URALEUR : J'ME PRESENTE (façon Ballavoine) car je pars en IRAN en side

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Re: URALEUR : J'ME PRESENTE (façon Ballavoine) car je pars en IRAN en side

Message par Est-Motorcycles » 17 janv. 2024, 17:54

Marip a écrit :
17 janv. 2024, 09:14
uraleur a écrit :
17 janv. 2024, 06:27
Mais c'est bien aussi de ne pas tout planifier ! ...
Sans préparation, nul doute que l'on passe à côté d'importants sites touristiques, historiques ..., mais l'on gagne souvent en rencontres spontanées, essentielles.
J'ai quand même en mémoire, même si dissipés dans le brouillard des années, quelques reportages, lus ou vus, parlant d'un « Altaï paléolithique » berceau de la civilisation. Lieu de nombreuses découvertes de présences humaines vieilles de plusieurs centaines de milliers d'années.
Les trois premières heures passent aux travers de cultures, sur un terrain relativement plat. A Biïsk, petite ville au pieds des Monts Altaï, c'est la rencontre de deux rivières (Biia et Katoun) qui engendrent le fleuve Ob. Étrangement ce fleuve n'a pas de source propre ; les géographes ont peut-être estimé que 4000 km de long c'était suffisant, nul besoin de devancer Léna, le plus long fleuve russe avec ses 4400km. Ou peut-être que l'âme russe aura vu la naissance du fleuve Ob comme le résultat d'une histoire d'amour dans la rencontre de Biia et Katoun !
Pour l'heure c'est le temps de remonter la vallée de la rivière Katoun et de découvrir l'Altaï.
Altaï, montagne dorée dans la langue des conquérants turkman. Plus que la couleur dorée des alpages je crois qu'il s'agit du sous-sol local qui regorge de minéraux dont l'or. Avec ses 2000 km de long et 600 km de large, l'Altaï s'étend sur quatre pays. La Russie, La Mongolie à l'est, la Chine au sud et le Kazakhstan à l'ouest. Ces 4 pays se rejoignent au centre du massif. Un point culminant à plus de 4500m d'altitude et plus de 600 km2 de glacier. Ici point de ski d'été sur glacier, amateurs de nature préservée et sauvage à vos marques !
Et les randonneurs russes, principalement de Sibérie, ne s'y trompent pas. En témoignent les maisonnettes en bois des camps de vacances que j'aperçois au travers des arbres qui longent le Katoun. Ici la route suis sagement le cours d'eau, peu de voitures, légère montée, environnement verdoyant, l'Ural ronronne de bonheur, un moment de partage entre l'homme et la machine !
La vallée se resserre, la pente s'incline un peu plus et à Ust'-Sema la route quitte la vallée du Katoun pour s'élever jusqu'au col Seminskii à 1717 m en suivant la petite rivière Sema. Il est possible de continuer le long du Katoun même si cette voie est sans issue elle permet de suivre le cours d'eau jusqu'à des gorges et au passage de visiter le village de Tchemal et son icône miraculeuse !
Au col, la pause s'impose. Baraques de souvenirs, miel, pignons de pins, petits cafés restaurants. L'endroit est venté, mais un de ces vents frais qui vous bousculent et vous font vous sentir en vie. Casse-croute sommaire fait de pain, sardines et fromage, tentative de communications avec les touristes intrigués par l'ovni a trois roues et je reprends la route. Paysages sublimes, vertigineux. Deux rapaces en contrebas de la route se laissent porter par le vent, s'élèvent rapidement sans un battement d'ailes et déjà survolent la route. Je me suis arrêté pour les admirer, mon expérience de presque sortie de route au Kazakhstan n'est pas a répéter dans ces lieux à-pics. Malinovka est trop chargé pour plané correctement!
La route plonge dans une vallée tracée par une petite rivière. Une heure et huit cent mètres plus bas, à l'entrée du village de Karakol (depuis le Kirghistan, les Karakol sont nombreux!), un panneau indique un site historique. Direction le site de Uch Enmek par une petite piste (On comprend vite que la langue locale n'a pas d'origines slaves). Traversée d'une rivière paresseuse qui se délasse dans la prairie en traçant des S. Une dizaine de chevaux s'abreuvent, un paysage paisible et bucolique. Et de retrouver un Balbals turc et d'autres stèles tournées vers l'est. Uch Enmek est à l'origine le nom de la montagne sacrée qui a fait de toute la vallée de Karakol une zone privilégiée et protégée depuis des millénaires. Le chamanisme est omni-présent. Située au centre de l'Altaï, au centre de l'Asie Centrale, cette région serait le nombril du monde. C'est vrai qu'une énergie particulière irradie du corridor que forment les montagnes qui entourent ces lieux. Ces stèles verticales, posées comme des menhirs, sculptées de formes humaines ou simplement habillées de lichens gris et dorés se nomment en altaïque « mengir » !
Un panneau invite à poursuivre cette piste vers d'autres vestiges du passé mais je me résigne à poursuivre ma route et avancer encore un peu avant de bivouaquer.
Cette belle route est l'axe principal qui relie Novosibirsk à Tachanta, porte de la Mongolie, ce qui explique la « bonne » qualité de son revêtement. Dans l'Altaï son trajet franchit 34 cols, elle a été classée une des dix plus belles routes du monde par le National Géographic. C'est une sorte de N7 de Sibérie. Sur les cartes récentes elle est nommée P256. Il y a encore peu, elle s'appelait M52, n'est-ce pas plus poétique !

