LAPPLAND : ...une anatomie de l'errance et du silence...

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Re: SAAMI :... pour une anatomie de l'errance et du silence.

Message par Est-Motorcycles » 14 sept. 2014, 19:03

Merci Titi, il est en effet question d'éditer des choses mais pour l'heure je n'ai pas de temps : je vais m'y pencher plus tard, c'est certain.
J'approche des Lofoten et, dans cette première partie de ces îles, le tourisme est assez présent, voire un peu lourd.
Impossible de décoller d'un parking sur lequel je m'étais arrêté quelques instants pour le pipi ! Un attroupement de gens qui n'en revenaient pas mitraillaient l'attelage et ne cessaient de poser des questions.
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Je ne pouvais plus partir et la comédie a duré plus d'une demi heure...Mais comme la route est très sauvage, il n'existe que très peu d'endroits pour s'arrêter ne serai-ce que quelques minutes, et les "parking" existants sont alors bondés...
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Ouf, la route continua tranquillement. Le temps s'alourdissait et le vent se levait.
C'était supportable et j'étais serein lorsque, fichtre, diandre, la wouach de bo... le pont des Lofoten m'apparu d'un coup !
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Mon sang ne fit qu'un tour et je ralentis l'allure car mon cerveau débitait des tonnes d'impressions. Bien sûr, Gogo qui était passé là l'an dernier m'avait dit que c'était pénard, mais il ne dût pas avoir de vent, nous n'en avions pas parlé !
J'approchais pas vraiment tranquille...
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Le pont est très haut ( plus de 60 m je crois), long de presque 1 km mais surtout, un panneau indicateur placé juste à son entrée indique la vitesse du vent : aujourd'hui 19 m/s en latéral droit... soient quasi 70 km/h de plein vent à droite côté side...
Je m'arrêtais, réfléchissais : je n'avais pas le choix. Il fallait que je passe là, il n'existe pas d'autre route.
En solo sans tracter Laponette, bon, je suis assez fou pour me coucher sur le panier et puis j'avais vécu le cuisant passage des ponts d'Odense et de Malmö : tellement épique que Pierre 65 en a réalisé un tableau...
Il y eut aussi l'Ile de Skye avec un vent de travers à peu près identique qui m'obligea à parcourir 120 km quasi sur deux roues...
Mais avec Laponette...jamais vécu, aucun souvenir donc aucune réaction prévisible...
Et tant mieux car si j'avais su, j'aurais attendu le lendemain que le vent se calme.
Hardi, hisse, je fonce penché et collé sur le panier. Dernière photo...Diis gratia ventus
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A peine engagé sur le pont et le plus fabuleux des tangos de ma vie commença sans crier gare, plein rythme, sans même une seconde pour ressentir quoique ce soit !
Je ne sais pas comment j'ai fait.
La Laponette était bringuebalée de droite à gauche entraînant le side de tous côtés. Contrebraquages, accélérations fulgurantes du 1000, freinages ! Le tout mêlé façon salade niçoise fit que, au bout de quelques 30 secondes qui me parurent une éternité, j'arrivai au bout !
Oh là là !
Plus jamais. Non mais j'avais eu le nez creux en vérifiant la pression des pneus de Laponette juste avant, au dernier poste d'essence, et je n'ose imaginer ce qui se serait passé avec un différentiel de pression ne serait-ce que de 200 grammes...
Evidemment je m'arrêtai juste après le pont - curieux, il y a avait un petit parking - et là, contact coupé, café avec une rasade de whisky. Il aurait pu y avoir les flics, si un seul m'avait fait une remarque, je te le collais sur le side et exigeais de lui qu'il retraverse dans l'autre sens !

