URALEUR : J'ME PRESENTE (façon Ballavoine) car je pars en IRAN en side

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ornette
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Re: URALEUR : J'ME PRESENTE (façon Ballavoine) car je pars en IRAN en side

Message par ornette » 17 déc. 2023, 22:29

Merci pour ce merveilleux récit qui nous fait rêver. Trop peu de gens s'imagine qu'il peut y avoir des paysages et des rencontres magnifiques ailleurs que dans les contrées vantées par les marchands de voyages où l'imprévu n'a pas sa place.

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Re: URALEUR : J'ME PRESENTE (façon Ballavoine) car je pars en IRAN en side

Message par uraleur » 18 déc. 2023, 09:28

Récit personnel, oui parce que je pense qu'il est important de préciser que si les boulons sont mal serrés, dans ce genre de voyage le risque de dislocation est important. Et cela explique aussi la raison pour laquelle mon récit s'était interrompu à l'entrée du Kirghistan.

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Re: URALEUR : J'ME PRESENTE (façon Ballavoine) car je pars en IRAN en side

Message par uraleur » 18 déc. 2023, 10:07

De l'aéroport je reviens à l'hôtel Ultimate* et retrouve un des responsables de l'établissement, Smail. D'origine algérienne, il a vécu la période soviétique et connaît bien le kirghistan. C'est un plaisir de bavarder avec lui, d'autant qu'il est volubile ! Il est une mine d'informations et d'anecdotes. Y compris sur un certain « Hubert » qui a séjourné à Ultimate. Je découvre ainsi l'envers du décor des aventures de l'homme aux lunettes rondes et rouges. Ses galères mécaniques et pas que. Je dois beaucoup à Hubert d'avoir oser entreprendre ce voyage. En fait ils sont trois, qui par le hasard des rencontres et des lectures m'ont poussé vers la sortie de mon récent confort de jeune retraité :

- Quand en 2016 je me retrouve appareillé d'un Ural, il y a eu une sorte de passage obligé, une concordance des sens du voyage qui m'a mené droit à Manzat. C'est donc le Dan pour toutes ses qualités qu'il n'est pas nécessaire de rappeler ici, sinon celle de m'avoir mis un coup de pied au cul (psychologique !) quand je « tremblais » devant la panne mécanique éventuelle. Comme quoi, bien dosé ça peut donner de l'élan ! Et Dan c'est aussi le « fil rouge » de ce voyage. Présent lors de la préparation du side et du voyage en général. Omni-présent pendant le voyage et toujours présent après le retour !

- Hubert (Kriegel) par son côté flegmatique devant l'aventure à trois roues.

-Et le troisième homme, c'est un fou furieux qui au fin fond de la Russie, par un matin à -25°, rebrousse chemin non parce qu'il a froid mais parce que son R12 (pas Gordini mais BMW) ne peut pas prendre ses tours, tant la chemise du cylindre, mouillée de froid, collait au piston ! Le Riri donc, qui, je viens de l'apprendre, a mis le Kazakhstan dans son collimateur.


* Ultimate Adventure c'est une guest house sympathique mais c'est surtout une équipe qui organise et accompagne des périples kirghises (et pas que) à pieds, à cheval ...

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Re: URALEUR : J'ME PRESENTE (façon Ballavoine) car je pars en IRAN en side

Message par uraleur » 18 déc. 2023, 16:47

J'avais prévu de faire ma demande de visa mongol cette après-midi , mais à écouter Smail, je n'ai pas vu le temps passer. Il est plus de 17h00 mais je tente quand même la démarche car j'ai une contrainte qui est la date de fin de mon visa russe. Certes, c'est dans trois mois mais j'ai encore quelques pays inconnus à traverser.
Quand j'arrive au consulat de Mongolie, je trouve porte clause, normal. J'use et abuse de la sonnette et finalement un homme vient m'ouvrir, très aimable malgré mon insistance sonore. C'est le consul en personne, il m'invite à m'asseoir dans un joli salon, écoute ma requête et ma volonté de quitter Bishkek au plus tôt. Il me propose de revenir lundi récupérer mon visa. Le week-end me fait perdre deux jours précieux, j'insiste et finalement il me dit ok pour vendredi 17h00.
Je profite de ces deux jours pour faire une révision un peu poussée de l'Oural et faire fabriquer deux sacs de voyage chez un artisan local. Dont un sac étanche sur le modèle de celui acheté en France. J'aime cette capacité qu'ont la plupart des artisans a intégrer la fabrication d'objets inconnus. Ceci dit ce que l'on nous vend comme innovation a souvent été utilisé des siècles auparavant.
Pourquoi s'encombrer de sacs supplémentaires me direz-vous.
Parce que mettre de l'ordre dans ses affaires aide à mettre de l'ordre dans ses idées !
Comme convenu je récupère mon visa vendredi à 17h. Un bon repas made in Ultimate, une ultime nuit tout confort et au petit matin, reposés et sereins, Malinovka et moi repartons vers de nouvelles aventures. Nous reprenons la route au sud du lac Izik Koul. J'en profite au passage pour chercher, en vain, le robinet d'essence fugueur. Je reprends la route pour ma destination du jour : Karakol . Karakol est une petite ville, à l'extrémité est du lac. Dans les rues je retrouve l'ambiance des bourgs de montagne. Il y a de nombreux randonneurs . Pas très loin du marché, je suis attiré par l'enseigne d'un Hôtel : « Spoutnik ». Le prix d'une chambre est très abordable, et je peux garer le side dans l'arrière cour.
Une fois visité la chambre, je comprends le prix modeste. Spoutnik fait ici référence à l'étroitesse de la capsule spatiale. C'est ce concept de dortoir individuel où en guise de chambre, une légère cloison entoure le lit. Du camping d'intérieur en quelque sorte.
Il fait encore jour et j'en profite pour visiter le marché de la petite ville. Je dois faire recoller la semelle d'une de mes chaussures de rando-moto. Autant le side est parti chaussé à neuf avec en plus 3 pneus de rechange, autant le pilote fait figure de va-nu-pieds ! Recollée par un ami juste avant le départ, la semelle a tenue jusqu'à Istanbul. Un cordonnier local très réticent, a recollé la semelle en mal de liberté. Aujourd'hui, troisième intervention ; cette fois l'homme de l'art est confiant et me promet une réparation définitive. Et ce sera effectivement le cas pour moins de 2€.
J'achète trois samsas pour mon repas du soir et provision de concombre, fromage, œufs, pommes et pain pour le voyage.

