URALEUR : J'ME PRESENTE (façon Ballavoine) car je pars en IRAN en side

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Cathy
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Re: URALEUR : J'ME PRESENTE (façon Ballavoine) car je pars en IRAN en side

Message par Cathy » 12 déc. 2023, 17:59

Marip a écrit :
12 déc. 2023, 17:39
uraleur a écrit :
12 déc. 2023, 16:48
Hormis quelques réflexions religieuses, Djalalabad ne nous a pas retenu et nous remontons vers le nord par la vallée du Naryn et ses gorges impressionnantes par leur longueur et leur profondeur. Parfois nous roulons au fond du canyon qui laisse juste la place à la rivière et à la route. D'autres fois, les gorges sont si étroites que seule la rivière se fraye un chemin, la route elle est en surplomb creusée dans la roche.

Quand la fin d'après midi approche il est temps de rechercher la possibilité d'un bivouac. Le fond de gorge s'élargit pour accueillir un pont et quelques maisons. Ce qui m'intéresse c'est la petite route qui franchit le pont et s'extrait des gorges, profitant du vallon creusé par un affluent du Naryn. Je ne suis pas claustrophobe mais après plusieurs heures à rouler au fond de ce couloir j'ai hâte d'en sortir.

Une fois sorti du défilé, nous débouchons sur un petit plateau entouré de montagnes. Le seul lieu plat qui se présente est recouvert de multiples tas visiblement issus d'extraction minières. C'est à dire pas vraiment accueillant. Nous quittons donc ce plateau pour revenir vers les gorges non sans avoir testé un autre site mais trop venté celui-çi.

Nous reprenons la route des gorges en espérant que la carte indiquant que la route quitte le fond de gorge, nous guide vers un terrain de camping avant la nuit. En effet, après une 15ne de kilomètres, la route s'élève et nous amène à une sorte de col et traverse un plan incliné bordé par le canyon d'un coté et une barre rocheuse de l'autre. Le soleil a disparu derrière les montagne et profitant du peu de lumière avant la nuit, j'engage le side sur une petite trace, un peu trialisante mais qui nous mène cahin-caha à une sorte de verger pentu. Le crépuscule laisse entrevoir un endroit qui n'a rien de verdoyant mais c'est un bel endroit. Après quelques tâtonnements on fini par trouver un emplacement pas trop pentu. La tente à peine montée, comme un rideau, la nuit tombe sur un paysage montagneux splendide. Pourquoi n'ai-je pas regardé la carte plus tôt...
merci pour ce récit passionnant que je suis avec beaucoup d'intérêt !
malheureusement, impossible d'ouvrir tes photos, quel dommage !
+1 tu envoies les photos de ton smartphone ?

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Re: URALEUR : J'ME PRESENTE (façon Ballavoine) car je pars en IRAN en side

Message par uraleur » 13 déc. 2023, 06:26

En fait je fais mic-mac entre mon PC sur IMGUR et mon téléphone sur le forum. Visiblement ce qui m'a bloqué sur le forum c'est le VPN et le fait d'utiliser une box WiFi pour le PC.
Bon je prendrai un peu de temps pour trouver une solution.
Concernant les photos, pour être honnête, je vais utiliser quelques photos sur internet, quand elles sont très proches de celles que j'avais faites. Afin de palier la disparition de la plus grande partie de mes photos de voyage. On s'aperçoit que le commun des mortels fait souvent des cadrages similaires.

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Re: URALEUR : J'ME PRESENTE (façon Ballavoine) car je pars en IRAN en side

Message par uraleur » 13 déc. 2023, 06:47

Ironie du sort,je suis actuellement à Osh. Suite à un problème de permis de séjour russe sur mon nouveau passeport, je me suis fait refouler par la police des frontières en arrivant à Irkoutsk. Retour d'où je venais, le Kirghizistan, et le premier avion au départ allait à Osh. Voilà, après 10 jours ici je repars en fin d'après-midi pour Irkoutsk. Cette fois avec un visa touriste, le temps de régulariser mon permis de séjour sur mon nouveau passeport. Merci le service des passeports français !
Osh est une sympathique petite ville à un peu plus de 100km de la Chine.
Ici, depuis quelques jours, froid (-7°) et neige, cela me prépare aux -35° d'Irkoutsk !

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Re: URALEUR : J'ME PRESENTE (façon Ballavoine) car je pars en IRAN en side

Message par Est-Motorcycles » 13 déc. 2023, 16:29

uraleur a écrit :
13 déc. 2023, 06:47
Ironie du sort,je suis actuellement à Osh. Suite à un problème de permis de séjour russe sur mon nouveau passeport, je me suis fait refouler par la police des frontières en arrivant à Irkoutsk. Retour d'où je venais, le Kirghizistan, et le premier avion au départ allait à Osh. Voilà, après 10 jours ici je repars en fin d'après-midi pour Irkoutsk. Cette fois avec un visa touriste, le temps de régulariser mon permis de séjour sur mon nouveau passeport. Merci le service des passeports français !
Osh est une sympathique petite ville à un peu plus de 100km de la Chine.
Ici, depuis quelques jours, froid (-7°) et neige, cela me prépare aux -35° d'Irkoutsk !
Peu importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse !
Merci de reprendre avec patience et fidélité ce récit dont la puissance n'a d'égale que la folie de l'époque...
http://www.est-motorcycles.fr/
Une petite vie de concessionnaire URAL en Auvergne et sa fin.
Est-Motorcycles, une histoire d'affineur d'Urals, de pourvoyeur d'aventures. Inventeur, voyageur curieux de tout.
Il est quasi impossible de détruire quelque chose qui a été créé avec le coeur.
Libérez tous les otages !
Mon voyage essentiel : la poursuite du merveilleux.
Courage, allons !

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Re: URALEUR : J'ME PRESENTE (façon Ballavoine) car je pars en IRAN en side

Message par uraleur » 15 déc. 2023, 10:09

Est-Motorcycles a écrit :
13 déc. 2023, 16:29
uraleur a écrit :
13 déc. 2023, 06:47
Ironie du sort,je suis actuellement à Osh. Suite à un problème de permis de séjour russe sur mon nouveau passeport, je me suis fait refouler par la police des frontières en arrivant à Irkoutsk. Retour d'où je venais, le Kirghizistan, et le premier avion au départ allait à Osh. Voilà, après 10 jours ici je repars en fin d'après-midi pour Irkoutsk. Cette fois avec un visa touriste, le temps de régulariser mon permis de séjour sur mon nouveau passeport. Merci le service des passeports français !
Osh est une sympathique petite ville à un peu plus de 100km de la Chine.
Ici, depuis quelques jours, froid (-7°) et neige, cela me prépare aux -35° d'Irkoutsk !
Peu importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse !
Merci de reprendre avec patience et fidélité ce récit dont la puissance n'a d'égale que la folie de l'époque...
Pour le coup, le flacon m'est resté en travers du gosier quelques jours! :D

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Re: URALEUR : J'ME PRESENTE (façon Ballavoine) car je pars en IRAN en side

