mart Peterson me dit de faire le tour et d’entrer par la porte sectionale que j’y trouverai.
Je suis vite installé et débute illico le grand entretien de la machine. J’en profiterai pour enfin, résoudre la fuite de mon décanteur de vapeur d’huile ; c’est Mart qui s’en charge pendant que j’œuvre à mon entretien.
Durant les deux heures et demi que prend celui-ci, ce sont quatre autres membres du club Kärnataja qui nous rejoindront ; un tel m’offre un café, l’autre me montre une aile du bâtiment contenant…30-40 motos et voitures à retaper, customiser, vampiriser !
L’entretien terminé, ils m’emmènent cent mètres plus loin, dans un autre ensemble de bâtiments, et je comprends que là se trouve les locaux du club ; salon avec fauteuils, tables, bar, cuisine, et même une sdb et un wc ! Le tout chauffé par un immense poêle à bois de fabrication maison (voir photo).
Les deux ailes attenantes, contiennent un atelier mécanique, un stock – encore ! – de 30 motos de toutes marques et une dizaine de moto destinées à la « montée impossible » ; toutes de fabrication artisanale, bien entendu.
On papote, mais il est déjà 17h et il faut trouver à me loger ; Mart téléphone à une connaissance, mais son établissement est complet, alors Andres, le Président du Club, me propose de rester dormir là.
Il y a à l’étage – 1,4M sous plafond – des matelas et des couettes qui leur permettent de ne pas reprendre la route lors de soirées festives.
Comme il y a une sdb, une cuisine et que j’ai du matériel de couchage, pourquoi pas.
Ils me disent d’amener le side par ici, aussitôt dit, aussitôt fait ; sauf qu’un amas de glace empêche d’ouvrir les battant de la porte… qu’à cela ne tienne, deux lascars se saisissent de cognées et font place nette en dix minutes chrono !
Les mêmes me fendent une demi-stère afin d’approvisionner leur Vulcain d’acier - ou plutôt leur Kàrta d’acier (Kàrta, dieu du feu balte) – pendant que Mart m’explique quelques-unes de ses œuvres :
Une moto diesel dont toutes les pièces sont de sa main – rien que le mécanisme de poignée d’accélérateur est une petite merveille ! – une autre avec un moteur composé de cylindres VW, de culasses et bloc Ural, posé longitudinalement,… là, un V8 Mercedez sur un chassis de sa fabrication, et j’en passe.
Il me montre aussi celle sur laquelle il travaille pour le moment : une voiture dont le point le plus élevé ne dépasse pas 70 cm de hauteur.
Puis, ils s’en retournent chez eux, mais Andres et Mart repasseront chacun deux fois, pour me tenir compagnie.
Sacré gaillard, le Mart. Il m’explique qu’alcoolique repenti depuis quatre ans, il s’est plongé dans cette activité, créer des véhicules qui n’existent nulle part ailleurs.
A côté de cela, il gagne sa vie comme soudeur et mécanicien.
A y regarder de plus près, il est sacrement doué. Il travaille le bois aussi et ce qu’il m’a montré est un chef-doeuvre de précision et de beauté.
Je joins des photos pêle-mêle de ce qui me fut montré… des motos et encore des motos ! Ah, une voiture quand même.
Demain, je compte rouler cinq cents km ; j’hésite encore à déclouter mes pneus, mais Mart me l’a déconseillé.
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Re: PVDM : dans les pas des aventuriers du Grand Nord (2)

Message par pvdm100358 » 12 févr. 2022, 20:47

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Kreuzhof
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Re: PVDM : dans les pas des aventuriers du Grand Nord (2)

Message par Kreuzhof » 12 févr. 2022, 21:26

Sacrée rencontre! :D
Ils ont l'air bien déjantés et créatifs! Excellent.
Passe leur le bonjour de Baviére et bon courage à toi pour le marathon de demain.
Dernière modification par Kreuzhof le 13 févr. 2022, 07:48, modifié 1 fois.
Faut que ça tourne!

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Re: PVDM : dans les pas des aventuriers du Grand Nord (2)

Message par schaller_p » 13 févr. 2022, 07:16

Génial des doux dingues...
Le gras est mon allié.