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Re: URALEUR : J'ME PRESENTE (façon Ballavoine) car je pars en IRAN en side

Message par Est-Motorcycles » 18 déc. 2023, 18:30

uraleur a écrit :
18 déc. 2023, 16:47
J'avais prévu de faire ma demande de visa mongol cette après-midi , mais à écouter Smail, je n'ai pas vu le temps passer. Il est plus de 17h00 mais je tente quand même la démarche car j'ai une contrainte qui est la date de fin de mon visa russe. Certes, c'est dans trois mois mais j'ai encore quelques pays inconnus à traverser.
Quand j'arrive au consulat de Mongolie, je trouve porte clause, normal. J'use et abuse de la sonnette et finalement un homme vient m'ouvrir, très aimable malgré mon insistance sonore. C'est le consul en personne, il m'invite à m'asseoir dans un joli salon, écoute ma requête et ma volonté de quitter Bishkek au plus tôt. Il me propose de revenir lundi récupérer mon visa. Le week-end me fait perdre deux jours précieux, j'insiste et finalement il me dit ok pour vendredi 17h00.
Je profite de ces deux jours pour faire une révision un peu poussée de l'Oural et faire fabriquer deux sacs de voyage chez un artisan local. Dont un sac étanche sur le modèle de celui acheté en France. J'aime cette capacité qu'ont la plupart des artisans a intégrer la fabrication d'objets inconnus. Ceci dit ce que l'on nous vend comme innovation a souvent été utilisé des siècles auparavant.
Pourquoi s'encombrer de sacs supplémentaires me direz-vous.
Parce que mettre de l'ordre dans ses affaires aide à mettre de l'ordre dans ses idées !
Comme convenu je récupère mon visa vendredi à 17h. Un bon repas made in Ultimate, une ultime nuit tout confort et au petit matin, reposés et sereins, Malinovka et moi repartons vers de nouvelles aventures. Nous reprenons la route au sud du lac Izik Koul. J'en profite au passage pour chercher, en vain, le robinet d'essence fugueur. Je reprends la route pour ma destination du jour : Karakol . Karakol est une petite ville, à l'extrémité est du lac. Dans les rues je retrouve l'ambiance des bourgs de montagne. Il y a de nombreux randonneurs . Pas très loin du marché, je suis attiré par l'enseigne d'un Hôtel : « Spoutnik ». Le prix d'une chambre est très abordable, et je peux garer le side dans l'arrière cour.
Une fois visité la chambre, je comprends le prix modeste. Spoutnik fait ici référence à l'étroitesse de la capsule spatiale. C'est ce concept de dortoir individuel où en guise de chambre, une légère cloison entoure le lit. Du camping d'intérieur en quelque sorte.
Il fait encore jour et j'en profite pour visiter le marché de la petite ville. Je dois faire recoller la semelle d'une de mes chaussures de rando-moto. Autant le side est parti chaussé à neuf avec en plus 3 pneus de rechange, autant le pilote fait figure de va-nu-pieds ! Recollée par un ami juste avant le départ, la semelle a tenue jusqu'à Istanbul. Un cordonnier local très réticent, a recollé la semelle en mal de liberté. Aujourd'hui, troisième intervention ; cette fois l'homme de l'art est confiant et me promet une réparation définitive. Et ce sera effectivement le cas pour moins de 2€.
J'achète trois samsas pour mon repas du soir et provision de concombre, fromage, œufs, pommes et pain pour le voyage.

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Quelle joie de te lire ! Ton texte est en plus ludique :lol:
Des samsas, il y en avait tout autour d'Irbit, plus ou moins frais il est vrai. J'en ai aussi beaucoup consommé à Mourmansk...

Dans ton post postérieur tu évoques un sujet très sensible dont peu d'uralistes parlent : un ou une passagère sur le long cours...
C'est bien d'oser aborder le sujet et c'est un sujet que j'ai évité tout au long de mes récits.

Image

Il m'arrivait de donner rendez-vous en pleine pampa à des amis (es) pour faire un bout de route avec eux, ou passer quelques jours. Ces rendez-vous étaient en général très loin - le plus souvent au dessus du Cercle Polaire arctique, avec des personnes de totale confiance.
Mais jamais je ne suis parti ni n'ai retrouvé des "copains".
J'évitais le sujet car il y avait des jalousies, des concurrences et des planifications de choses lourdes.

Image

Car tu sais que lorsque tu es par là, on ne peut pas s'enguirlander avec la ou les personnes ! Et puis c'était ma vie, mon intimité - du moins la nôtre qui n'est pas partagée sur le Net. On me l'a quelquefois reproché (!) comme si j'avais des comptes à rendre...
Pour ce qui me concerne, lorsqu'on amène une personne dans le side, du moins pour moi, je me sens complètement responsable de la personne. Avec celles qui ont voyagé avec moi on a eu des moment graves, dangereux, durant lesquels ce n'était pas le moment d'être lourd, con ou chiant.
De plus les soir, je n'en avait rien à foutre de causer des cliquetis de ma culasse droite ou des futurs problèmes éventuels possibles et issus en fait d'un manque de préparation : avant, lorsque je partais en groupe, je palliais aux manques de préparations des sides et cela me rendait furieux en pourrissant la vie. Tu es concessionnaire et les mecs qui partent avec toi comptent sur toi pour réparer leurs merdes... Je ne croyais pas que les gens pouvaient être aussi infects.