Message par uraleur » 15 déc. 2023, 10:35

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Aujourd'hui je vous conte une petite anecdote croustillante qui nous est arrivée entre Osh et Bishkek.
A la sortie d'une petite agglomération, un policier surpris par un véhicule inhabituel chausse précipitamment ses jumelles pour contrôler notre vitesse, les rabaisse aussitôt et de l'autre main lève son bâton de circulation pour m'indiquer de stopper. Même si j'étais en excès de vitesse il n'aurait pas eu le temps de contrôler ma vitesse. Je comprends bien qu'il s'agissait d'une raison pour m'arrêter. Il s'approche et me fait remarquer que mes feux ne sont pas allumés ! Je suis pour le moins surpris vu le contexte local de circulation routière. Mais quand même, la peur du gendarme fait que j'esquisse une manœuvre d'excuse et tout en tapotant la commande des feux de croisement, genre il y a un faux contact, je pousse la commande sur la position « on » . Sauvé par ce pseudo-mauvais contact électrique, je stoppe le moteur car je sens le policier très intéressé par l'Ural. Après les questions habituelles concernant le « Starter » et le « Kardane », il m'explique que plus jeune, il pilotait un Ural. Il me demande si il peut démarrer le moteur, ok, et je descend pour lui laisser la place. Contact et il se met à kicker plusieurs fois sans résultat. Comme son collègue le regarde il est un peu gèner. J'essaye à mon tour en vain également. Comme je n'en suis pas à mon coup d'essais dans ce genre de situation je vérifie le bouton rouge du coupe-circuit qui effectivement est passé sur OFF quand j'ai bricolé la commande d'éclairage. Coup de kick et ça démarre. Il enfourche l'Ural et me fait comprendre qu'il veut faire un tour. Avant que je réponde, il me tend casquette et bâton de signalisation et part avec Renée qui n'avait pas bougé de son siège. Bon je ne m'attendais pas à cela, mais que faire maintenant sinon patienter. Et j'attends... après 5/6 minutes, je commence à trouver le temps long. Pour patienter je chausse la casquette du policier et m'approche de la route, jumelles de contrôle devant les yeux. Ce n'est pas du goût du 2ème policier qui vient vite récupérer les attributs de son collègue. La dessus le side revient, conduit par un policier ravi. Renée est toujours là, tout va bien ! Elle m'explique que quelques kilomètres plus loin il y a un autre contrôle de police et qu'il est allé faire le cador devant ses collègues. On se serre la main et je reprend possession de l'attelage un temps réquisitionné.
Nous repartons et après quelques kilomètres, je vois se profiler une jolie montée et j'aimerais prendre de l'élan. La voiture qui nous précède ralenti et serre à droite. Alors que depuis des semaines nous n'avons pas vu l'ombre d'une ligne blanche tracée sur la route, il y en a une ici. La voiture s'étant bien serrée à droite, j'ai juste la place pour doubler. Les roues de la moto mordent un peu la ligne mais ça passe. Au même moment je comprends pourquoi la voiture ralentissait. C'est le deuxième contrôle de police ! Bien sûr je me fais arrêter et là changement de situation. L'affreux veut me coller un PV pour avoir franchi la ligne blanche. Tant bien que mal j'explique que j'étais obligé de doubler tant la voiture qui me précédait roulait lentement. Rien n'y fait, il m'annonce la couleur : 1800 Som (environ 18€ !)
Sans me fâcher, je réexplique la manœuvre, ça l'agace un peu et il part s'occuper des autres voitures qu'il a arrêtées. Après quelques minutes il revient et redemande 1800 som. Je réexplique mon point de vue de la situation. Il repart, revient quelques minutes après, même scénario. Finalement, d'un geste de la main il m'invite à partir et je comprend bien que les paroles qui accompagnent le geste doivent se traduire par : « casse-toi ! ».
Comme quoi,
si l'on reste calme et courtois
tout s'arrange par un «  casse-toi »

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Re: URALEUR : J'ME PRESENTE (façon Ballavoine) car je pars en IRAN en side

Message par uraleur » 15 déc. 2023, 10:39

Les 2 premières photos je n'avais pas fais exprès!
Cette fois c'est un peu plus conscient... :wink:

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Message par Cathy » 15 déc. 2023, 15:03

uraleur a écrit :
15 déc. 2023, 10:35
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Aujourd'hui je vous conte une petite anecdote croustillante qui nous est arrivée entre Osh et Bishkek.
A la sortie d'une petite agglomération, un policier surpris par un véhicule inhabituel chausse précipitamment ses jumelles pour contrôler notre vitesse, les rabaisse aussitôt et de l'autre main lève son bâton de circulation pour m'indiquer de stopper. Même si j'étais en excès de vitesse il n'aurait pas eu le temps de contrôler ma vitesse. Je comprends bien qu'il s'agissait d'une raison pour m'arrêter. Il s'approche et me fait remarquer que mes feux ne sont pas allumés ! Je suis pour le moins surpris vu le contexte local de circulation routière. Mais quand même, la peur du gendarme fait que j'esquisse une manœuvre d'excuse et tout en tapotant la commande des feux de croisement, genre il y a un faux contact, je pousse la commande sur la position « on » . Sauvé par ce pseudo-mauvais contact électrique, je stoppe le moteur car je sens le policier très intéressé par l'Ural. Après les questions habituelles concernant le « Starter » et le « Kardane », il m'explique que plus jeune, il pilotait un Ural. Il me demande si il peut démarrer le moteur, ok, et je descend pour lui laisser la place. Contact et il se met à kicker plusieurs fois sans résultat. Comme son collègue le regarde il est un peu gèner. J'essaye à mon tour en vain également. Comme je n'en suis pas à mon coup d'essais dans ce genre de situation je vérifie le bouton rouge du coupe-circuit qui effectivement est passé sur OFF quand j'ai bricolé la commande d'éclairage. Coup de kick et ça démarre. Il enfourche l'Ural et me fait comprendre qu'il veut faire un tour. Avant que je réponde, il me tend casquette et bâton de signalisation et part avec Renée qui n'avait pas bougé de son siège. Bon je ne m'attendais pas à cela, mais que faire maintenant sinon patienter. Et j'attends... après 5/6 minutes, je commence à trouver le temps long. Pour patienter je chausse la casquette du policier et m'approche de la route, jumelles de contrôle devant les yeux. Ce n'est pas du goût du 2ème policier qui vient vite récupérer les attributs de son collègue. La dessus le side revient, conduit par un policier ravi. Renée est toujours là, tout va bien ! Elle m'explique que quelques kilomètres plus loin il y a un autre contrôle de police et qu'il est allé faire le cador devant ses collègues. On se serre la main et je reprend possession de l'attelage un temps réquisitionné.
Nous repartons et après quelques kilomètres, je vois se profiler une jolie montée et j'aimerais prendre de l'élan. La voiture qui nous précède ralenti et serre à droite. Alors que depuis des semaines nous n'avons pas vu l'ombre d'une ligne blanche tracée sur la route, il y en a une ici. La voiture s'étant bien serrée à droite, j'ai juste la place pour doubler. Les roues de la moto mordent un peu la ligne mais ça passe. Au même moment je comprends pourquoi la voiture ralentissait. C'est le deuxième contrôle de police ! Bien sûr je me fais arrêter et là changement de situation. L'affreux veut me coller un PV pour avoir franchi la ligne blanche. Tant bien que mal j'explique que j'étais obligé de doubler tant la voiture qui me précédait roulait lentement. Rien n'y fait, il m'annonce la couleur : 1800 Som (environ 18€ !)
Sans me fâcher, je réexplique la manœuvre, ça l'agace un peu et il part s'occuper des autres voitures qu'il a arrêtées. Après quelques minutes il revient et redemande 1800 som. Je réexplique mon point de vue de la situation. Il repart, revient quelques minutes après, même scénario. Finalement, d'un geste de la main il m'invite à partir et je comprend bien que les paroles qui accompagnent le geste doivent se traduire par : « casse-toi ! ».
Comme quoi,
si l'on reste calme et courtois
tout s'arrange par un «  casse-toi »
Très sympa ton anecdote, Renée a dû bien rigoler :lol:

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Re: URALEUR : J'ME PRESENTE (façon Ballavoine) car je pars en IRAN en side