Russie, quelle infinité d'espace brillante et merveilleuse dont le monde ne sait rien. Nicolas Gogol 1842

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Vallée de Karakol

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Mengir

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Merci pour ce récit magnifique !
Cette belle vallée semble en effet particulière. Quelle beauté, quelle paix !
Des images pleines de vie !
Très intéressant mon ami et assez unique, je te remercie beaucoup. Quelle chance tu as eu de cheminer ainsi : mais enfin, tu l'a méritée...
Je ne pensais pas l'Altaï si vaste et si hétéroclite !
Je note au fond de mon cerveau la route P256 au cas où je me réincarne en sidecariste...car ce type de route me manque. Cette route ressemble un peu à celle qui relie Moscou à St Pet mais en plus grand et en plus sauvage. C'est quasi le même nombre de kilomètres...
Tu as dû te sentir gravement dépaysé...j'imagine les pleins d'essence aux stations, les rencontres avec la population, l'immensité des paysages et tout ce qu'il est impossible de décrire comme l'immensité de la solitude - un vrai mètre à ruban capable de mesurer Dieu à notre échelle :shock: quel bonheur ! Le fait que tu vives maintenant près du Baïkal ne m'étonne plus, après une telle claque ! Il est certain que de te voir retourner à la poste chez toi en France devenait certainement une image très sombre...
Tu as un dossier photo de cela ? Pourquoi ne pas penser à une petite parution, si tu le veux et lorsque tu auras le temps ?

Lorsque tu es parti je ne pensais pas que tu irais jusque là. Et si j'avais eu cette vision, j'aurais préparé ta machine différemment...
http://www.est-motorcycles.fr/
Une petite vie de concessionnaire URAL en Auvergne et sa fin.
Est-Motorcycles, une histoire d'affineur d'Urals, de pourvoyeur d'aventures. Inventeur, voyageur curieux de tout.
Il est quasi impossible de détruire quelque chose qui a été créé avec le coeur.
Libérez tous les otages !
Mon voyage essentiel : la poursuite du merveilleux.
Courage, allons !

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Re: URALEUR : J'ME PRESENTE (façon Ballavoine) car je pars en IRAN en side

Message par uraleur » 19 janv. 2024, 05:38

"Lorsque tu es parti je ne pensais pas que tu irais jusque là. Et si j'avais eu cette vision, j'aurais préparé ta machine différemment..."

L'art du suspens et de la question suspendue!
Du déshabillage avant de proposer la possibilité d'un nouveau vêtement.

:D

En lisant cette phrase, je me suis senti flotter quelques instants, mais mon mental, informé de la loi de la gravité et craignant le pire, reprend la situation en main et suggère:
Cette préparation était à ma taille, c'est à dire ajuster pour partir. Une réponse aux aléas prévisibles et aux craintes invisibles.
Le jour du départ, à l'instant où, première enclenchée, on lâche l'embrayage, il reste le voyageur nouveau-né et sa vie de voyage à venir. Parfois cela devient le voyage de sa vie!
Il ne s'agit pas de partir "à poil" mais avec l'essentiel pour s'assurer de partir et revenir.
En route, on investi l'espace des trois roues de l'Ural, on prend ses aises, on s'y sent bien, on se sent en vie tout simplement.
Et là, le mental s'estompe, fait place à la conscience et libère l'espace du voyage.
Voyager ne nécessite pas forcément de traverser la moitié du monde; même si je reconnais que le dépaysement facilite grandement la métamorphose.
Cette vision du voyage n'engage que moi et toute ressemblance avec des faits et des personnages existants ou ayant existés sur ce forum ne pourrait être que le fruit d'une pure coïncidence.