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Ce qui fait que peu à peu je me suis retrouvé avec quelques amis rares...

Image

...et puis j'aime rester libre. Je pêche aussi, je ne parle pas, je communie avec tout sauf avec le bavardage stupide...ça réduit les groupes... Je n'ai pas la chiasse sur la route, je peux faire entre 100 et 800 kils dans la journée, et je m'arrête où bon me semble : jamais "demain à telle heure je dois être là"...jamais, jamais. :mrgreen:
Je n'assume pas non plus mon ou ma passagère. Elle s'assume elle-même et si elle m'emmerde je la dépose à la gare la plus proche sans dire un mot.
Autant dire que les genres féministes vont voir ailleurs si j'y suis et que les couillus pleins de testo vont avec ! :lol:
Bref je suis un vieux con...Alors si en plus je devais justifier de qui j'amenais ou pas ! :shock: :roll:
De toutes façons, on sait très bien que lorsqu'on amène quelqu'un dans le side, on l'assume. Et donc on est seul, même accompagné !
Ca va si la personne en question te fait un café aux arrêts parce que tu en as plein les bras, qu'elle n'a pas besoin d'entendre qu'il faut chercher du petit bois etc...alors on imagine le genre chieuse ou chieur qui, après 500 kils sous la flotte, attend d'être servi ! :evil: :arrow: :arrow:

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http://www.est-motorcycles.fr/
Une petite vie de concessionnaire URAL en Auvergne et sa fin.
Est-Motorcycles, une histoire d'affineur d'Urals, de pourvoyeur d'aventures. Inventeur, voyageur curieux de tout.
Il est quasi impossible de détruire quelque chose qui a été créé avec le coeur.
Libérez tous les otages !
Mon voyage essentiel : la poursuite du merveilleux.
Courage, allons !

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Message par Est-Motorcycles » 18 déc. 2023, 23:33

...
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Message par Est-Motorcycles » 18 déc. 2023, 23:34

Est-Motorcycles a écrit :
18 déc. 2023, 18:30
uraleur a écrit :
18 déc. 2023, 16:47
J'avais prévu de faire ma demande de visa mongol cette après-midi , mais à écouter Smail, je n'ai pas vu le temps passer. Il est plus de 17h00 mais je tente quand même la démarche car j'ai une contrainte qui est la date de fin de mon visa russe. Certes, c'est dans trois mois mais j'ai encore quelques pays inconnus à traverser.
Quand j'arrive au consulat de Mongolie, je trouve porte clause, normal. J'use et abuse de la sonnette et finalement un homme vient m'ouvrir, très aimable malgré mon insistance sonore. C'est le consul en personne, il m'invite à m'asseoir dans un joli salon, écoute ma requête et ma volonté de quitter Bishkek au plus tôt. Il me propose de revenir lundi récupérer mon visa. Le week-end me fait perdre deux jours précieux, j'insiste et finalement il me dit ok pour vendredi 17h00.
Je profite de ces deux jours pour faire une révision un peu poussée de l'Oural et faire fabriquer deux sacs de voyage chez un artisan local. Dont un sac étanche sur le modèle de celui acheté en France. J'aime cette capacité qu'ont la plupart des artisans a intégrer la fabrication d'objets inconnus. Ceci dit ce que l'on nous vend comme innovation a souvent été utilisé des siècles auparavant.
Pourquoi s'encombrer de sacs supplémentaires me direz-vous.
Parce que mettre de l'ordre dans ses affaires aide à mettre de l'ordre dans ses idées !
Comme convenu je récupère mon visa vendredi à 17h. Un bon repas made in Ultimate, une ultime nuit tout confort et au petit matin, reposés et sereins, Malinovka et moi repartons vers de nouvelles aventures. Nous reprenons la route au sud du lac Izik Koul. J'en profite au passage pour chercher, en vain, le robinet d'essence fugueur. Je reprends la route pour ma destination du jour : Karakol . Karakol est une petite ville, à l'extrémité est du lac. Dans les rues je retrouve l'ambiance des bourgs de montagne. Il y a de nombreux randonneurs . Pas très loin du marché, je suis attiré par l'enseigne d'un Hôtel : « Spoutnik ». Le prix d'une chambre est très abordable, et je peux garer le side dans l'arrière cour.
Une fois visité la chambre, je comprends le prix modeste. Spoutnik fait ici référence à l'étroitesse de la capsule spatiale. C'est ce concept de dortoir individuel où en guise de chambre, une légère cloison entoure le lit. Du camping d'intérieur en quelque sorte.
Il fait encore jour et j'en profite pour visiter le marché de la petite ville. Je dois faire recoller la semelle d'une de mes chaussures de rando-moto. Autant le side est parti chaussé à neuf avec en plus 3 pneus de rechange, autant le pilote fait figure de va-nu-pieds ! Recollée par un ami juste avant le départ, la semelle a tenue jusqu'à Istanbul. Un cordonnier local très réticent, a recollé la semelle en mal de liberté. Aujourd'hui, troisième intervention ; cette fois l'homme de l'art est confiant et me promet une réparation définitive. Et ce sera effectivement le cas pour moins de 2€.
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Dans ton post postérieur tu évoques un sujet très sensible dont peu d'uralistes parlent : un ou une passagère sur le long cours...
C'est bien d'oser aborder le sujet et c'est un sujet que j'ai évité tout au long de mes récits.

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Il m'arrivait de donner rendez-vous en pleine pampa à des amis (es) pour faire un bout de route avec eux, ou passer quelques jours. Ces rendez-vous étaient en général très loin - le plus souvent au dessus du Cercle Polaire arctique, avec des personnes de totale confiance.
Mais jamais je ne suis parti ni n'ai retrouvé des "copains".
J'évitais le sujet car il y avait des jalousies, des concurrences et des planifications de choses lourdes.