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Re: PVDM : dans les pas des aventuriers du Grand Nord (2)

Message par fred59 » 13 févr. 2022, 14:22

Depuis Pärnu , il y a un ferry pour l'île de Kihnu . Les coutumes des femmes sont classées au patrimoine mondial de l'Unesco. Et elles conduisaient des side-car alors que les maris étaient en mer. Il en reste quelques uns. Et en Lituanie , à Siauliai, la colline des croix est impressionnante. Si tu peux faire le détour. Les récits et photos me font toujours rêver. Un grand merciImageImage

pvdm100358
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Re: PVDM : dans les pas des aventuriers du Grand Nord (2)

Message par pvdm100358 » 13 févr. 2022, 18:17

LLN – Cap Nord – LLN Départ : 04/01/2022

J39 Voiste (Est) – Bauska (Lituanie) 11/02/2022
A 8h30’, je suis prêt à partir et Mart arrive pour me saluer ; dernier « thank you so much » - aucun n’a voulu de paiement pour quoique ce soit - et je m’élance, direction la Pologne, via la Lettonie et la Lituanie ; le thermomètre indique -1°C.
S’il reste de la neige sur les bas-côtés, il est rare d’en trouver sur la route et je me dis que j’aurais bien fait d’ôter les clous quand même car sur le bitume, ce n’est ni confortable, ni bons pour les pneus. Ce soir, arrivé dans un hôtel, je m’y mettrai.
J’avance bien sans dépasser les 75 km/h. A midi, j’en suis à 223 km, quand sortant d’un rond-point, dzzoing et plus d’embrayage ! Le câble est cassé. Pas grave, j’en ai un de rechange avec moi.
Je m’arrête un peu plus loin à une pompe et demande s’il y a un garage dans le coin ; la brave dame ne comprend pas l’anglais et je ne parle pas un mot de Lituanien… mais, elle comprend tout de même « help » et « problem, trouble » et me dessine un schéma pour atteindre un garage moto, me fait-elle comprendre.
Je ressors muni du plan et ce sont d’autres gars tractant deux motos qui viennent discuter ; ils se rendent dans les Dolomites pour quelques jours. L’un d’eux connait un garage moto dans le coin et en appelle le patron ; celui-ci me dit d’avancer de 200 m et que je trouverai deux garages qui me permettront de travailler. J’y vais, mais ne trouve qu’un contrôle technique pour voiture.
Y attendent deux hommes à qui je m’adresse ; le premier ne parle pas anglais, le deuxième me dit de le suivre, il travaille dans un garage à quelques encâblures.
Et me voilà, dans un coin du garage à remplacer le câble, ce qui me prend un peu plus de dix minutes, Viktor s’occupant de la poignée et moi de la partie basse.
Cela terminé, je lui demande si je peux en profiter pour ôter les clous de mes pneus ce qu’il accepte.
La galère, la galère ! Je commence par l’arrière moto, et au premier clou dévissé, le pneu se dégonfle… retirer les autres sur un pneu plat, ce fut l’enfer.
Mal mis – assis, le cou plié à droite ou à gauche pour voir ce que je fais – même levé par le cric, l’accès au pneu est très limité du fait de la bavette de garde-boue. Les clous sont abimés, trop enfoncés pour cause de roulage sur le bitume, et je sue à grosses gouttes pour parvenir péniblement à les dévisser.
Après une heure de combat, le cou endolori, les poignets en compote, pour ne pas vociférer toute la panoplie de jurons que je possède, je change de pneu ; c’est tout de suite plus simple sur un pneu gonflé. L’avant et celui du panier, sont montés avec chambre à air, ce qui pour le coup, est une bonne chose car si les clous/vis ont percé l’épaisseur du pneu, ils n’ont pas perforé la chambre à air renforcée de 4 mm d’épaisseur.
Quand Viktor revient de son déjeuner, je lui dis qu’il faudrait trouver un marchand qui puisse réparer le pneu arrière, voire s’il y a trop de fuite, d’y mettre une chambre à air, car j’en ai une de rechange avec moi.
Je démonte la roue arrière et termine d’en enlever les clous, avec beaucoup de difficulté ; me voyant à bout, Viktor se chargera des vingt derniers.
Dans un autre garage à côté de celui dans lequel je travaille, il a tout ce qu’il faut pour changer les pneus… et en y mettant de l’air sous pression, ce ne sont pas moins de quatre fuites (1) que l’on identifie. On opte donc pour y insérer une chambre à air.
Il est 17h, quand je finis d’avoir tout remonter. Je lui demande ce que je lui dois et…non, il ne veut rien de rien. Je lui propose de boire un verre, alors. Non, non, il a encore du boulot.
Et voilà, une fois de plus, je reste sans voix devant tant de gentillesse, de serviabilité, de fraternité. Le mot n’est pas trop fort, il s’agit vraiment de fraternité.
Je suis mort, vidé ; je n’ai pas mangé depuis ce matin et ces clous m’ont achevé !
Un petit hôtel au personnel accueillant fait l’affaire ; débarrassé, je commence par dîner et à 20h30’, je me couche et dormirai d’une traite jusqu’au lendemain 6h30’. Quel bonheur !
Demain, je devrais arriver en Pologne, j’y vise Lomza.
(1) C’est de ma faute, car d’abord, je ne suis pas parti en pneu neuf, ce qui est une erreur.
Ensuite, j’ai choisi des clous plus longs que la dernière fois pour bénéficier de plus d’accroche ; c’est très bien sur la glace ou la neige, ce l’est beaucoup moins pour les passages sur bitume… .
Enfin, ces clous qui dépassent de six mm, ont une vis de 11 mm, ce qui sur des pneus déjà entamés…