Message par uraleur » 16 déc. 2023, 11:42

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Aujourd'hui nous arrivons à l'embranchement de la piste qui permet d'accéder au lac Son Koul. Je m'arrête et questionne ma passagère pour savoir si elle se sent d'aller jusqu'au lac par la piste. En fait, la situation c'est que j'ai envie d'aller voir ce lac et Renée pas vraiment, surtout, elle n'a plus du tout envie de se faire malmener au gré des trous et des bosses. Je propose de tester la piste sur quelques kilomètres et de décider. La piste est plutôt en bon état, roulante, et je roule tranquille pour ménager la passagère et continuer jusqu'au lac. Mais pour Renée ce n'est plus possible de continuer, le seuil de tolérance est atteint et même dépasser. Demi-tour vers l'asphalte et poursuite du voyage par la route, direction Karabalta puis Bishkek Airport pour une ultime tentative de confirmation de vol.
Arrivés à l'aéroport pour valider le billet de Renée et surtout pour visiter tous les bureaux de Turkish Airline, car eux non plus ne comprennent pas sa démarche ! Finalement on trouve quelqu'un qui finit par imprimer un listing, trouve son nom et la rassure. Je crois qu'elle angoisse à l'idée de louper l'avion et de rentrer en France en side !
Et nous repartons plein est, direction Lac Izik Koul. Ce lac je l'ai fantasmé par les lectures du grand écrivain Kirghise Tchingiz Aïtmatov. A commencer par Il fut un Blanc Navire, le très beau Jamila, le touchant Les rêves de la louve... C'est certain qu'après l'extraordinaire lac Kara-Kul (Tadjikistan), le fantasme est un peu plombé mais quand même.
Maintenant nous longeons le lac par sa rive sud à la recherche d'un (bel) endroit pour planter la tente. La nuit tombe, en traversant le village de Dorozhnoe, j'aperçois des villageois qui remplissent jerrycan et bouteilles à l'eau de la fontaine. Je demande à un homme si il connaît un endroit ou nous pourrions planter la tente ? Il me fait signe de le suivre. Finalement il nous a conduit chez sa mère, qui pas du tout inquiète par les étrangers que nous sommes nous accueille très gentiment et nous prête une chambre. Pendant que nous installions le couchage Sofia nous a préparé un dîner ! La discussion est restreinte et nous rions de la situation. Le matin le petit déjeuner nous attend, poisson, légumes...
Après de chaleureux remerciements nous la quittons pour trouver un bord de lac sympa où camper.
De la route on voit le lac et lorsqu'une piste permet l'accès au lac nous partons à la recherche du spot idéal. Après quelques tentatives infructueuses nous trouvons l'endroit idéal. Seul bémol, l'herbe est envahie de moucherons. Sous nos pas, par centaines, ils s'envolent à quelques 10nes de cm de haut et viennent s'agripper aux pantalons formant une enveloppe noire et luisante des pieds aux genoux. Ajouter à cela une forte attirance pour les lumières de nos lampes quand la nuit fut venue, le repli stratégique sous la tente s'imposa, non sans difficultés pour ne pas y accueillir des nuées d'insectes. Le poète kirghise avait omis cette caractéristique lacustre ! De même lorsqu'il écrivait son roman « Il fut un blanc navire » il était bien loin d'imaginer que pendant l'exploitation d'une mine d'or, une citerne de cyanure se déverserait par accident dans un torrent de montagne alimentant le lac. Rapidement, le poison viendrait contaminer son cher Ysik Koul. A tel point que les poissons vendus localement ou cuisinés dans les restaurants sont importés de Russie. Dois-je compléter le tableau en précisant que l'armée russe y teste ses torpilles.
Revenons à des thèmes plus agréables en évoquant la présence de civilisations il y a plusieurs millénaires, dans la région du lac. Une caractéristique de ce lac, dont la traduction est « lac chaud », est qu'il ne gèle pas en hiver. Celà vient en fait d'une légère salinité de l'eau qui l'empêche de geler.
Le lendemain matin, alors que nous replions la tente en tentant d'éviter d'emballer des moucherons, un homme vient vers nous et nous explique que nous sommes dans une réserve. Nous pouvons rester mais il faut payer l'entrée pour y dormir. Nous nous acquittons du montant très modeste et partons en direction d'un site historique proche où l'on peut voir des pétroglyphes sur leur emplacement d'origine. Nous rejoignons la route par une piste plus directe que celle d'hier pour constater que l'entrée dans la réserve était bien indiquée, pour peu que l'on arrive par la route. Et pas par une piste sur berge !
Quelques 10nes de kilomètres de route vites avalés par un Ural en pleine forme et nous empruntons une piste en direction des pétroglyphes. Comme il nous faut gravir une grosse colline nous abandonnons le side et continuons à pieds.
La marche d'approche est scabreuse, et après quelques errements je dois accepter l'idée que nous ne devons plus être sur le bon sentier. Finalement Renée rebrousse chemin avant le site. Dommage, nous en étions tout proche. Le temps de faire quelques photos et je la rejoins. Nous repartons en direction de la vallée de Barskon. Autrefois itinéraire de la Route de la Soie, aujourd'hui route de l'or car une piste de 80 km donne accès aux mines d'or de Kumtor.
Nous quittons le bord du lac pour prendre une piste de terre, nivelée au cordeau car stratégique. C'est le seul accès à la mine. La piste s'élève rapidement au dessus du lac en direction du massif du Tien Shan et au 10ème kilomètre nous dépassons un scraper qui aplanit la piste, puis peu après, un petit camion citerne équipé d'un arroseur à l'arrière, mouille la piste sur toute la largeur pour éviter de soulever la poussière. 15 km plus loin un 2ème camion citerne puis encore un scraper. Tant de soin pour une piste de montagne ! Je fais remarquer à Renée que j'ai pris soin d'informer de notre arrivé la DDE locale. Mais mon humour n'est pas apprécié ! A l'écart de la piste nous repérons un coin sympa pour bivouaquer, mais il n'est pas tard et nous continuons pour découvrir la vallée où nous allons passer quelques jours. Plus loin un buste de Gagarine au bord de la piste, que fait-il ici ? Cet homme est omni présent dans toute l'ex union soviètique. Le 12 avril 1961 alors que le vaisseau spatial s'arrache du sol, Youri Gagarine lance un : « c'est parti ! » mémorable. Après son tour du monde en 108 minutes, accueilli en héros, il est envoyé en repos au sud du lac Isyk kul.
Un beau replat surplombe la rivière. Plate-forme idéale pour camper, d'ailleurs quelques yourtes nous ont devancé, elles accueillent des touristes kirghises. Il y a ici des départs de rando dont une menant à des chutes d'eau spectaculaires.
Nous poursuivons la montée de cette piste ex-route de la soie et après un énième camion citerne arroseur nous faisons demi tour. Les parois rocheuses de part et d'autre de la piste se rapprochent de la route rendant la vallée moins sympatique. Nous retrouvons le petit pré accueillant repéré plus tôt. Suffisamment éloigné de la piste, recouvert d'herbe verte où court un ruisseau, plus haut des sapins, un vrai paysage helvétique, côté jura. Le lendemain nous partons marcher et sommes stupéfaits de voir passer sur la piste, montant vers la mine, 11 semi-remoques équipés de citernes. Transport de carburant pour la plupart. Pendant une demi-heure ils se succèdent en montant la piste à un train d'enfer. Je comprend l'utilité des camions arroseurs ! Et nous apprenons que cette noria est quotidienne. La mine est à plus de 4000 m d'altitude, implantée dans les glaciers tel un furoncle. La mine de Kumtor est une mine à ciel ouvert. 5000 tonnes de glace sont détruites chaque année et les déchets d'excavation sont déposés sur les glaciers environnants augmentant leur fonte déjà initiée par le réchauffement climatique. Si à cela on ajoute l'accident écologique de 1998 lorsqu'un camion chargé de cyanure s'est renversé, le tableau n'est plus aussi doré. Mais cette activité représente 10% du PIB du Kirghistan ! Et 10% du PIB ça ne se boude pas. Bien sûr l'exploitant canadiens reversait des royalties. Récemment le gouvernement kirghise a mis en avant le désastre écologique de cette mine pour devenir propriétaire de celle-ci. Toujours est-il qu'un minimum de 10 citernes fois 30 000 litres par citerne, ça nous fait 300 000 litres/jour. De quoi abreuver une kyrielle de super engins de transport. Mais j'imagine qu'il faut alimenter des groupes électrogènes, et il y a aussi l'eau potable... La mine emploie entre 1000 et 2000 salariés et produit une quinzaine de tonnes d'or par an.
Mais aujourd'hui ce n'est pas l'or qui nous intéresse mais l'eau et en l’occurrence la cascade de Barksoon. Pour se remettre le dos en place, rien de tel que la marche. Alors nous suivons le sentier qui s'élève rapidement vers la cascade et slalomons entre les sapins. Plus nous montons et plus la pente s'incline. Les arbres abandonnent la partie et ne subsistent que de maigres sapins arc-boutés à leur racines comme des alpinistes à leur piolet. A 2500m les sapins disparaissent peu à peu au profit d'une végétation maintenue rase et sèche par un environnement avare en douceurs. Sur un premier replat nous pouvons admirer la chute d'eau en cascade au dessus de nos têtes. La légende kirghise nous raconte qu'une femelle léopard des neiges, de retour de chasse, constata que ses rejetons indisciplinés avaient quittés la tanière, elle en fut si attristée qu'elle se mit à pleurer, et ses larmes sont devenues cette cascade au triple rebonds.