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Car tu sais que lorsque tu es par là, on ne peut pas s'enguirlander avec la ou les personnes ! Et puis c'était ma vie, mon intimité - du moins la nôtre qui n'est pas partagée sur le Net. On me l'a quelquefois reproché (!) comme si j'avais des comptes à rendre...
Pour ce qui me concerne, lorsqu'on amène une personne dans le side, du moins pour moi, je me sens complètement responsable de la personne. Avec celles qui ont voyagé avec moi on a eu des moment graves, dangereux, durant lesquels ce n'était pas le moment d'être lourd, con ou chiant.
De plus les soir, je n'en avait rien à foutre de causer des cliquetis de ma culasse droite ou des futurs problèmes éventuels possibles et issus en fait d'un manque de préparation : avant, lorsque je partais en groupe, je palliais aux manques de préparations des sides et cela me rendait furieux en pourrissant la vie. Tu es concessionnaire et les mecs qui partent avec toi comptent sur toi pour réparer leurs merdes... Je ne croyais pas que les gens pouvaient être aussi infects.

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...et puis j'aime rester libre. Je pêche aussi, je ne parle pas, je communie avec tout sauf avec le bavardage stupide...ça réduit les groupes... Je n'ai pas la chiasse sur la route, je peux faire entre 100 et 800 kils dans la journée, et je m'arrête où bon me semble : jamais "demain à telle heure je dois être là"...jamais, jamais. :mrgreen:
Je n'assume pas non plus mon ou ma passagère. Elle s'assume elle-même et si elle m'emmerde je la dépose à la gare la plus proche sans dire un mot.
Autant dire que les genres féministes vont voir ailleurs si j'y suis et que les couillus pleins de testo vont avec ! :lol:
Bref je suis un vieux con...Alors si en plus je devais justifier de qui j'amenais ou pas ! :shock: :roll:
De toutes façons, on sait très bien que lorsqu'on amène quelqu'un dans le side, on l'assume. Et donc on est seul, même accompagné !
Ca va si la personne en question te fait un café aux arrêts parce que tu en as plein les bras, qu'elle n'a pas besoin d'entendre qu'il faut chercher du petit bois etc...alors on imagine le genre chieuse ou chieur qui, après 500 kils sous la flotte, attend d'être servi ! :evil: :arrow: :arrow:

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Une petite vie de concessionnaire URAL en Auvergne et sa fin.
Est-Motorcycles, une histoire d'affineur d'Urals, de pourvoyeur d'aventures. Inventeur, voyageur curieux de tout.
Il est quasi impossible de détruire quelque chose qui a été créé avec le coeur.
Libérez tous les otages !
Mon voyage essentiel : la poursuite du merveilleux.
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Re: URALEUR : J'ME PRESENTE (façon Ballavoine) car je pars en IRAN en side

Message par uraleur » 21 déc. 2023, 16:25

On a beau voyager dans l'immensité du monde, à deux on voyage à l'intérieur d'une bulle où les scènes du couple se jouent et se répètent). Chemin faisant on est confronté à soi (ce qui n'est déjà pas rien) et confronté à l'autre qui ne vit pas toujours le même voyage. Et il faut bien reconnaître que la fatigue venant, la tolérance s'en va.

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Re: URALEUR : J'ME PRESENTE (façon Ballavoine) car je pars en IRAN en side

Message par uraleur » 21 déc. 2023, 16:59

Après une nuit spatiale à bord de Spoutnik, j'enfourche mon vaisseau spécial et direction le Kazakhstan.
Une centaine de kilomètres rapidement avalés ... ... ... en plus de trois heures !
Il est des lieux où il n'est pas nécessaire de planifier ses horaires de passage, il faut juste partir de bonne heure !
Peu après Karakol, un panneau m'avait intrigué. Il interdisait aux poids lourds de circuler par une température supérieure à +35°. En effet, ici l'asphalte semble s'évaporer sous l'effet du soleil car au fil des kilomètres les trous sur la chaussée sont remplacés par des traces éparses d'asphalte, lequel finit par disparaître complètement pour laisser place à une piste en terre et pierre à partir du poste frontière de Karkara. Pour rejoindre le poste frontière kazakh distant de quelques 20 km, la piste traverse un plateau desséché et très venté, un vrai no man's land ! Une fois le plateau traversé voici le poste frontière kazakh. Record de traversée douanière : 20 mn en tout et pour tout, un record. La petite ville kazakh de Kegen est toute proche, c'est là que je vais passer la nuit. En cherchant un hôtel, je rencontre deux cyclistes sexagénaires suisses, persuadés d'être déjà au Kirghistan et surpris de pouvoir encore utiliser leur monnaie kazakh ! Ils sont venus en avion jusqu'à Almati, vélos en soute, et après 3 jours de bicyclette ils sont arrivés à l'entrée de la ville où un contrôle de police leur a fait penser avoir traverser la frontière ! Ah ces suisses!
Je les retrouve dans un petit hôtel familial où ils profitent des dernières lueurs du jour pour « poutser »* leur bicyclette.
*poutser : nettoyer en Suisse romande. De l'allemand putzen :D
Les soirées n'étant pas très animées tant dans les rues de Kegen que dans le petit hôtel, j'en profite pour étudier la suite du voyage. Il apparaît que je n'ai pas trop le temps de visiter. La validitée de mon visa russe débute demain 5 août et pour rejoindre Barnaoul, je dois traverser quelques 1400 km de Kazakhstan que l'on m'annonce difficiles. Tant pis pour la visite de Charynskiy Kanion, ce sera pour une autre fois. Je décide toutefois de prendre un itinéraire bis qui me fait traverser le parc national Altyn-Emel et surtout pour voir sur place ce qui vient de piqué ma curiosité. Sur la carte est représenté une autoroute venant de Chine, terminé à la frontière Kazakh par une sorte d'échangeur autoroutier. Erreur de cartographe ou projet futuriste anticipé !? Et puis, de nouveau titiller la Chine a quelque chose d'excitant. Cela fait presque un mois que, depuis le Pamir tadjik, je flirte avec les frontières de l'empire des sens (interdits) et du Milieu.
Ce matin, petite galère pour trouver de l'essence mais tout s'arrange. Direction Horgos ou (Khorgos). Mon itinéraire bis est tellement bis qu'il n'y a âme qui vive dans cette direction.
Est-ce raisonnable ? Questionne le mental.
C'est son choix lui répond la conscience !
Faire des choix, c'est bien cela qui balise notre vie. Même si cette dernière nous impose parfois des virages imprévus.
En tous cas je suis pénard, un petit 75 au compteur, vue dégagée, petite route ordinaire et vire-voltante de la campagne kazakh !
Me voici près du poste frontière de Horgos. Là je vois et je comprends, c'est l'autoroute de la Soie qui arrive aux portes du Kazakhstan. La poursuite de l'ouvrage est sans doute retardé par quelques tracas administratifs mais le cordon commercial entre l'orient et l'occident est en marche. Bon : « Veni, Vidi, Intellexi » aurait pu dire César. Mais il trouva plus seyant à ses ambitions le veni,vidi, vici.
Demi-tour et plein ouest vers le parc national et ensuite rejoindre la route A3 qui va plein nord vers la Russie et Barnaoul, capitale du kraï de l'Altaï.