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Re: URALEUR : J'ME PRESENTE (façon Ballavoine) car je pars en IRAN en side

Message par Est-Motorcycles » 19 janv. 2024, 09:06

uraleur a écrit :
19 janv. 2024, 05:38
"Lorsque tu es parti je ne pensais pas que tu irais jusque là. Et si j'avais eu cette vision, j'aurais préparé ta machine différemment..."

L'art du suspens et de la question suspendue!
Du déshabillage avant de proposer la possibilité d'un nouveau vêtement.

:D

En lisant cette phrase, je me suis senti flotter quelques instants, mais mon mental, informé de la loi de la gravité et craignant le pire, reprend la situation en main et suggère:
Cette préparation était à ma taille, c'est à dire ajuster pour partir. Une réponse aux aléas prévisibles et aux craintes invisibles.
Le jour du départ, à l'instant où, première enclenchée, on lâche l'embrayage, il reste le voyageur nouveau-né et sa vie de voyage à venir. Parfois cela devient le voyage de sa vie!
Il ne s'agit pas de partir "à poil" mais avec l'essentiel pour s'assurer de partir et revenir.
En route, on investi l'espace des trois roues de l'Ural, on prend ses aises, on s'y sent bien, on se sent en vie tout simplement.
Et là, le mental s'estompe, fait place à la conscience et libère l'espace du voyage.
Voyager ne nécessite pas forcément de traverser la moitié du monde; même si je reconnais que le dépaysement facilite grandement la métamorphose.
Cette vision du voyage n'engage que moi et toute ressemblance avec des faits et des personnages existants ou ayant existés sur ce forum ne pourrait être que le fruit d'une pure coïncidence.
C'est très clair, et ceux qui ne le vivent pas ne peuvent pas comprendre cette ampleur. On ne peut pas raisonner là, ce serait comme décrire la danse dans un livre. Non, il faut danser...
Mais maintenant tu es dans la phase vraiment "dure" car, après cela, que vas-tu faire ? Il y a peu de repère et tu continues à ouvrir ta route ...Tu l'as déjà amorcée et j'admire le courage que tu as. Car tu n'es pas rentré.
Tu y vas en continuant de cheminer et ta boussole est encore plus sommaire.
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Il est quasi impossible de détruire quelque chose qui a été créé avec le coeur.
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Re: URALEUR : J'ME PRESENTE (façon Ballavoine) car je pars en IRAN en side

Message par uraleur » 19 janv. 2024, 10:45

Tout n'est ni facile, ni tracé, ni évident. Pendant ce voyage et au retour, j'ai cru que je me laissais porter par les évènements, sans but, sans détermination. Je crois maintenant que le mental, qui veut nous préserver et nous diriger doit être mis en veilleuse au profit de la conscience qui va nous amener là où notre âme se plaît.
On a souvent utilisé le mot fuir à mon égard : Pourquoi ce voyage insensé, que veux-tu fuir? Pourquoi quitter ta famille, t'enfuir si loin? ...
On plaisante souvent avec la phrase "courage fuyons" mais si courage il y a, c'est pour quitter son "confort" , quitter ce que l'on connait et qui rassure. Et alors il n'y a plus de fuite, mais une volonté de partir et d'aller de l'avant .
Ce qui n'est peut-être pas propre au seul voyage, mais le préalable de toutes entreprises humaines.
Je vois que je fais écho au petit texte en fin des posts de DAN : " Courage, allons "