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Re: PVDM : dans les pas des aventuriers du Grand Nord (2)

Message par pvdm100358 » 13 févr. 2022, 20:21

LLN – Cap Nord – LLN Départ : 04/01/2022

J40 Bauska (Lituanie) – Lomza (Pln) 12/02/2022
A 7h30’, je suis déjà attablé et une heure plus tard, le side déballé et repu de son appoint d’huile, se lance.
Il fait grand soleil ; il gèle encore, mais la journée promet.
Les camions depuis Tallinn déjà, ont perdu cette élégance, cette bienveillance à l’égard des plus faibles que sont les véhicules plus lents qu’eux ; ces nationales qui fendent les pays baltes du nord au sud, sont très fréquentées par les poids- lourds.
On sent qu’ils en sont réduits à de l’abattage, que leur temps est compté ; ils me hument le derrière, me rasent le flanc, me coupent la vue ! Pas question pour eux de ralentir, ils dépassent quoiqu’il arrive en face, et c’est à plus d’une reprise, que je décélère franchement pour raccourcir au plus le temps du côte à côte, de ce jeu de la roulette russe du bitume, dont il est certain que je serais la victime désignée.
Il me prend d’admirer le ciel, dont l’astre brille à me vriller les yeux, avec quelques nuages effilés, étirés sans doute par une nuit venteuse, qui se teintent d’orange et de rose.
Combien de matin ai-je déjà de mes yeux vus, comment ne suis-je pas blasé ? Les tableaux que nous offrent cette planète, sont indicibles, infinies me semble-t-il ; sans doute est-ce une vie professionnelle et familiale trépidante qui a détourné un moment mon regard de ces simples beautés.
Dans la matinée, un doute s’est immiscé, de temps en temps, en 4e, je sens comme un frein, le side ralentit et vibre… je m’arrête, vérifie qu’aucun disque de frein n’est trop serré par les plaquettes, le sel en quantité déversé sur les routes pourrait entraîner ce phénomène, ne serait-ce pas un roulement de roue… non, tous les contrôles que j’effectue sont satisfaisants.
Alors, je reste en 3e à 55 km/h ; au bout de deux heures, il me semble que le moteur tourne plus librement et j’accélère… je ne connaîtrai plus de souci.
Les kilomètres s’enchaînent ; je ne m’arrête que pour faire le plein, boire un café et avaler un Wrap.
Il fait 4°c maintenant et le soleil est toujours de la partie ; la route n’appelle aucun commentaire particulier.
J’arrive à Lomza à 17h45’, j’ai parcouru 463 km.
Demain, j’espère arriver à Poznan, voire un peu plus loin.
___________________________________________________________________________
PS : Je n’ai pas pris de photos, alors pour celles et ceux qui ne s’en lassent pas, je joins les dernières photos d’aurore boréales que ce petit chanceux de Christophe a pu encore admirer hier, sa dernière soirée avant son retour en Allemagne.

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Message par pvdm100358 » 13 févr. 2022, 20:23

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Re: PVDM : dans les pas des aventuriers du Grand Nord (2)

Message par SamFz » 13 févr. 2022, 21:24

Encore merci Pierre pour ton récit et ces photos magnifiques envoyées par ton (ex)compagnon de route.

Ces aurores sont fascinantes, envoûtantes même ! Belles routes à toi et surtout belles rencontres !

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Re: PVDM : dans les pas des aventuriers du Grand Nord (2)

Message par pvdm100358 » 13 févr. 2022, 22:03

SamFz a écrit :
13 févr. 2022, 21:24
Encore merci Pierre pour ton récit et ces photos magnifiques envoyées par ton (ex)compagnon de route.

