Le juste milieu, ce n'est pas un endroit pour moi...
Dans chaque lieu, je nais une autre fois et j'ai toujours cru que certains endroits sont des aimants et qui nous attirent vers eux si nous marchons dans leurs parages. J'ai donc toujours eu en abomination les récits d'aventure, ils sont comme des drogues anesthésiantes et avec eux on ne vit rien, on ne fait que péter dans nos draps ou sur nos sièges.
Mais, surtout, gardons les yeux ouverts sur le monde entier, car les plus grands secrets se trouvent toujours aux endroits les plus inattendus. Ceux qui ne croient pas à la magie ne les connaîtront jamais.
C'est au coeur de notre Auvergne la plus secrète que se sculpte ce projet un peu fou de cheminer sur les pas de Michel Strogoff. La Route Transsibérienne sur le retour, la route arctique des cargos pour l'aller.
Nous nous sommes donc réunis autour d'un bon repas afin de réunir nos petites miettes, celles de nos cogitations sur ce projet, celles des résultats tangibles de nos voyages, de nos croisements dans les contrées lointaines.
L'affaire était sérieuse...
Mes premiers souvenirs de livres sont terrés dans le grenier de notre petite maison de Strasbourg, dans lequel mes parents engouffraient dans des malles les choses "inutiles", ce qui ne leur servait plus.
Là, je découvris éberlué et en secret l'immense Jules Verne au milieu de romans, de vieux papiers et de poussière qui avait ce parfum suave de l'Alsace traditionnelle mêlé d'un fond de cirage. L'ouvrage était enluminé et sa jaquette rouge s'ouvrait sur de terribles dessins qui me fascinaient.
Ils m'apprenaient à me mettre en contact avec mon monde intérieur sur lequel je pouvais enfin placer des mots tangibles.
20000 lieues sous les mers...l'île mystérieuse...le sphinx des glaces...je feuilletais , caché, comme si j'avais découvert un trésor secret.
Un soir mon Père me trouva là haut et, voyant mon regard terrifié - j'avais peur d'avoir violé un de ses secret - il mit sa large main sur ma tête et me raconta pourquoi le préféré de Jules Verne était Michel Strogoff...
Comme il nous fallait voir clair, nous avons commencé par jouer au ballon...
...à suivre...