Il fut un blanc navire...
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Vallée de Barksoon
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Re: URALEUR : J'ME PRESENTE (façon Ballavoine) car je pars en IRAN en side

Message par pvdm100358 » 16 déc. 2023, 16:44

uraleur a écrit :
16 déc. 2023, 11:42
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Aujourd'hui nous arrivons à l'embranchement de la piste qui permet d'accéder au lac Son Koul. Je m'arrête et questionne ma passagère pour savoir si elle se sent d'aller jusqu'au lac par la piste. En fait, la situation c'est que j'ai envie d'aller voir ce lac et Renée pas vraiment, surtout, elle n'a plus du tout envie de se faire malmener au gré des trous et des bosses. Je propose de tester la piste sur quelques kilomètres et de décider. La piste est plutôt en bon état, roulante, et je roule tranquille pour ménager la passagère et continuer jusqu'au lac. Mais pour Renée ce n'est plus possible de continuer, le seuil de tolérance est atteint et même dépasser. Demi-tour vers l'asphalte et poursuite du voyage par la route, direction Karabalta puis Bishkek Airport pour une ultime tentative de confirmation de vol.
Arrivés à l'aéroport pour valider le billet de Renée et surtout pour visiter tous les bureaux de Turkish Airline, car eux non plus ne comprennent pas sa démarche ! Finalement on trouve quelqu'un qui finit par imprimer un listing, trouve son nom et la rassure. Je crois qu'elle angoisse à l'idée de louper l'avion et de rentrer en France en side !
Et nous repartons plein est, direction Lac Izik Koul. Ce lac je l'ai fantasmé par les lectures du grand écrivain Kirghise Tchingiz Aïtmatov. A commencer par Il fut un Blanc Navire, le très beau Jamila, le touchant Les rêves de la louve... C'est certain qu'après l'extraordinaire lac Kara-Kul (Tadjikistan), le fantasme est un peu plombé mais quand même.
Maintenant nous longeons le lac par sa rive sud à la recherche d'un (bel) endroit pour planter la tente. La nuit tombe, en traversant le village de Dorozhnoe, j'aperçois des villageois qui remplissent jerrycan et bouteilles à l'eau de la fontaine. Je demande à un homme si il connaît un endroit ou nous pourrions planter la tente ? Il me fait signe de le suivre. Finalement il nous a conduit chez sa mère, qui pas du tout inquiète par les étrangers que nous sommes nous accueille très gentiment et nous prête une chambre. Pendant que nous installions le couchage Sofia nous a préparé un dîner ! La discussion est restreinte et nous rions de la situation. Le matin le petit déjeuner nous attend, poisson, légumes...
Après de chaleureux remerciements nous la quittons pour trouver un bord de lac sympa où camper.
De la route on voit le lac et lorsqu'une piste permet l'accès au lac nous partons à la recherche du spot idéal. Après quelques tentatives infructueuses nous trouvons l'endroit idéal. Seul bémol, l'herbe est envahie de moucherons. Sous nos pas, par centaines, ils s'envolent à quelques 10nes de cm de haut et viennent s'agripper aux pantalons formant une enveloppe noire et luisante des pieds aux genoux. Ajouter à cela une forte attirance pour les lumières de nos lampes quand la nuit fut venue, le repli stratégique sous la tente s'imposa, non sans difficultés pour ne pas y accueillir des nuées d'insectes. Le poète kirghise avait omis cette caractéristique lacustre ! De même lorsqu'il écrivait son roman « Il fut un blanc navire » il était bien loin d'imaginer que pendant l'exploitation d'une mine d'or, une citerne de cyanure se déverserait par accident dans un torrent de montagne alimentant le lac. Rapidement, le poison viendrait contaminer son cher Ysik Koul. A tel point que les poissons vendus localement ou cuisinés dans les restaurants sont importés de Russie. Dois-je compléter le tableau en précisant que l'armée russe y teste ses torpilles.
Revenons à des thèmes plus agréables en évoquant la présence de civilisations il y a plusieurs millénaires, dans la région du lac. Une caractéristique de ce lac, dont la traduction est « lac chaud », est qu'il ne gèle pas en hiver. Celà vient en fait d'une légère salinité de l'eau qui l'empêche de geler.
Le lendemain matin, alors que nous replions la tente en tentant d'éviter d'emballer des moucherons, un homme vient vers nous et nous explique que nous sommes dans une réserve. Nous pouvons rester mais il faut payer l'entrée pour y dormir. Nous nous acquittons du montant très modeste et partons en direction d'un site historique proche où l'on peut voir des pétroglyphes sur leur emplacement d'origine. Nous rejoignons la route par une piste plus directe que celle d'hier pour constater que l'entrée dans la réserve était bien indiquée, pour peu que l'on arrive par la route. Et pas par une piste sur berge !
Quelques 10nes de kilomètres de route vites avalés par un Ural en pleine forme et nous empruntons une piste en direction des pétroglyphes. Comme il nous faut gravir une grosse colline nous abandonnons le side et continuons à pieds.
La marche d'approche est scabreuse, et après quelques errements je dois accepter l'idée que nous ne devons plus être sur le bon sentier. Finalement Renée rebrousse chemin avant le site. Dommage, nous en étions tout proche. Le temps de faire quelques photos et je la rejoins. Nous repartons en direction de la vallée de Barskon. Autrefois itinéraire de la Route de la Soie, aujourd'hui route de l'or car une piste de 80 km donne accès aux mines d'or de Kumtor.
Nous quittons le bord du lac pour prendre une piste de terre, nivelée au cordeau car stratégique. C'est le seul accès à la mine. La piste s'élève rapidement au dessus du lac en direction du massif du Tien Shan et au 10ème kilomètre nous dépassons un scraper qui aplanit la piste, puis peu après, un petit camion citerne équipé d'un arroseur à l'arrière, mouille la piste sur toute la largeur pour éviter de soulever la poussière. 15 km plus loin un 2ème camion citerne puis encore un scraper. Tant de soin pour une piste de montagne ! Je fais remarquer à Renée que j'ai pris soin d'informer de notre arrivé la DDE locale. Mais mon humour n'est pas apprécié ! A l'écart de la piste nous repérons un coin sympa pour bivouaquer, mais il n'est pas tard et nous continuons pour découvrir la vallée où nous allons passer quelques jours. Plus loin un buste de Gagarine au bord de la piste, que fait-il ici ? Cet homme est omni présent dans toute l'ex union soviètique. Le 12 avril 1961 alors que le vaisseau spatial s'arrache du sol, Youri Gagarine lance un : « c'est parti ! » mémorable. Après son tour du monde en 108 minutes, accueilli en héros, il est envoyé en repos au sud du lac Isyk kul.
Un beau replat surplombe la rivière. Plate-forme idéale pour camper, d'ailleurs quelques yourtes nous ont devancé, elles accueillent des touristes kirghises. Il y a ici des départs de rando dont une menant à des chutes d'eau spectaculaires.
Nous poursuivons la montée de cette piste ex-route de la soie et après un énième camion citerne arroseur nous faisons demi tour. Les parois rocheuses de part et d'autre de la piste se rapprochent de la route rendant la vallée moins sympatique. Nous retrouvons le petit pré accueillant repéré plus tôt. Suffisamment éloigné de la piste, recouvert d'herbe verte où court un ruisseau, plus haut des sapins, un vrai paysage helvétique, côté jura. Le lendemain nous partons marcher et sommes stupéfaits de voir passer sur la piste, montant vers la mine, 11 semi-remoques équipés de citernes. Transport de carburant pour la plupart. Pendant une demi-heure ils se succèdent en montant la piste à un train d'enfer. Je comprend l'utilité des camions arroseurs ! Et nous apprenons que cette noria est quotidienne. La mine est à plus de 4000 m d'altitude, implantée dans les glaciers tel un furoncle. La mine de Kumtor est une mine à ciel ouvert. 5000 tonnes de glace sont détruites chaque année et les déchets d'excavation sont déposés sur les glaciers environnants augmentant leur fonte déjà initiée par le réchauffement climatique. Si à cela on ajoute l'accident écologique de 1998 lorsqu'un camion chargé de cyanure s'est renversé, le tableau n'est plus aussi doré. Mais cette activité représente 10% du PIB du Kirghistan ! Et 10% du PIB ça ne se boude pas. Bien sûr l'exploitant canadiens reversait des royalties. Récemment le gouvernement kirghise a mis en avant le désastre écologique de cette mine pour devenir propriétaire de celle-ci. Toujours est-il qu'un minimum de 10 citernes fois 30 000 litres par citerne, ça nous fait 300 000 litres/jour. De quoi abreuver une kyrielle de super engins de transport. Mais j'imagine qu'il faut alimenter des groupes électrogènes, et il y a aussi l'eau potable... La mine emploie entre 1000 et 2000 salariés et produit une quinzaine de tonnes d'or par an.
Mais aujourd'hui ce n'est pas l'or qui nous intéresse mais l'eau et en l’occurrence la cascade de Barksoon. Pour se remettre le dos en place, rien de tel que la marche. Alors nous suivons le sentier qui s'élève rapidement vers la cascade et slalomons entre les sapins. Plus nous montons et plus la pente s'incline. Les arbres abandonnent la partie et ne subsistent que de maigres sapins arc-boutés à leur racines comme des alpinistes à leur piolet. A 2500m les sapins disparaissent peu à peu au profit d'une végétation maintenue rase et sèche par un environnement avare en douceurs. Sur un premier replat nous pouvons admirer la chute d'eau en cascade au dessus de nos têtes. La légende kirghise nous raconte qu'une femelle léopard des neiges, de retour de chasse, constata que ses rejetons indisciplinés avaient quittés la tanière, elle en fut si attristée qu'elle se mit à pleurer, et ses larmes sont devenues cette cascade au triple rebonds.