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Message par Est-Motorcycles » 19 janv. 2024, 18:10

uraleur a écrit :
19 janv. 2024, 10:45
Tout n'est ni facile, ni tracé, ni évident. Pendant ce voyage et au retour, j'ai cru que je me laissais porter par les évènements, sans but, sans détermination. Je crois maintenant que le mental, qui veut nous préserver et nous diriger doit être mis en veilleuse au profit de la conscience qui va nous amener là où notre âme se plaît.
On a souvent utilisé le mot fuir à mon égard : Pourquoi ce voyage insensé, que veux-tu fuir? Pourquoi quitter ta famille, t'enfuir si loin? ...
On plaisante souvent avec la phrase "courage fuyons" mais si courage il y a, c'est pour quitter son "confort" , quitter ce que l'on connait et qui rassure. Et alors il n'y a plus de fuite, mais une volonté de partir et d'aller de l'avant .
Ce qui n'est peut-être pas propre au seul voyage, mais le préalable de toutes entreprises humaines.
Je vois que je fais écho au petit texte en fin des posts de DAN : " Courage, allons "
J'adore.
Fuir ? Sûrement pas ! Je crois au contraire qu'il existe quelques chose (une sorte de force, d'appel ou autre...) qui a réussi à transpercer le monde connu dans lequel tu vivais et qui t'a prise par la main pour te faire voir un autre chemin de vie. Ce que j'admire est qu'au lieu de hausser les épaules en pensant "bof' une lubie", tu y as été, comme si une part de toi sentait que cet appel est très important.
C'est le même sentiment qu'une vocation, qui fait découvrir le Chemin au fur et à mesure qu'il se parcourt...
Ton âme à soif.
Puisses-tu rester assoiffé jusqu'à ce que d'autres portes s'ouvrent encore.
Je pense que tu as un chemin spirituel quelque part. J'en suis persuadé dès la première seconde où je t'ai croisé.
Mets-tu à profit ce temps de "standby" pour te plonger dans divers textes qui touchent toutes les croyances ? Car bien souvent dans ce qui semble être cette sorte d'introspection "immobile", des bâtons surgissent comme sortis d'un brouillard, dans lesquels se cachent des messages codés que toi seul peut lire...
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Est-Motorcycles, une histoire d'affineur d'Urals, de pourvoyeur d'aventures. Inventeur, voyageur curieux de tout.
Il est quasi impossible de détruire quelque chose qui a été créé avec le coeur.
Libérez tous les otages !
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Re: URALEUR : J'ME PRESENTE (façon Ballavoine) car je pars en IRAN en side

Message par uraleur » 21 janv. 2024, 06:33

Je pense qu'appel il y a eu.
En chemin, je me suis mis,
En chemin je suis encore!

Dans peu de temps je vais écrire des paraboles! :D

Ce dont je suis sûr c'est que ma vie a changé, mes priorités ont changé.
Il y a deux phrases que j'aime bien
Ce n'est pas le but qui compte, c'est le chemin.
C'est seulement quand on s'éveil qu'on réalise à quel point on était endormi.
Rassurez-vous, pour autant je n'envisage pas de rentrer dans les ordres ou dans une secte.
Pas encore!
:wink:

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Message par Est-Motorcycles » 21 janv. 2024, 09:13

uraleur a écrit :
21 janv. 2024, 06:33
Je pense qu'appel il y a eu.
En chemin, je me suis mis,
En chemin je suis encore!

Dans peu de temps je vais écrire des paraboles! :D

Ce dont je suis sûr c'est que ma vie a changé, mes priorités ont changé.
Il y a deux phrases que j'aime bien
Ce n'est pas le but qui compte, c'est le chemin.
C'est seulement quand on s'éveille qu'on réalise à quel point on était endormi.
Rassurez-vous, pour autant je n'envisage pas de rentrer dans les ordres ou dans une secte.
Pas encore!
:wink:
:lol:
Bonnes phrases...
Les ordres ou la secte, je n'y crois pas trop non plus pour toi :lol:
Mais ta phrase que je préfère est :
"C'est seulement quand on s'éveille qu'on réalise à quel point on était endormi."
Essentiel.
Tu connais Marie-Madeleine Davy ?
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Une petite vie de concessionnaire URAL en Auvergne et sa fin.
Est-Motorcycles, une histoire d'affineur d'Urals, de pourvoyeur d'aventures. Inventeur, voyageur curieux de tout.
Il est quasi impossible de détruire quelque chose qui a été créé avec le coeur.
Libérez tous les otages !
Mon voyage essentiel : la poursuite du merveilleux.
Courage, allons !

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Re: URALEUR : J'ME PRESENTE (façon Ballavoine) car je pars en IRAN en side

Message par uraleur » 23 janv. 2024, 13:13

Je ne connaissais pas M.M. Davy. J'ai survolé sa biographie, un beau programme.
Une femme qui entre à l'université en 1921 ça place déjà la barre assez haut!
Je vais essayer de trouver un de ses livres sur le bon coin et le faire ramener par des amis d'Irkoutsk, actuellement en France.
Merci pour la découverte!