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Trajet du jour. (L'étape c'est juste pour imposer un trajet que google n'a pas choisi. Je ne sais pas faire un tracé)

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Re: URALEUR : J'ME PRESENTE (façon Ballavoine) car je pars en IRAN en side

Message par Est-Motorcycles » 21 déc. 2023, 18:10

uraleur a écrit :
21 déc. 2023, 16:25
On a beau voyager dans l'immensité du monde, à deux on voyage à l'intérieur d'une bulle où les scènes du couple se jouent et se répètent). Chemin faisant on est confronté à soi (ce qui n'est déjà pas rien) et confronté à l'autre qui ne vit pas toujours le même voyage. Et il faut bien reconnaître que la fatigue venant, la tolérance s'en va.
+1 mais j'ai en général été heureux de cheminer avec mes passagers(ères) qui avaient compris cela...
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Message par Est-Motorcycles » 21 déc. 2023, 18:11

uraleur a écrit :
21 déc. 2023, 16:59
Après une nuit spatiale à bord de Spoutnik, j'enfourche mon vaisseau spécial et direction le Kazakhstan.
Une centaine de kilomètres rapidement avalés ... ... ... en plus de trois heures !
Il est des lieux où il n'est pas nécessaire de planifier ses horaires de passage, il faut juste partir de bonne heure !
Peu après Karakol, un panneau m'avait intrigué. Il interdisait aux poids lourds de circuler par une température supérieure à +35°. En effet, ici l'asphalte semble s'évaporer sous l'effet du soleil car au fil des kilomètres les trous sur la chaussée sont remplacés par des traces éparses d'asphalte, lequel finit par disparaître complètement pour laisser place à une piste en terre et pierre à partir du poste frontière de Karkara. Pour rejoindre le poste frontière kazakh distant de quelques 20 km, la piste traverse un plateau desséché et très venté, un vrai no man's land ! Une fois le plateau traversé voici le poste frontière kazakh. Record de traversée douanière : 20 mn en tout et pour tout, un record. La petite ville kazakh de Kegen est toute proche, c'est là que je vais passer la nuit. En cherchant un hôtel, je rencontre deux cyclistes sexagénaires suisses, persuadés d'être déjà au Kirghistan et surpris de pouvoir encore utiliser leur monnaie kazakh ! Ils sont venus en avion jusqu'à Almati, vélos en soute, et après 3 jours de bicyclette ils sont arrivés à l'entrée de la ville où un contrôle de police leur a fait penser avoir traverser la frontière ! Ah ces suisses!
Je les retrouve dans un petit hôtel familial où ils profitent des dernières lueurs du jour pour « poutser »* leur bicyclette.
*poutser : nettoyer en Suisse romande. De l'allemand putzen :D
Les soirées n'étant pas très animées tant dans les rues de Kegen que dans le petit hôtel, j'en profite pour étudier la suite du voyage. Il apparaît que je n'ai pas trop le temps de visiter. La validitée de mon visa russe débute demain 5 août et pour rejoindre Barnaoul, je dois traverser quelques 1400 km de Kazakhstan que l'on m'annonce difficiles. Tant pis pour la visite de Charynskiy Kanion, ce sera pour une autre fois. Je décide toutefois de prendre un itinéraire bis qui me fait traverser le parc national Altyn-Emel et surtout pour voir sur place ce qui vient de piqué ma curiosité. Sur la carte est représenté une autoroute venant de Chine, terminé à la frontière Kazakh par une sorte d'échangeur autoroutier. Erreur de cartographe ou projet futuriste anticipé !? Et puis, de nouveau titiller la Chine a quelque chose d'excitant. Cela fait presque un mois que, depuis le Pamir tadjik, je flirte avec les frontières de l'empire des sens (interdits) et du Milieu.
Ce matin, petite galère pour trouver de l'essence mais tout s'arrange. Direction Horgos ou (Khorgos). Mon itinéraire bis est tellement bis qu'il n'y a âme qui vive dans cette direction.
Est-ce raisonnable ? Questionne le mental.
C'est son choix lui répond la conscience !
Faire des choix, c'est bien cela qui balise notre vie. Même si cette dernière nous impose parfois des virages imprévus.
En tous cas je suis pénard, un petit 75 au compteur, vue dégagée, petite route ordinaire et vire-voltante de la campagne kazakh !
Me voici près du poste frontière de Horgos. Là je vois et je comprends, c'est l'autoroute de la Soie qui arrive aux portes du Kazakhstan. La poursuite de l'ouvrage est sans doute retardé par quelques tracas administratifs mais le cordon commercial entre l'orient et l'occident est en marche. Bon : « Veni, Vidi, Intellexi » aurait pu dire César. Mais il trouva plus seyant à ses ambitions le veni,vidi, vici.
Demi-tour et plein ouest vers le parc national et ensuite rejoindre la route A3 qui va plein nord vers la Russie et Barnaoul, capitale du kraï de l'Altaï.