Il fut un blanc navire...
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Vallée de Barksoon
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Message par Est-Motorcycles » 16 déc. 2023, 17:43

pvdm100358 a écrit :
16 déc. 2023, 16:44
uraleur a écrit :
16 déc. 2023, 11:42
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Aujourd'hui nous arrivons à l'embranchement de la piste qui permet d'accéder au lac Son Koul. Je m'arrête et questionne ma passagère pour savoir si elle se sent d'aller jusqu'au lac par la piste. En fait, la situation c'est que j'ai envie d'aller voir ce lac et Renée pas vraiment, surtout, elle n'a plus du tout envie de se faire malmener au gré des trous et des bosses. Je propose de tester la piste sur quelques kilomètres et de décider. La piste est plutôt en bon état, roulante, et je roule tranquille pour ménager la passagère et continuer jusqu'au lac. Mais pour Renée ce n'est plus possible de continuer, le seuil de tolérance est atteint et même dépasser. Demi-tour vers l'asphalte et poursuite du voyage par la route, direction Karabalta puis Bishkek Airport pour une ultime tentative de confirmation de vol.
Arrivés à l'aéroport pour valider le billet de Renée et surtout pour visiter tous les bureaux de Turkish Airline, car eux non plus ne comprennent pas sa démarche ! Finalement on trouve quelqu'un qui finit par imprimer un listing, trouve son nom et la rassure. Je crois qu'elle angoisse à l'idée de louper l'avion et de rentrer en France en side !
Et nous repartons plein est, direction Lac Izik Koul. Ce lac je l'ai fantasmé par les lectures du grand écrivain Kirghise Tchingiz Aïtmatov. A commencer par Il fut un Blanc Navire, le très beau Jamila, le touchant Les rêves de la louve... C'est certain qu'après l'extraordinaire lac Kara-Kul (Tadjikistan), le fantasme est un peu plombé mais quand même.
Maintenant nous longeons le lac par sa rive sud à la recherche d'un (bel) endroit pour planter la tente. La nuit tombe, en traversant le village de Dorozhnoe, j'aperçois des villageois qui remplissent jerrycan et bouteilles à l'eau de la fontaine. Je demande à un homme si il connaît un endroit ou nous pourrions planter la tente ? Il me fait signe de le suivre. Finalement il nous a conduit chez sa mère, qui pas du tout inquiète par les étrangers que nous sommes nous accueille très gentiment et nous prête une chambre. Pendant que nous installions le couchage Sofia nous a préparé un dîner ! La discussion est restreinte et nous rions de la situation. Le matin le petit déjeuner nous attend, poisson, légumes...
Après de chaleureux remerciements nous la quittons pour trouver un bord de lac sympa où camper.
De la route on voit le lac et lorsqu'une piste permet l'accès au lac nous partons à la recherche du spot idéal. Après quelques tentatives infructueuses nous trouvons l'endroit idéal. Seul bémol, l'herbe est envahie de moucherons. Sous nos pas, par centaines, ils s'envolent à quelques 10nes de cm de haut et viennent s'agripper aux pantalons formant une enveloppe noire et luisante des pieds aux genoux. Ajouter à cela une forte attirance pour les lumières de nos lampes quand la nuit fut venue, le repli stratégique sous la tente s'imposa, non sans difficultés pour ne pas y accueillir des nuées d'insectes. Le poète kirghise avait omis cette caractéristique lacustre ! De même lorsqu'il écrivait son roman « Il fut un blanc navire » il était bien loin d'imaginer que pendant l'exploitation d'une mine d'or, une citerne de cyanure se déverserait par accident dans un torrent de montagne alimentant le lac. Rapidement, le poison viendrait contaminer son cher Ysik Koul. A tel point que les poissons vendus localement ou cuisinés dans les restaurants sont importés de Russie. Dois-je compléter le tableau en précisant que l'armée russe y teste ses torpilles.
Revenons à des thèmes plus agréables en évoquant la présence de civilisations il y a plusieurs millénaires, dans la région du lac. Une caractéristique de ce lac, dont la traduction est « lac chaud », est qu'il ne gèle pas en hiver. Celà vient en fait d'une légère salinité de l'eau qui l'empêche de geler.
Le lendemain matin, alors que nous replions la tente en tentant d'éviter d'emballer des moucherons, un homme vient vers nous et nous explique que nous sommes dans une réserve. Nous pouvons rester mais il faut payer l'entrée pour y dormir. Nous nous acquittons du montant très modeste et partons en direction d'un site historique proche où l'on peut voir des pétroglyphes sur leur emplacement d'origine. Nous rejoignons la route par une piste plus directe que celle d'hier pour constater que l'entrée dans la réserve était bien indiquée, pour peu que l'on arrive par la route. Et pas par une piste sur berge !
Quelques 10nes de kilomètres de route vites avalés par un Ural en pleine forme et nous empruntons une piste en direction des pétroglyphes. Comme il nous faut gravir une grosse colline nous abandonnons le side et continuons à pieds.
La marche d'approche est scabreuse, et après quelques errements je dois accepter l'idée que nous ne devons plus être sur le bon sentier. Finalement Renée rebrousse chemin avant le site. Dommage, nous en étions tout proche. Le temps de faire quelques photos et je la rejoins. Nous repartons en direction de la vallée de Barskon. Autrefois itinéraire de la Route de la Soie, aujourd'hui route de l'or car une piste de 80 km donne accès aux mines d'or de Kumtor.
Nous quittons le bord du lac pour prendre une piste de terre, nivelée au cordeau car stratégique. C'est le seul accès à la mine. La piste s'élève rapidement au dessus du lac en direction du massif du Tien Shan et au 10ème kilomètre nous dépassons un scraper qui aplanit la piste, puis peu après, un petit camion citerne équipé d'un arroseur à l'arrière, mouille la piste sur toute la largeur pour éviter de soulever la poussière. 15 km plus loin un 2ème camion citerne puis encore un scraper. Tant de soin pour une piste de montagne ! Je fais remarquer à Renée que j'ai pris soin d'informer de notre arrivé la DDE locale. Mais mon humour n'est pas apprécié ! A l'écart de la piste nous repérons un coin sympa pour bivouaquer, mais il n'est pas tard et nous continuons pour découvrir la vallée où nous allons passer quelques jours. Plus loin un buste de Gagarine au bord de la piste, que fait-il ici ? Cet homme est omni présent dans toute l'ex union soviètique. Le 12 avril 1961 alors que le vaisseau spatial s'arrache du sol, Youri Gagarine lance un : « c'est parti ! » mémorable. Après son tour du monde en 108 minutes, accueilli en héros, il est envoyé en repos au sud du lac Isyk kul.
Un beau replat surplombe la rivière. Plate-forme idéale pour camper, d'ailleurs quelques yourtes nous ont devancé, elles accueillent des touristes kirghises. Il y a ici des départs de rando dont une menant à des chutes d'eau spectaculaires.
Nous poursuivons la montée de cette piste ex-route de la soie et après un énième camion citerne arroseur nous faisons demi tour. Les parois rocheuses de part et d'autre de la piste se rapprochent de la route rendant la vallée moins sympatique. Nous retrouvons le petit pré accueillant repéré plus tôt. Suffisamment éloigné de la piste, recouvert d'herbe verte où court un ruisseau, plus haut des sapins, un vrai paysage helvétique, côté jura. Le lendemain nous partons marcher et sommes stupéfaits de voir passer sur la piste, montant vers la mine, 11 semi-remoques équipés de citernes. Transport de carburant pour la plupart. Pendant une demi-heure ils se succèdent en montant la piste à un train d'enfer. Je comprend l'utilité des camions arroseurs ! Et nous apprenons que cette noria est quotidienne. La mine est à plus de 4000 m d'altitude, implantée dans les glaciers tel un furoncle. La mine de Kumtor est une mine à ciel ouvert. 5000 tonnes de glace sont détruites chaque année et les déchets d'excavation sont déposés sur les glaciers environnants augmentant leur fonte déjà initiée par le réchauffement climatique. Si à cela on ajoute l'accident écologique de 1998 lorsqu'un camion chargé de cyanure s'est renversé, le tableau n'est plus aussi doré. Mais cette activité représente 10% du PIB du Kirghistan ! Et 10% du PIB ça ne se boude pas. Bien sûr l'exploitant canadiens reversait des royalties. Récemment le gouvernement kirghise a mis en avant le désastre écologique de cette mine pour devenir propriétaire de celle-ci. Toujours est-il qu'un minimum de 10 citernes fois 30 000 litres par citerne, ça nous fait 300 000 litres/jour. De quoi abreuver une kyrielle de super engins de transport. Mais j'imagine qu'il faut alimenter des groupes électrogènes, et il y a aussi l'eau potable... La mine emploie entre 1000 et 2000 salariés et produit une quinzaine de tonnes d'or par an.
Mais aujourd'hui ce n'est pas l'or qui nous intéresse mais l'eau et en l’occurrence la cascade de Barksoon. Pour se remettre le dos en place, rien de tel que la marche. Alors nous suivons le sentier qui s'élève rapidement vers la cascade et slalomons entre les sapins. Plus nous montons et plus la pente s'incline. Les arbres abandonnent la partie et ne subsistent que de maigres sapins arc-boutés à leur racines comme des alpinistes à leur piolet. A 2500m les sapins disparaissent peu à peu au profit d'une végétation maintenue rase et sèche par un environnement avare en douceurs. Sur un premier replat nous pouvons admirer la chute d'eau en cascade au dessus de nos têtes. La légende kirghise nous raconte qu'une femelle léopard des neiges, de retour de chasse, constata que ses rejetons indisciplinés avaient quittés la tanière, elle en fut si attristée qu'elle se mit à pleurer, et ses larmes sont devenues cette cascade au triple rebonds.