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Re: URALEUR : J'ME PRESENTE (façon Ballavoine) car je pars en IRAN en side

Message par uraleur » 23 janv. 2024, 17:25

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Itinéraire complet de la M52


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Monument en l'honneur de la M52 et de ses héros, conducteurs de camions morts au "champ" d'honneur.
A l'origine, ce monument était composé d'un volant et de quelques pièces de AMO
Mais que fait là cette Willys!? Une histoire à la russe...
Dans les années 30 il y eu une chanson racontant cette route, et le héros (Kolka) de cette chanson se serait tué au volant de son AMO, en dépassant sa fiancée. Il est ensuite question d'une voiture Ford (Ford, Willys, même origine... ?), j'avoue ne pas avoir tout compris, entre mon russe absent et mon anglais très moyen...
Voilà pour nous éclairer un peu:
https://youtu.be/yZV3WQbI8f8?si=xZFlCBf1Tl0YoC9p


Cette belle route M52, est souvent nommée « Route de la Tchouïa » du même nom que la rivière qu'elle longe. Il y a 3000 ans elle était déjà utilisée par les caravaniers, branche réputée dangereuse de la route de la Soie.
Pour l'heure il me faut trouver un endroit tranquille pour bivouaquer, pas en fond de vallée mais un peu élevé pour la vue. A ma gauche, en contrebas, la rivière Oursoul et à droite une pente herbeuse mais trop inclinée pour espérer la gravir. Je scrute le paysage et enfin un chemin s'élance à droite à l'assaut des pentes herbeuses. Le début est un peu scabreux, l'Ural est chahuté dans tous les sens et menace de calé mais la pente s'adoucit et nous continuons de monter tranquillement. Seul problème, les herbes sont très hautes et forment une sorte de muraille de part et d'autre du chemin. je ne peux envisager de planter ma tente dans ces conditions et je poursuis l’ascension. Après quelques minutes, les premiers arbres apparaissent ainsi qu'une bifurcation. Un chemin plus étroit plonge au fond d'une clairière. J'aperçois un baraquement et des ruches tout autours. Je stoppe le side, pour épier ce qui se passe plus bas. J'aperçois un vieux 4x4 et un homme qui regarde dans ma direction. Je pose le casque et descend à pieds vers les ruches. Cela me permet de juger la pente et d'estimer si je pourrai remonter avec le side. Descendre on peut toujours, mais parfois on a des surprises pour remonter. L'homme me tend la main, le contact est bon et je lui explique tant bien que mal que je suis français, en Ural, et je cherche un endroit pour planter ma tente. Il y a autant de gestes que de parole dans mes explications mais il a vite compris la situation et me montre un replat proche du baraquement. Super, je remonte chercher le side et j'installe la tente. Il m'offre de l'eau, moi toujours méfiant, je met un pouce en l'air je le questionne sur la qualité de l'eau, il me montre une source à une dizaine de mètres où l'eau sort de terre entre deux grosses pierres. Celà me rassure. Il s'appelle Nokolaï, même tranche d'âge que moi et vit là 3 mois par an. Son domaine, une petite cabane au milieu des ruches, un abri pour une grande table en bois et deux bancs et une cabane un peu plus grosse où se trouve la cuisine et sa chambre. Un ensemble rudimentaire, environnement d'un homme heureux !
Il m'explique que je peux m'installer pour manger sur la grande table. Je vais chercher mon casse-croute et quand je reviens je me fais houspiller. Je comprends que je dois ranger ma boite de thon, mon concombre et mon pain car il s'occupe de tout. Effectivement, sur le réchaud de la cuisine, du poisson est en train de frire. Il m'offre un thé et quelques biscuits pendant que je lui explique qu'aujourd'hui c'est mon anniversaire. Erreur fatale, car avec le poisson frit (tout droit venu de la rivière en fond de vallée), le riz et le concombre, arrive la vodka, parfumée au miel. Je n'ai pas très bien compris l'implication du miel dans le processus de fabrication, mais le miel c'est bon pour la santé! Un premier verre à eau, rempli à raz, qu'il avale d'une traite, cul-sec. Bon, je ne peux pas me désister et j'en fait autant. On sent l'impact dans l'estomac mais ça passe assez bien avec le miel. Sitôt vidé, sitôt remplis ! Il enchaîne le deuxième verre du même geste. Moi je temporise car je vois bien que je ne fais pas le poids ! La nuit tombe, après le quatrième verre je ne suis plus en état de compter. Peut-être il y en a t-il eu un cinquième... ?
Il me demande de le suivre et en tentant de garder l'équilibre à chaque pas, je le suis vers la petite cabane au milieu des ruches. L'air est frais mais pas suffisamment pour me dégriser ! Il m'invite à monter les quelques marches qui donnent accès à l'intérieur de la cabane.
De chaque côtés d'un passage central de 50 cm, une couchette garnie d'une paillasse. Il se couche sur l'une d'elle et me fait signe de faire de même sur l'autre. Juste le temps de remarquer qu'il fait presque chaud et je m'endors.
Alors que mon état est plus proche du coma que du sommeil, il me réveille pour aller dormir. Mais je dormais bien, moi ! A peine dehors, que le froid me saisi. Il comprend et m'explique que nous étions au dessus de ruches, intégrées dans la cabane, et que c'est la chaleur des abeilles qui chauffe l'intérieur de la cabane. Fait extraordinaire, entre les explications en russe et l'éthylomètre au taquet, j'ai compris l'explication. Bienveillant, il me guide jusqu'à ma tente, dans laquelle je tombe plus que je me couche, anesthésié par la vodka mellifère.

