La puissance du moteur atomique arrive à faire monter cette masse d'acier double coque sur la glace et le poids la rompt...Marip a écrit :Bel animal ! Curieux comme son avant est relevé, c'est sans doute" la ligne d'eau spéciale" dont parle Discret ? C'est pour un meilleur angle d'attaque de la glace ?
Ce qui m'a le plus marqué, dès la vision de cette merveille de technologie, c'est son austérité, et plus précisément l'austérité de sa puissance.
...c'était fatal.
Se rendant dans des contrées sans homme, sur des mers couvertes de glace à l'infini, comment pourrait-il en être autrement ?
Les russes ont réussi ce prodige simplement en se conformant aux conditions extrêmes.
L'austérité du Lénine ne réside pas dans une esthétique ou un acte extérieur, une robe ou une peinture : porter un pagne ou un décors, ne prendre qu'un repas par jour, ou vivre en ermite au milieu des glaces. Une telle simplicité disciplinée, aussi rigoureuse soit-elle, n'est pas l'austérité du Lénine. Ce n'est qu'un spectacle pour l'extérieur sans réalité interne.
Ce navire avait des missions terribles.
Son austérité est la simplicité de sa solitude intérieure, mais une simplicité de l'esprit délivré de tout conflit, de toute barrière, qui n'est plus la proie du désir ou celle d'atteindre un but, même le désir du plus élevé. Sans cette austérité, il ne peut y avoir d'amour.
L'austérité que dégage le Lénine est belle, c''est pourquoi elle participe à l'amour.
Le Lénine est l'amour de la Russie porté aux confins du monde, dans son aube la plus dépouillée et la plus puissante. Il exclut toute facilité, toute fantaisie, présentant une grande rigueur.
On ne peut le rencontrer seulement sur le plan de la performance scientifique. Car la science est alors triste dans le sens où elle est toujours persécutée.
Mais lorsqu'elle lutte de tout son être, comme ce navire majestueux en plein exercice, perdu au milieu du néant, alors son être possède l'austérité de la lutte dans une tâche écrite, dégageant un parfum de dignité gravé sur ses flancs en caractères sacrés.
Là où il se rendait personne ne pouvait le voir briller. Il était seul et son équipage enfermé dans un silence quasi monacal.
Il est suivi d'un énorme remorqueur qui tire les bateaux prisonniers des glaces tout juste ouvertes par lui.
Sa mission est de tracer une route rendue possible par sa force et par un savoir faire et être uniques.
Pénétrer dans un tel bâtiment est une chance que j'essaie d'apprécier à sa juste valeur.
Longer son flanc pour percer ses secrets est déjà très impressionnant...
...je vous y amène...
...à suivre...