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J'adore!! Merci.
Moi de même, merci ! Cela manquerait si tu ne l'avais pas raconté car personne ne peut se rendre compte !
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Une petite vie de concessionnaire URAL en Auvergne et sa fin.
Est-Motorcycles, une histoire d'affineur d'Urals, de pourvoyeur d'aventures. Inventeur, voyageur curieux de tout.
Il est quasi impossible de détruire quelque chose qui a été créé avec le coeur.
Libérez tous les otages !
Mon voyage essentiel : la poursuite du merveilleux.
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Re: URALEUR : J'ME PRESENTE (façon Ballavoine) car je pars en IRAN en side

Message par uraleur » 17 déc. 2023, 04:41

Pour les amateurs du cinéma soviétique (prolifique) des années 60/70, une version sous-titrée en français de Djamila. En voix off Chingiz Aïtmatov soi-même.

https://youtu.be/uDk_TOzgAg4

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Re: URALEUR : J'ME PRESENTE (façon Ballavoine) car je pars en IRAN en side

Message par Est-Motorcycles » 17 déc. 2023, 13:06

uraleur a écrit :
17 déc. 2023, 04:41
Pour les amateurs du cinéma soviétique (prolifique) des années 60/70, une version sous-titrée en français de Djamila. En voix off Chingiz Aïtmatov soi-même.

https://youtu.be/uDk_TOzgAg4
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Merci, une haute authenticité...et les dessins sont somptueux...
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Re: URALEUR : J'ME PRESENTE (façon Ballavoine) car je pars en IRAN en side

Message par uraleur » 17 déc. 2023, 13:52

Les jours se suivent et ne se ressemblent pas, aujourd'hui il pleut, pour Renée une journée sous la tente c'est aussi impossible que de continuer à parcourir les pistes d'Asie centrale en Ural.
La journée passe tant bien que mal entrecoupé de brèves excursions entre deux averses.
Le lendemain il nous faut repartir, la fin du voyage approche pour Renée mais les derniers jours de voyage sont difficiles.
Petit arrêt au bord d'Ysik Kul, au même endroit qu'il y a quelques jours. Des mariés font leurs photos de mariage au son de l'accordéon. Le bas de la robe blanche de la mariée est tacheté de noir par les moucherons en herbe.
Sympathique séance photo matrimoniale et musicale devant le side,
suivi d'un historique clash conjugal monumental et fatal dans le side !
Ai-je trop photographié la mariée, ou sa jolie demoiselle d'honneur ?
Le lendemain matin départ en direction de Bishkek avec arrêt prévu près de Tokmok, sur le site historique de Balasagun.
Avant de nous élancer nous rendons visite à la station service locale, mais les 5 minutes d'attente sont de trop pour la passagère. Pour la calmer je reprends la route cœur lourd et réservoir léger. Après une 20ne de km, une deuxième station d'essence, hélas fermée, et la troisième également fermée. Le sort s'acharne. 50 km plus loin c'est la panne d'essence, normal ! Heureusement j'ai toujours au moins 5 litres dans le jerrycan. Je désangle le jerrycan, commence à verser mais le vent est si fort que l'essence part à l'horizontal avant d'atteindre le réservoir pourtant à 2 ou 3 cm de jerrycan. Où est le bec verseur ? Inutilisé depuis longtemps, je pars en exploration au fond du coffre du side. Ah le voilà, rangé avec le robinet d'essence de rechange. Robinet que Dan avait trouvé non sans peine. Voilà comment on perd 20 minutes pour s'être exaspéré avec tant d'empressement à la station d'essence. Et pour couronner le tout, je m'apercevrai quelques jours plus tard que, agacé par la situation, je n'ai pas vu que le robinet de rechange avait glissé discrètement au sol, perdu également.
Bon, on maintient le programme et repartons vers la prochaine station d'essence, où, chance, nous sommes les seuls clients !
Enfin nous arrivons sur le site de Balagasun, vestige d'une ville fondée au 9ème siècle par une dynastie d'origine turque. Depuis la belle allée bordée d'arbres rafraîchissants, nous avons en ligne de mire la tour Burana.