Ces aurores sont fascinantes, envoûtantes même ! Belles routes à toi et surtout belles rencontres !
Merci, Sam!

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Re: PVDM : dans les pas des aventuriers du Grand Nord (2)

Message par Kreuzhof » 13 févr. 2022, 22:23

Ausgezeichnet!
Vraiment superbes ces clichés.

Je vois que tu as bien retenu la loi universelle de la route: "quand un 40 tonnes parle, le 500kg écoute" :lol:
Faut que ça tourne!

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Re: PVDM : dans les pas des aventuriers du Grand Nord (2)

Message par Est-Motorcycles » 13 févr. 2022, 22:53

pvdm100358 a écrit :
13 févr. 2022, 20:21
LLN – Cap Nord – LLN Départ : 04/01/2022

J40 Bauska (Lituanie) – Lomza (Pln) 12/02/2022
A 7h30’, je suis déjà attablé et une heure plus tard, le side déballé et repu de son appoint d’huile, se lance.
Il fait grand soleil ; il gèle encore, mais la journée promet.
Les camions depuis Tallinn déjà, ont perdu cette élégance, cette bienveillance à l’égard des plus faibles que sont les véhicules plus lents qu’eux ; ces nationales qui fendent les pays baltes du nord au sud, sont très fréquentées par les poids- lourds.
On sent qu’ils en sont réduits à de l’abattage, que leur temps est compté ; ils me hument le derrière, me rasent le flanc, me coupent la vue ! Pas question pour eux de ralentir, ils dépassent quoiqu’il arrive en face, et c’est à plus d’une reprise, que je décélère franchement pour raccourcir au plus le temps du côte à côte, de ce jeu de la roulette russe du bitume, dont il est certain que je serais la victime désignée.
Il me prend d’admirer le ciel, dont l’astre brille à me vriller les yeux, avec quelques nuages effilés, étirés sans doute par une nuit venteuse, qui se teintent d’orange et de rose.
Combien de matin ai-je déjà de mes yeux vus, comment ne suis-je pas blasé ? Les tableaux que nous offrent cette planète, sont indicibles, infinies me semble-t-il ; sans doute est-ce une vie professionnelle et familiale trépidante qui a détourné un moment mon regard de ces simples beautés.
Dans la matinée, un doute s’est immiscé, de temps en temps, en 4e, je sens comme un frein, le side ralentit et vibre… je m’arrête, vérifie qu’aucun disque de frein n’est trop serré par les plaquettes, le sel en quantité déversé sur les routes pourrait entraîner ce phénomène, ne serait-ce pas un roulement de roue… non, tous les contrôles que j’effectue sont satisfaisants.
Alors, je reste en 3e à 55 km/h ; au bout de deux heures, il me semble que le moteur tourne plus librement et j’accélère… je ne connaîtrai plus de souci.
Les kilomètres s’enchaînent ; je ne m’arrête que pour faire le plein, boire un café et avaler un Wrap.
Il fait 4°c maintenant et le soleil est toujours de la partie ; la route n’appelle aucun commentaire particulier.
J’arrive à Lomza à 17h45’, j’ai parcouru 463 km.
Demain, j’espère arriver à Poznan, voire un peu plus loin.
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PS : Je n’ai pas pris de photos, alors pour celles et ceux qui ne s’en lassent pas, je joins les dernières photos d’aurore boréales que ce petit chanceux de Christophe a pu encore admirer hier, sa dernière soirée avant son retour en Allemagne.

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:shock: :shock: magique...tu as un MP...
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Il est quasi impossible de détruire quelque chose qui a été créé avec le coeur.
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Re: PVDM : dans les pas des aventuriers du Grand Nord (2)