Image
Trajet du jour. (L'étape c'est juste pour imposer un trajet que google n'a pas choisi. Je ne sais pas faire un tracé)

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poste de Karkara
Passionnant ! J'ai hâte de lire l'épopée de l'Altaï...merci mon Ami pour ce travail très utile.
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Une petite vie de concessionnaire URAL en Auvergne et sa fin.
Est-Motorcycles, une histoire d'affineur d'Urals, de pourvoyeur d'aventures. Inventeur, voyageur curieux de tout.
Il est quasi impossible de détruire quelque chose qui a été créé avec le coeur.
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Mon voyage essentiel : la poursuite du merveilleux.
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Re: URALEUR : J'ME PRESENTE (façon Ballavoine) car je pars en IRAN en side

Message par uraleur » 22 déc. 2023, 19:58

Altyn Emel, le plus grand parc national du Kazakhstan. Un sommet d'origine volcanique, une partie désertique et sablonneuse avec une dune chantante, des canyons, des mammifères en voie de disparition dont la plus part vivent ici comme l'âne sauvage hémione, des pétroglyphes de prés de 2000 ans avant JC, des arbres multi-séculaires. Et je passe à côté de tout cela. Pourquoi n'ai-je pas planifier 3 ou 4 jours dans ce secteur ? Un préjugé de plus qui m'aurait laissé croire que Kazakhstan était égal à steppes arides ? L'impatience d'arriver en Mongolie... ?
Une consolation toutefois, à proximité du mont Gory Katutau, des aigles percevant mon désespoir viennent planer au dessus de moi ! A moins que comme certains, ils aient imaginés une panne très probable de ce tricycle ! Et le rapace se voyait déjà perchés sur l'Ural, à déguster un français à grande becquées ! Ceci dit un scénario semblable a failli se réaliser. Captivé par la vision d'un de ces volatiles, qui, réglant sa vitesse sur celle de l'Ural comme pour un travelling, planait 10 ou 15 mètres au dessus de moi. Fasciné, la tête basculée en arrière, j'en oubliait la route et plus d'une fois j'ai failli entrer dans le décor. C'était tellement impressionnant que je n'ai même pas pensé à m'arrêter et encore moins à photographier ou filmer. Une vision enregistrée en cinémascope et gravée à jamais dans ma mémoire.


Image

Un lieu supplémentaire dans la liste des destinations prochaines.
La route A353 doit franchir une barre rocheuse et elle s'élève maintenant rapidement en empruntant une succession de petites vallées. C'est en équilibre sur une crête que l'on sort de cette muraille naturelle. En descendant les premiers contreforts, la route traverse des traces de vastes cultures, grillées par le soleil d'été. Puis c'est la steppe qui recouvre une vaste plaine. Paysage parfois un peu lunaire où je rejoint l'A3. Au sud de la petite ville de Saryozek, un bel échangeur me propulse sur l'autoroute A3 ! Un beau ruban de deux voies dans un sens et son pendant en sens inverse ! Qui a dit que cette route était difficile ? Je me cale à 80 km/h, heureux de profiter du flat twin sur une flat road. le temps de compter mentalement combien fallait-il d'heures pour parcourir 1000 km à 80 km/h que déjà la promesse d'un trajet tout confort s'envole. Fin des réjouissances, l'autoroute se transforme en très mauvaise route, voir en mauvaise piste.
Adieu moyennes horaires fantasmées.
Adieu regard inutile, perdu à l'horizon d'un lisse et fade goudron.
Bonjour pointes de vitesse à 30 km/h entre deux zones de trous fracassantes.
Bonjour regard en biais dont un œil explore le revêtement 30 m à l'avant pendant que l'autre guide la roue avant vers les trous les moins profonds !
Après 3 heures de ce régime, je fais une pause à Taldykourgan. J'achète quelques fruits au bord de la route et un homme m'offre deux belles pastèques. Il m'apprend que j'ai encore près de 700 km de piste. Va pour la piste ! Le plus terrible de cette histoire c'est que la route A3 est en réfection et que la réfection par tronçons n'est pas une option retenue. Les 700 km sont en travaux. Environ tous les 50 km, sont implantées des centrales à bitume qui alimentent une noria de camions. Quand on circule sur une zone criblée de trous, où on a même pas l'occasion de passer la seconde tellement c'est défoncé, et qu'en relevant la tête on aperçoit un revêtement flambant neuf à une 20ne de mètres, moralement c'est assez difficile ! Pour ceux qui roulent trop vite la sanction est presque immédiate et les camions disloqués, en panne sur le côté de la piste sont nombreux, aussi nombreux que les automobiles aux pneus crevés. Et tout cela sous un soleil de plomb. En fin d'après-midi, je quitte cet enfer en empruntant une petite piste de traverse qui s'élève à flanc de colline et m'offre une chambre pour la nuit avec un peu de végétation et une vue imprenable sur la steppe. La tente est montée, le riz cuit sur mon petit poêle à bois, une tasse de thé bouillant à la main, je suis prêt pour le spectacle du soleil couchant. Un cavalier que je n'ai pas entendu venir passe près de mon campement, pas un mot, pas un regard. Il y a quelque chose d'intimidant dans cette situation digne d'un western. Est-il venu voir qui était ce SDF ? Il n'y a jamais de clôture, jamais de portail, peut-être suis-je dans une propriété...
La nuit tombée, je ne demande pas mon reste et je m'endors rapidement.
Je me réveille au petit jour, prépare un copieux petit déjeuner, pain, fromage, miel, concombre et pomme. Tente et couchage rangés, vaisselle pliée ! Prêt à repartir, il m'a fallu une heure depuis le lever. Prendre son temps c'est tellement bon! Un coup d'oeil sur le side pour m'assurer que dans le chaos d'hier je n'ai pas perdu une roue et en route ! Ou plutôt en piste ! Quelques minutes pour rejoindre l'axe principal et retrouver l'enfer de l'A3. Une journée semblable à la précédente s'annonce. Des trous plus nombreux que les plats, des éclopés sur les bas côtés, de la poussière, et tout proche le paradis fait d'asphalte moelleux et pourtant interdit.
Tout cela ponctué par les camions qui parfois me doublent dans un vacarme de chocs métalliques effroyables.
Toutefois, un phénomène inattendu en milieu de journée vient rompre la monotonie. La piste est infiniment droite dans une steppe grise et à quelques kilomètres en avant, j'aperçois un nuage de poussière que, dans un premier temps je prends pour de la poussière soulevée par un camion. Mais la poussière soulevée du sol continue de monter verticalement car il s'agit d'un tourbillon ou dust devil, qui traverse la steppe d'ouest en est. Alors qu'il traverse la piste j'aperçois un deuxième tourbillon qui prend le même chemin et quelques minutes plus tard un troisième. En fait, ils naissent au même endroit, à l'ouest, toutes les 5 à 6 minutes, et se dirigent vers l'est, traversant la piste au passage. Je suis encore à environ 1 km du passage de ces aspirateurs célestes et je me dis qu'éviter un problème supplémentaire serait une bonne idée. Je m'arrête un instant pour comprendre le tempo et tenter un passage entre deux dust. Je me lance quand un tourbillon traverse la piste environ 500 mètres devant. Je vois le suivant arriver mais à cause de l'état de la piste je ne peux pas accélérer. En plus celui-ci n'est pas sur le même axe que le précédent. Il va traverser la piste plus près de moi. Tant est si bien que je dois m'arrêter pour le laisser passer juste devant moi. J'en suis pour une volée de sable en pleine face et quelques gravillons qui percutent le side. J'ai encore quelques progrès à faire pour synchroniser espace et temps ! Une fois le calme revenu, tel un don Quichotte refusant le combat, je repars avant l'attaque du tourbillon suivant !