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Message par Est-Motorcycles » 23 janv. 2024, 18:21

uraleur a écrit :
23 janv. 2024, 13:13
Je ne connaissais pas M.M. Davy. J'ai survolé sa biographie, un beau programme.
Une femme qui entre à l'université en 1921 ça place déjà la barre assez haut!
Je vais essayer de trouver un de ses livres sur le bon coin et le faire ramener par des amis d'Irkoutsk, actuellement en France.
Merci pour la découverte!
Si tu me permets, demande :
- l'homme intérieur et ses métamorphoses
- le désert intérieur

Je ne te dis pas pourquoi, tu le verras par toi-même...Si tu ne les trouves pas, dis-le moi...
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Message par Est-Motorcycles » 23 janv. 2024, 18:47

uraleur a écrit :
23 janv. 2024, 17:25
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Itinéraire complet de la M52


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Monument en l'honneur de la M52 et de ses héros, conducteurs de camions morts au "champ" d'honneur.
A l'origine, ce monument était composé d'un volant et de quelques pièces de AMO
Mais que fait là cette Willys!? Une histoire à la russe...
Dans les années 30 il y eu une chanson racontant cette route, et le héros (Kolka) de cette chanson se serait tué au volant de son AMO, en dépassant sa fiancée. Il est ensuite question d'une voiture Ford (Ford, Willys, même origine... ?), j'avoue ne pas avoir tout compris, entre mon russe absent et mon anglais très moyen...
Voilà pour nous éclairer un peu:
https://youtu.be/yZV3WQbI8f8?si=xZFlCBf1Tl0YoC9p