Message par pvdm100358 » 14 févr. 2022, 22:44

LLN – Cap Nord – LLN Départ : 04/02/2022

J41 Lomza (Pol) – Sochaczew (Pol) 13/02/2022
Le soleil brille déjà, le ciel est bleu et dégagé ; il fait zéro degré, la journée s’annonce belle.
J’espère arriver à Poznan ce soir, et sortir de Pologne dès le lendemain, soit une étape de 420 km, voire plus si j’avance bien.
De véritables autoroutes sont maintenant accessibles et je choisis de les prendre pour abattre des km ; néanmoins, je me fixe une vitesse max de 75 km/h car il me semble que c’est une vitesse à laquelle le moteur tourne à son aise en fonction de la charge et du piètre Cx de l’ensemble.
De plus, je consomme pas mal d’huile, une suite des températures extrêmes sans doute ; le moteur n’a pas dû apprécier ces démarrages avec une huile aussi froide.
Je dois trouver de la semi-synthèse 20W50, ce qui n’est pas si simple, surtout si en plus, je souhaite une marque fiable telle Igol ou Motul. Il ne m’en reste que pour 600 km d’huile d’appoint et j’ai encore 1.500 km à parcourir.
Rien de particulier à raconter à propos des autoroutes, bien sûr ; à midi, j’ai déjà avalé 200 km et je décide de m’arrêter à 250 km, question de faire le plein, de manger un bout et de refaire le niveau d’huile moteur. La température est de trois degrés.
Et brusquement, patapout- patapout, un cylindre ne répond plus… je m’arrête sur la bande d’arrêt d’urgence et vérifie illico les bougies ; toutes les deux fonctionnent, l’étincelle est bien visible.
Donc, cela doit venir de l’alimentation en carburant ; je dois sortir de l’autoroute et me trouver un endroit plus sécurisé pour investiguer. Sur un cylindre, je roule facilement à 50-55 km/h, ce qui me surprend.
Hors autoroute, je m’arrête à la première pompe rencontrée ; je commence par boire un café question de réfléchir à la marche à suivre. Vérifier que j’ai encore de la compression sur les deux cylindres, identifier celui qui ne fonctionne plus, puis remonter la chaîne de l’alimentation : injecteur, arrivée d’essence, connexion de l’injecteur, plus en amont, se trouve l’ECU et ce serait le pire car, bien sûr, je ne pourrais me dépanner moi-même.
Le café bu, je sors et deux locaux sont autour de la machine ; ils lèvent le pouce et me demandent si tout est ok…ben, non, et je leur explique que j’ai « perdu » un cylindre.
Piotr me fait signe de ne pas bouger pendant qu’il téléphone. Son compère me dit qu’ils font partie d’un club moto et qu’ils vont m’aider.
Je vous passe les détails, mais il est convenu de me rendre dans un hôtel proche où l’un de leur ami me rejoindra pour me donner un coup de main.
C’est ainsi que j’arrive à l’hôtel Chopin (!) à Sochaczew ; je commence mes tests :
- Démontage des bougies, une par une pour identifier le cylindre défaillant : ok, c’est le droit.
- Démontage de l’injecteur : essai moteur tournant : rien ne sort de l’injecteur.
- J’intervertis et monte l’injecteur droit sur la prise du cylindre gauche : il débite très bien, donc ce n’est pas l’injecteur lui-même qui est en cause.
- Démontage de l’arrivée d’essence à l’injecteur droit ; essai avec pompe à essence allumée : très bon débit. Donc, l’alimentation en carburant n’est pas en cause.
- Connexion électronique de l’injecteur….
- J’attends l’arrivée de Silvak – accompagnée de sa charmante épouse ! – et il retourne chez lui chercher un testeur (20 Km aller/retour, quand même)
- On teste, ok à gauche on a 12v, à droite rien…
- Visuellement, on parcourt les deux petits câbles – bleu/vert et bleu/rouge – on vérifie tant que faire se peut l’état de la connexion elle-même… rien de suspect.
- Pour ce faire, j’ai ôté ma selle ; deux vis ne sont pas très accessibles et me voyant peiner avec mes gros doigts, sa femme me dit qu’elle peut le faire car elle a des doigts plus fins…ça !, non seulement ils sont plus fins, mais manucurés et aux ongles vernis de rose !
Je décline délicatement – son mari se marre ! – lui faisant remarquer que toutes ces pièces ne sont pas très propres.

Zut, sans l’aide d’un ordinateur et du pgr Ural dédié, je ne peux avancer.
Silvak et sa femme m’assurent que dès demain matin, ils vont se démerder pour trouver une solution ; de ses recherches ce dimanche, il conclut qu’il n’y a qu’un seul officiel Ural en Pologne, à …Lomza !! La ville que j’ai quittée ce matin.
Entretemps, j’ai pu prévenir Daniel qui tout dimanche que l’on est, m’assure de son aide et me donnera aussi ses conseils et informations dès demain.
Je me résous donc à une soirée au calme, à m’offrir un bon dîner et à dormir tout mon soûl.
Quand même, ce couple, tous ces gens qui se décarcassent pour un inconnu hirsute et sa drôle de machine… cela me réconcilie avec l’humanité qui trop souvent m’a déçue ; à lire ou entendre les news, on oublie qu’il y a plein d’individus qui s’investissent la main sur le cœur sans rien attendre d’autre qu’un sourire, pour dépanner, pour venir en aide.
Il ne faut pas oublier.
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