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Re: URALEUR : J'ME PRESENTE (façon Ballavoine) car je pars en IRAN en side

Message par pvdm100358 » 23 déc. 2023, 07:54

uraleur a écrit :
22 déc. 2023, 19:58
Altyn Emel, le plus grand parc national du Kazakhstan. Un sommet d'origine volcanique, une partie désertique et sablonneuse avec une dune chantante, des canyons, des mammifères en voie de disparition dont la plus part vivent ici comme l'âne sauvage hémione, des pétroglyphes de prés de 2000 ans avant JC, des arbres multi-séculaires. Et je passe à côté de tout cela. Pourquoi n'ai-je pas planifier 3 ou 4 jours dans ce secteur ? Un préjugé de plus qui m'aurait laissé croire que Kazakhstan était égal à steppes arides ? L'impatience d'arriver en Mongolie... ?
Une consolation toutefois, à proximité du mont Gory Katutau, des aigles percevant mon désespoir viennent planer au dessus de moi ! A moins que comme certains, ils aient imaginés une panne très probable de ce tricycle ! Et le rapace se voyait déjà perchés sur l'Ural, à déguster un français à grande becquées ! Ceci dit un scénario semblable a failli se réaliser. Captivé par la vision d'un de ces volatiles, qui, réglant sa vitesse sur celle de l'Ural comme pour un travelling, planait 10 ou 15 mètres au dessus de moi. Fasciné, la tête basculée en arrière, j'en oubliait la route et plus d'une fois j'ai failli entrer dans le décor. C'était tellement impressionnant que je n'ai même pas pensé à m'arrêter et encore moins à photographier ou filmer. Une vision enregistrée en cinémascope et gravée à jamais dans ma mémoire.