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Comme un phare, cette tour (du Xème siècle) construite seulement de brique (le broc n'avait pas encore été inventé!) , s'élevait à 45 mètres de haut. Les tremblements de terre on réduit ce minaret à 25 mètres. L'histoire, ou la légende nous apprend qu'une sorcière avertit un sultan que sa fille mourrait à l'age de dix huit ans. Pour lui éviter ce destin, le sultan fit construire une haute tour et y séquestra sa fille, pour la protéger de ce fatal destin. Hélas, une araignée venimeuse cachée parmi les aliments qu'une servante lui apportait, mordit la belle. Elle mourut à l'age de dix-huit ans selon les prédictions.
Revenons à la tour Burana de 2019, car après avoir gravit l'escalier en colimaçon on parvient sur une terrasse sommitale. De là on devine les restes d'un château fort de la même époque, les murailles rasées par les guerres et le temps sont réduites à de petits monticules arrondis reliant les angles de ce qui avait été une forteresse. Je laisse vagabonder mes yeux vers les collines et vallées environnantes, couvertes d'un patchwork pastel formé de champs de céréales en dégradé de beiges, de cultures de légumes déclinant les verts. Toutes ces nuances végétales sont parsemées de pièces de terre nue où le sol suggère des dégradés changeant du sienne au marron. Plus loin les collines érodées forment un ourlet élégant mêlant les ocres jaunes à toutes les nuances rouges des terres chargées d'oxyde de fer, brûlées par le soleil.
Le tour d'horizon depuis cet observatoire s'arrête net, bloqué par la chaîne du Tian Shan avec tout proche de nous des sommets à plus de 5000 mètres.
Je redescend l'étroit escalier de la tour pour découvrir, comme figées au sol, des « balbals ». Ces pierres tombales au traits humains particulièrement contemporains et pourtant venus du VIème siècle. Ces pierres sculptées étaient destinées à l'hommage post-mortem des personnages importants de la région. Un bel exemplaire au pied de la tour représente un homme à la physionomie de bon-vivant, tenant un verre à la main. Mais point d’offense religieuse, l'islam et son dieu abstème n'étaient pas encore nés et la tolérance kirghize contemporaine suffisamment établie. Un peu plus loin, une petite allée bordée en pointillé de pierres plates nous apprend qu'ici, l'histoire avait commencé bien avant le VI siècle, car on peut admirer de nombreux pétroglyphes du 2ème siècle avant JC.

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Tour Burana et Monts Tian Shan (photo internet)

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Alors que l'on gambade sur les sentiers de ce site et franchissons siècles et millénaires en quelques pas, le soleil, lui a continué sa course et déjà son vol s'arrondit vers une chute fatale pour cette belle journée. Il est temps de nous replier vers Bishkek.
Direction la sortie pour retrouver, à l'ombre des feuillages, Malinovka qui nous attend paisiblement. Je ne boude pas un petit plaisir fait d'un coup de kick et hop, la bête s'ébroue. Le temps d'enfiler le casque et c'est reparti vers d'autres aventures, d'autres histoires. Les 35° de température ambiante et la légère descente vers la vallée dispensent de laisser chauffer le moteur avant le départ !
Deux petites heures après, nous voici aux portes de la capitale Kirghise.
J' appréhendais la traversée de Bishkek et les multiples arrêts imposés par les feux tricolores qui mettent en surchauffe le moteur de l'Ural. Mais avec un peu d'attention on peut anticiper le passage au vert des feux tricolores et conserver une petite allure suffisante pour que l'air refroidisse le moteur flat twin.
Après quelques tours de pâté de maison et de demi-tours dans les ruelles de terre nous parvenons enfin à la guest house Ultimate Aventure. Plus qu'une guest house c'est un havre de paix tout proche du centre ville et aussi un point de ralliement des baroudeurs en tous genres. Et avantage non négligeable pour nous, la promesse de douches et du plaisir de s'allonger sur un vrai lit.
L'avion de Renée pour son retour à la civilisation et aux transports confortables s'envole dans deux jours. Nous profitons de ce bref délais pour visiter Bishkek. En tous cas les endroits proches de la guest house car ma passagère est devenue allergique au panier adjacent de la motocyclette Ural. Pour reprendre la formule d'un certain aventurier, écrivain, poête de la nature et de la géomorphologie. Ces deux dernières activités n'étant pas incompatibles quand Sylvain Tesson, ici concerné, décrit les paysages et les forces qui les animent, utilisant l'un pour décrypter l'autre.

C'est donc à pieds que nous arrivons sur la place Ala-Too au moment de la relève de la garde. Ici la garde n'est pas seule à être relevée, la jambe militaire l'est également. L'héritage soviétique est porté haut. C'est donc au pas de l'oie que les descendants de Manas vont remplacer leurs collègues plantés au pied du mat supportant l'immense drapeau kirghise. A quelques pas de là, nous entrons au musée national où je retrouve l'écrivain poète Chingis Aitmatov, en tout cas son buste. Dans ce musée on découvre l'histoire de ce pays qui a vu passer conquérants et marchands de tous horizons. Des turcs, puis Gengis Kahn, des commerçants chinois, italiens et plus récemment les russes. La visite continue et plus loin trône un splendide portrait d'un kirghise à cheval, fière allure, cheveux de jais tombant sur une peau cuivrée, ce pourrait aussi être le fidèle portrait d'un apache d'outre atlantique. La ressemblance est tellement frappante que je me demande si l'on a comparé les ADN de représentants de ces deux peuples, sans doute liés par une migration préhistorique. Retour chez Ultimate, il est temps pour Renée de préparer son sac à dos pour son envol tant attendu.
Le chant des coqs alentours nous rappellent qu'il est temps de se lever, chant du départ pour Renée.
Et en side jusqu'à l'aéroport, pour le fun ! Cette séparation est en fait un soulagement.
Quand Dan, ou d'autres, disaient préférer partir seuls, que ce genre de voyage doit être solitaire, je les trouvais un peu égoïstes,voir macho. Je dois reconnaître qu'il s'agit d'un autre registre que le partage ou la complicité. Cela dépend sans doute de la façon dont on appréhende le voyage. Chacun sa route. Et puis les conditions de ce type de voyage exigent des liens forts et une compréhension mutuelle établie, presque intuitive. Ce qui visiblement n'était pas notre cas.
La vie continue, le trip must go on.

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Place Ala-Too

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MANAS Chef de guerre et rassembleur du peuple kirghise. Réalité historique et légendes se mêlent dans le récit de ses aventures. Contes de traditions orales inscrits dans le patrimoine de l'humanité.

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Re: URALEUR : J'ME PRESENTE (façon Ballavoine) car je pars en IRAN en side

Message par Marip » 17 déc. 2023, 19:01

uraleur a écrit :
17 déc. 2023, 13:52
Les jours se suivent et ne se ressemblent pas, aujourd'hui il pleut, pour Renée une journée sous la tente c'est aussi impossible que de continuer à parcourir les pistes d'Asie centrale en Ural.
La journée passe tant bien que mal entrecoupé de brèves excursions entre deux averses.
Le lendemain il nous faut repartir, la fin du voyage approche pour Renée mais les derniers jours de voyage sont difficiles.
Petit arrêt au bord d'Ysik Kul, au même endroit qu'il y a quelques jours. Des mariés font leurs photos de mariage au son de l'accordéon. Le bas de la robe blanche de la mariée est tacheté de noir par les moucherons en herbe.
Sympathique séance photo matrimoniale et musicale devant le side,
suivi d'un historique clash conjugal monumental et fatal dans le side !
Ai-je trop photographié la mariée, ou sa jolie demoiselle d'honneur ?
Le lendemain matin départ en direction de Bishkek avec arrêt prévu près de Tokmok, sur le site historique de Balasagun.
Avant de nous élancer nous rendons visite à la station service locale, mais les 5 minutes d'attente sont de trop pour la passagère. Pour la calmer je reprends la route cœur lourd et réservoir léger. Après une 20ne de km, une deuxième station d'essence, hélas fermée, et la troisième également fermée. Le sort s'acharne. 50 km plus loin c'est la panne d'essence, normal ! Heureusement j'ai toujours au moins 5 litres dans le jerrycan. Je désangle le jerrycan, commence à verser mais le vent est si fort que l'essence part à l'horizontal avant d'atteindre le réservoir pourtant à 2 ou 3 cm de jerrycan. Où est le bec verseur ? Inutilisé depuis longtemps, je pars en exploration au fond du coffre du side. Ah le voilà, rangé avec le robinet d'essence de rechange. Robinet que Dan avait trouvé non sans peine. Voilà comment on perd 20 minutes pour s'être exaspéré avec tant d'empressement à la station d'essence. Et pour couronner le tout, je m'apercevrai quelques jours plus tard que, agacé par la situation, je n'ai pas vu que le robinet de rechange avait glissé discrètement au sol, perdu également.
Bon, on maintient le programme et repartons vers la prochaine station d'essence, où, chance, nous sommes les seuls clients !
Enfin nous arrivons sur le site de Balagasun, vestige d'une ville fondée au 9ème siècle par une dynastie d'origine turque. Depuis la belle allée bordée d'arbres rafraîchissants, nous avons en ligne de mire la tour Burana.