Cette belle route M52, est souvent nommée « Route de la Tchouïa » du même nom que la rivière qu'elle longe. Il y a 3000 ans elle était déjà utilisée par les caravaniers, branche réputée dangereuse de la route de la Soie.
Pour l'heure il me faut trouver un endroit tranquille pour bivouaquer, pas en fond de vallée mais un peu élevé pour la vue. A ma gauche, en contrebas, la rivière Oursoul et à droite une pente herbeuse mais trop inclinée pour espérer la gravir. Je scrute le paysage et enfin un chemin s'élance à droite à l'assaut des pentes herbeuses. Le début est un peu scabreux, l'Ural est chahuté dans tous les sens et menace de calé mais la pente s'adoucit et nous continuons de monter tranquillement. Seul problème, les herbes sont très hautes et forment une sorte de muraille de part et d'autre du chemin. je ne peux envisager de planter ma tente dans ces conditions et je poursuis l’ascension. Après quelques minutes, les premiers arbres apparaissent ainsi qu'une bifurcation. Un chemin plus étroit plonge au fond d'une clairière. J'aperçois un baraquement et des ruches tout autours. Je stoppe le side, pour épier ce qui se passe plus bas. J'aperçois un vieux 4x4 et un homme qui regarde dans ma direction. Je pose le casque et descend à pieds vers les ruches. Cela me permet de juger la pente et d'estimer si je pourrai remonter avec le side. Descendre on peut toujours, mais parfois on a des surprises pour remonter. L'homme me tend la main, le contact est bon et je lui explique tant bien que mal que je suis français, en Ural, et je cherche un endroit pour planter ma tente. Il y a autant de gestes que de parole dans mes explications mais il a vite compris la situation et me montre un replat proche du baraquement. Super, je remonte chercher le side et j'installe la tente. Il m'offre de l'eau, moi toujours méfiant, je met un pouce en l'air je le questionne sur la qualité de l'eau, il me montre une source à une dizaine de mètres où l'eau sort de terre entre deux grosses pierres. Celà me rassure. Il s'appelle Nokolaï, même tranche d'âge que moi et vit là 3 mois par an. Son domaine, une petite cabane au milieu des ruches, un abri pour une grande table en bois et deux bancs et une cabane un peu plus grosse où se trouve la cuisine et sa chambre. Un ensemble rudimentaire, environnement d'un homme heureux !
Il m'explique que je peux m'installer pour manger sur la grande table. Je vais chercher mon casse-croute et quand je reviens je me fais houspiller. Je comprends que je dois ranger ma boite de thon, mon concombre et mon pain car il s'occupe de tout. Effectivement, sur le réchaud de la cuisine, du poisson est en train de frire. Il m'offre un thé et quelques biscuits pendant que je lui explique qu'aujourd'hui c'est mon anniversaire. Erreur fatale, car avec le poisson frit (tout droit venu de la rivière en fond de vallée), le riz et le concombre, arrive la vodka, parfumée au miel. Je n'ai pas très bien compris l'implication du miel dans le processus de fabrication, mais le miel c'est bon pour la santé! Un premier verre à eau, rempli à raz, qu'il avale d'une traite, cul-sec. Bon, je ne peux pas me désister et j'en fait autant. On sent l'impact dans l'estomac mais ça passe assez bien avec le miel. Sitôt vidé, sitôt remplis ! Il enchaîne le deuxième verre du même geste. Moi je temporise car je vois bien que je ne fais pas le poids ! La nuit tombe, après le quatrième verre je ne suis plus en état de compter. Peut-être il y en a t-il eu un cinquième... ?
Il me demande de le suivre et en tentant de garder l'équilibre à chaque pas, je le suis vers la petite cabane au milieu des ruches. L'air est frais mais pas suffisamment pour me dégriser ! Il m'invite à monter les quelques marches qui donnent accès à l'intérieur de la cabane.
De chaque côtés d'un passage central de 50 cm, une couchette garnie d'une paillasse. Il se couche sur l'une d'elle et me fait signe de faire de même sur l'autre. Juste le temps de remarquer qu'il fait presque chaud et je m'endors.
Alors que mon état est plus proche du coma que du sommeil, il me réveille pour aller dormir. Mais je dormais bien, moi ! A peine dehors, que le froid me saisi. Il comprend et m'explique que nous étions au dessus de ruches, intégrées dans la cabane, et que c'est la chaleur des abeilles qui chauffe l'intérieur de la cabane. Fait extraordinaire, entre les explications en russe et l'éthylomètre au taquet, j'ai compris l'explication. Bienveillant, il me guide jusqu'à ma tente, dans laquelle je tombe plus que je me couche, anesthésié par la vodka mellifère.

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Aaaah la vidéo : touché en plein coeur, la Russie que j'aime et dont je suis nostalgique...
Ton texte, contant ta rencontre fatale avec Nikolaï, est savoureux : il résume parfaitement en mieux ce que l'on trouve là-bas dans les campagnes russes. Il me rappelle tout ce que j'ai vécu à Irbit et dans l'Oural, là où je suis définitivement tombé amoureux de la Russie.
Je sens même les odeurs dans ce que tu écris... :P
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Je suis terriblement dépité, attristé et touché par ce qui se passe là-bas... Heureusement que ton installation au Baïkal me donne un peu d'espoir...
http://www.est-motorcycles.fr/
Une petite vie de concessionnaire URAL en Auvergne et sa fin.
Est-Motorcycles, une histoire d'affineur d'Urals, de pourvoyeur d'aventures. Inventeur, voyageur curieux de tout.
Il est quasi impossible de détruire quelque chose qui a été créé avec le coeur.
Libérez tous les otages !
Mon voyage essentiel : la poursuite du merveilleux.
Courage, allons !

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