Image

Un lieu supplémentaire dans la liste des destinations prochaines.
La route A353 doit franchir une barre rocheuse et elle s'élève maintenant rapidement en empruntant une succession de petites vallées. C'est en équilibre sur une crête que l'on sort de cette muraille naturelle. En descendant les premiers contreforts, la route traverse des traces de vastes cultures, grillées par le soleil d'été. Puis c'est la steppe qui recouvre une vaste plaine. Paysage parfois un peu lunaire où je rejoint l'A3. Au sud de la petite ville de Saryozek, un bel échangeur me propulse sur l'autoroute A3 ! Un beau ruban de deux voies dans un sens et son pendant en sens inverse ! Qui a dit que cette route était difficile ? Je me cale à 80 km/h, heureux de profiter du flat twin sur une flat road. le temps de compter mentalement combien fallait-il d'heures pour parcourir 1000 km à 80 km/h que déjà la promesse d'un trajet tout confort s'envole. Fin des réjouissances, l'autoroute se transforme en très mauvaise route, voir en mauvaise piste.
Adieu moyennes horaires fantasmées.
Adieu regard inutile, perdu à l'horizon d'un lisse et fade goudron.
Bonjour pointes de vitesse à 30 km/h entre deux zones de trous fracassantes.
Bonjour regard en biais dont un œil explore le revêtement 30 m à l'avant pendant que l'autre guide la roue avant vers les trous les moins profonds !
Après 3 heures de ce régime, je fais une pause à Taldykourgan. J'achète quelques fruits au bord de la route et un homme m'offre deux belles pastèques. Il m'apprend que j'ai encore près de 700 km de piste. Va pour la piste ! Le plus terrible de cette histoire c'est que la route A3 est en réfection et que la réfection par tronçons n'est pas une option retenue. Les 700 km sont en travaux. Environ tous les 50 km, sont implantées des centrales à bitume qui alimentent une noria de camions. Quand on circule sur une zone criblée de trous, où on a même pas l'occasion de passer la seconde tellement c'est défoncé, et qu'en relevant la tête on aperçoit un revêtement flambant neuf à une 20ne de mètres, moralement c'est assez difficile ! Pour ceux qui roulent trop vite la sanction est presque immédiate et les camions disloqués, en panne sur le côté de la piste sont nombreux, aussi nombreux que les automobiles aux pneus crevés. Et tout cela sous un soleil de plomb. En fin d'après-midi, je quitte cet enfer en empruntant une petite piste de traverse qui s'élève à flanc de colline et m'offre une chambre pour la nuit avec un peu de végétation et une vue imprenable sur la steppe. La tente est montée, le riz cuit sur mon petit poêle à bois, une tasse de thé bouillant à la main, je suis prêt pour le spectacle du soleil couchant. Un cavalier que je n'ai pas entendu venir passe près de mon campement, pas un mot, pas un regard. Il y a quelque chose d'intimidant dans cette situation digne d'un western. Est-il venu voir qui était ce SDF ? Il n'y a jamais de clôture, jamais de portail, peut-être suis-je dans une propriété...
La nuit tombée, je ne demande pas mon reste et je m'endors rapidement.
Je me réveille au petit jour, prépare un copieux petit déjeuner, pain, fromage, miel, concombre et pomme. Tente et couchage rangés, vaisselle pliée ! Prêt à repartir, il m'a fallu une heure depuis le lever. Prendre son temps c'est tellement bon! Un coup d'oeil sur le side pour m'assurer que dans le chaos d'hier je n'ai pas perdu une roue et en route ! Ou plutôt en piste ! Quelques minutes pour rejoindre l'axe principal et retrouver l'enfer de l'A3. Une journée semblable à la précédente s'annonce. Des trous plus nombreux que les plats, des éclopés sur les bas côtés, de la poussière, et tout proche le paradis fait d'asphalte moelleux et pourtant interdit.
Tout cela ponctué par les camions qui parfois me doublent dans un vacarme de chocs métalliques effroyables.
Toutefois, un phénomène inattendu en milieu de journée vient rompre la monotonie. La piste est infiniment droite dans une steppe grise et à quelques kilomètres en avant, j'aperçois un nuage de poussière que, dans un premier temps je prends pour de la poussière soulevée par un camion. Mais la poussière soulevée du sol continue de monter verticalement car il s'agit d'un tourbillon ou dust devil, qui traverse la steppe d'ouest en est. Alors qu'il traverse la piste j'aperçois un deuxième tourbillon qui prend le même chemin et quelques minutes plus tard un troisième. En fait, ils naissent au même endroit, à l'ouest, toutes les 5 à 6 minutes, et se dirigent vers l'est, traversant la piste au passage. Je suis encore à environ 1 km du passage de ces aspirateurs célestes et je me dis qu'éviter un problème supplémentaire serait une bonne idée. Je m'arrête un instant pour comprendre le tempo et tenter un passage entre deux dust. Je me lance quand un tourbillon traverse la piste environ 500 mètres devant. Je vois le suivant arriver mais à cause de l'état de la piste je ne peux pas accélérer. En plus celui-ci n'est pas sur le même axe que le précédent. Il va traverser la piste plus près de moi. Tant est si bien que je dois m'arrêter pour le laisser passer juste devant moi. J'en suis pour une volée de sable en pleine face et quelques gravillons qui percutent le side. J'ai encore quelques progrès à faire pour synchroniser espace et temps ! Une fois le calme revenu, tel un don Quichotte refusant le combat, je repars avant l'attaque du tourbillon suivant !
Passionnant! et l'épisode des aigles te survolant...mémorable!

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Re: URALEUR : J'ME PRESENTE (façon Ballavoine) car je pars en IRAN en side

Message par Est-Motorcycles » 23 déc. 2023, 18:26

+1 j'adore aussi et en plus certains rouleurs ont connu ça et ils savent que c'est vrai : tu ne peux rien inventer, là !... :|
Pour le rapace aussi, on a eu le même "coup" impressionnant qui nous a envoyé dans le décors ! Le "nôtre s'est même amusé à gratter le casque !
http://www.est-motorcycles.fr/
Une petite vie de concessionnaire URAL en Auvergne et sa fin.
Est-Motorcycles, une histoire d'affineur d'Urals, de pourvoyeur d'aventures. Inventeur, voyageur curieux de tout.
Il est quasi impossible de détruire quelque chose qui a été créé avec le coeur.
Libérez tous les otages !
Mon voyage essentiel : la poursuite du merveilleux.
Courage, allons !

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Re: URALEUR : J'ME PRESENTE (façon Ballavoine) car je pars en IRAN en side

Message par uraleur » 24 déc. 2023, 04:37

Est-Motorcycles a écrit :
23 déc. 2023, 18:26
+1 j'adore aussi et en plus certains rouleurs ont connu ça et ils savent que c'est vrai : tu ne peux rien inventer, là !... :|
Pour le rapace aussi, on a eu le même "coup" impressionnant qui nous a envoyé dans le décors ! Le "nôtre s'est même amusé à gratter le casque !
Je me pose souvent la question : - Quelle vision ont de nous les animaux? Vision d'une espèce, d'un individu?
Leur comportement à notre égard est parois étrange.
Ceci dit, le notre à leur égard est souvent plus qu'étrange.

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