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Comme un phare, cette tour (du Xème siècle) construite seulement de brique (le broc n'avait pas encore été inventé!) , s'élevait à 45 mètres de haut. Les tremblements de terre on réduit ce minaret à 25 mètres. L'histoire, ou la légende nous apprend qu'une sorcière avertit un sultan que sa fille mourrait à l'age de dix huit ans. Pour lui éviter ce destin, le sultan fit construire une haute tour et y séquestra sa fille, pour la protéger de ce fatal destin. Hélas, une araignée venimeuse cachée parmi les aliments qu'une servante lui apportait, mordit la belle. Elle mourut à l'age de dix-huit ans selon les prédictions.
Revenons à la tour Burana de 2019, car après avoir gravit l'escalier en colimaçon on parvient sur une terrasse sommitale. De là on devine les restes d'un château fort de la même époque, les murailles rasées par les guerres et le temps sont réduites à de petits monticules arrondis reliant les angles de ce qui avait été une forteresse. Je laisse vagabonder mes yeux vers les collines et vallées environnantes, couvertes d'un patchwork pastel formé de champs de céréales en dégradé de beiges, de cultures de légumes déclinant les verts. Toutes ces nuances végétales sont parsemées de pièces de terre nue où le sol suggère des dégradés changeant du sienne au marron. Plus loin les collines érodées forment un ourlet élégant mêlant les ocres jaunes à toutes les nuances rouges des terres chargées d'oxyde de fer, brûlées par le soleil.
Le tour d'horizon depuis cet observatoire s'arrête net, bloqué par la chaîne du Tian Shan avec tout proche de nous des sommets à plus de 5000 mètres.
Je redescend l'étroit escalier de la tour pour découvrir, comme figées au sol, des « balbals ». Ces pierres tombales au traits humains particulièrement contemporains et pourtant venus du VIème siècle. Ces pierres sculptées étaient destinées à l'hommage post-mortem des personnages importants de la région. Un bel exemplaire au pied de la tour représente un homme à la physionomie de bon-vivant, tenant un verre à la main. Mais point d’offense religieuse, l'islam et son dieu abstème n'étaient pas encore nés et la tolérance kirghize contemporaine suffisamment établie. Un peu plus loin, une petite allée bordée en pointillé de pierres plates nous apprend qu'ici, l'histoire avait commencé bien avant le VI siècle, car on peut admirer de nombreux pétroglyphes du 2ème siècle avant JC.

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Tour Burana et Monts Tian Shan (photo internet)

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Alors que l'on gambade sur les sentiers de ce site et franchissons siècles et millénaires en quelques pas, le soleil, lui a continué sa course et déjà son vol s'arrondit vers une chute fatale pour cette belle journée. Il est temps de nous replier vers Bishkek.
Direction la sortie pour retrouver, à l'ombre des feuillages, Malinovka qui nous attend paisiblement. Je ne boude pas un petit plaisir fait d'un coup de kick et hop, la bête s'ébroue. Le temps d'enfiler le casque et c'est reparti vers d'autres aventures, d'autres histoires. Les 35° de température ambiante et la légère descente vers la vallée dispensent de laisser chauffer le moteur avant le départ !
Deux petites heures après, nous voici aux portes de la capitale Kirghise.
J' appréhendais la traversée de Bishkek et les multiples arrêts imposés par les feux tricolores qui mettent en surchauffe le moteur de l'Ural. Mais avec un peu d'attention on peut anticiper le passage au vert des feux tricolores et conserver une petite allure suffisante pour que l'air refroidisse le moteur flat twin.
Après quelques tours de pâté de maison et de demi-tours dans les ruelles de terre nous parvenons enfin à la guest house Ultimate Aventure. Plus qu'une guest house c'est un havre de paix tout proche du centre ville et aussi un point de ralliement des baroudeurs en tous genres. Et avantage non négligeable pour nous, la promesse de douches et du plaisir de s'allonger sur un vrai lit.
L'avion de Renée pour son retour à la civilisation et aux transports confortables s'envole dans deux jours. Nous profitons de ce bref délais pour visiter Bishkek. En tous cas les endroits proches de la guest house car ma passagère est devenue allergique au panier adjacent de la motocyclette Ural. Pour reprendre la formule d'un certain aventurier, écrivain, poête de la nature et de la géomorphologie. Ces deux dernières activités n'étant pas incompatibles quand Sylvain Tesson, ici concerné, décrit les paysages et les forces qui les animent, utilisant l'un pour décrypter l'autre.

C'est donc à pieds que nous arrivons sur la place Ala-Too au moment de la relève de la garde. Ici la garde n'est pas seule à être relevée, la jambe militaire l'est également. L'héritage soviétique est porté haut. C'est donc au pas de l'oie que les descendants de Manas vont remplacer leurs collègues plantés au pied du mat supportant l'immense drapeau kirghise. A quelques pas de là, nous entrons au musée national où je retrouve l'écrivain poète Chingis Aitmatov, en tout cas son buste. Dans ce musée on découvre l'histoire de ce pays qui a vu passer conquérants et marchands de tous horizons. Des turcs, puis Gengis Kahn, des commerçants chinois, italiens et plus récemment les russes. La visite continue et plus loin trône un splendide portrait d'un kirghise à cheval, fière allure, cheveux de jais tombant sur une peau cuivrée, ce pourrait aussi être le fidèle portrait d'un apache d'outre atlantique. La ressemblance est tellement frappante que je me demande si l'on a comparé les ADN de représentants de ces deux peuples, sans doute liés par une migration préhistorique. Retour chez Ultimate, il est temps pour Renée de préparer son sac à dos pour son envol tant attendu.
Le chant des coqs alentours nous rappellent qu'il est temps de se lever, chant du départ pour Renée.
Et en side jusqu'à l'aéroport, pour le fun ! Cette séparation est en fait un soulagement.
Quand Dan, ou d'autres, disaient préférer partir seuls, que ce genre de voyage doit être solitaire, je les trouvais un peu égoïstes,voir macho. Je dois reconnaître qu'il s'agit d'un autre registre que le partage ou la complicité. Cela dépend sans doute de la façon dont on appréhende le voyage. Chacun sa route. Et puis les conditions de ce type de voyage exigent des liens forts et une compréhension mutuelle établie, presque intuitive. Ce qui visiblement n'était pas notre cas.
La vie continue, le trip must go on.

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Place Ala-Too

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MANAS Chef de guerre et rassembleur du peuple kirghise. Réalité historique et légendes se mêlent dans le récit de ses aventures. Contes de traditions orales inscrits dans le patrimoine de l'humanité.
Mille merci pour ce récit très personnel qui me touche beaucoup. Merci pour ta confiance et pour tout ce que tu nous fais découvrir de ces contrées mal connues. Un délice. On a beaucoup de chance !
c'est pas parcequ'ils disent tous la même chose qu'ils ont raison

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