Tout penaud je repris la route vraiment cool, très pépère avec un restant de nœuds au ventre.
Bon, j'atteignais enfin une sorte de camping flanqué entre des aiguilles montagneuses qui caractérisent si bien les Lofoten.
Et toujours ce vent...
Je me dis que je ne suis plus sur le pont, me prépare un camp d'enfer en arrimant tout...
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C'est curieux, je n'étais pas tranquille.
Le temps devenait plus sombre et le vent commençait à hurler entre les montagnes.
Je me fis tout petit en me demandant si je n'allais pas lever le camp et me barrer ailleurs. Peine perdue : c'était partout pareil sur les Lofoten puisque le vent ne m'avait pas quitté du pont à ce camp distants de 120 kms.
Je n'étais pas fier du tout.
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Je me couchais et c'est dans ces moments que l'on perd pied.
Je ressentais une brûlure intense, celle de mon tatouage qui me chatouillait plus qu'à l'accoutumée, et pour cause...
je me souvins d'un des quatre symboles saami habilement gravé, celui du vent, qui consiste à apprendre à tenir dans les tempêtes si fréquentes en ces lieux (une des quatre initiations que ce peuple donne aux jeunes).
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Irrationnel ou pas - ce n'était pas le moment de philosopher et je n'étais pas assis en fauteuil devant la télé à discuter avec des potes : c'était la réalité la plus simple, la plus claire et la plus plate.
Je passais ma nuit à retenir les piquets de l'auvent au milieu de rafales de vent que j'estime à plus de 130 km/h. Mais ce qui me fit le plus peur n'était pas cette situation pourtant nouvelle...
Ce fut la première fois de ma vie que je fis connaissance avec l'élément vent en tant qu'être vivant et dieu saame.
Seul.
Ou pire, cela peut arriver avec quelqu'un à protéger.
Ce vent vivant, j'ai connu son hurlement, sa force croissante, comme des ectoplasmes qui viennent en surgissant des sombres montagnes, d'une manière répétitive, sans cesser, harcelant ce fétu de paille que j'étais entre ses mains.
Je m'étais mis à genoux entre les deux piquets et les tenait fermement. Ils décollaient cycliquement toutes les trente secondes avec une force qui me levait presque, ce de 22h à 6 heures du matin non stop.
A 3 heure du matin, je hurlais en pleurant.
Je lui gueulais dessus, je l'implorais, je lui parlais, je l'insultais mais lui, égal à lui-même, maintint son souffle d'une manière implacable, en ignorant toute mes attitudes.
Epreuve majeure.
Ta réflexion reste stérile...
Surmonter les difficultés, est-ce affaire de courage te demandes-tu ?
Et là tu découvres que non, seulement là.
Le courage est un bel idéal moral, une vertu philosophique, mais dans une réalité qui t'écrase, il ne signifie rien.
Affronter une épreuve qui te dépasse n’est pas une performance.
J'appris le lendemain vers 6 h qu'elle devint une intégration d’un art de vivre. Un art de vivre qui passe par l’acceptation des aspérités de l’existence et des transformations qu’elles impliquent.
Cette épreuve me rendrait-elle plus résistant ? Certainement, car elle m'a contraint à mobiliser mes forces vitales.
Ainsi les vraies épreuves permettent d’acquérir un nouveau savoir- faire avec le manque, l’angoisse.
On se sort jamais seul d'une épreuve majeure : il nait un élargissement de soi, qui n'est plus le même que celui avec lequel on a l'habitude de vivre.
Même si on risque d'y laisser sa peau : cela vaut la peine...
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Re: SAAMI :... pour une anatomie de l'errance et du silence.

Message par Dan-le-dentard » 14 sept. 2014, 19:17

Oh pu...., Dan contre le Zeph' !!! On s'y croirait, j'ai vécu une nuit d'enfer contre le Mistral (avec un M majuscule svp) il y a bien longtemps mais dans une chambre ! Alors là, dans la cambrousse ... j'suis soufflé ... L'homme propose et la nature dispose

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Re: SAAMI :... pour une anatomie de l'errance et du silence.

Message par gecko » 15 sept. 2014, 12:03

:shock:
Vu la configuration du pont et de ses alentours,t as un veritable couloir a vent,les ingénieurs ont du bosser pour la raisonnance.......

Dan,c est parfois douloureux d etre un "ambassadeur"...... :?

"twist again aux lofoten".....
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Re: LAPONIE :... pour une anatomie de l'errance et du silenc

Message par VikOnOff » 15 sept. 2014, 14:52

:shock:

Mazette !!!!

Et dire que pour le moment, la peur de ma vie avec Ishak a été de traverser le pont d'Aramon, du Vaucluse vers le Gard... donc panier côté Mistral qui soufflait à 110 km/h ce jour, mais que le pont lui ne faisait, heureusement que... 600 mètres ! :roll: :lol:

RES-PECT Dan !!!! :wink:
A la rigueur à ta place, j'aurais préféré la horde de moustiques dans le calebut. :mrgreen:

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Re: LAPONIE :... pour une anatomie de l'errance et du silenc

Message par Est-Motorcycles » 15 sept. 2014, 18:50

VikOnOff a écrit ::shock:

Mazette !!!!

Et dire que pour le moment, la peur de ma vie avec Ishak a été de traverser le pont d'Aramon, du Vaucluse vers le Gard... donc panier côté Mistral qui soufflait à 110 km/h ce jour, mais que le pont lui ne faisait, heureusement que... 600 mètres ! :roll: :lol:

RES-PECT Dan !!!! :wink:
A la rigueur à ta place, j'aurais préféré la horde de moustiques dans le calebut. :mrgreen:
Ouai ben c'est déjà pas si mal ! Et va savoir, il n'y a pas de règle dans ces condition, disons pas mal de chance...

Après cette nuit de ténèbres, je repris très tranquillement la route vers le bout des Lofoten (A, ainsi se nomme le bout des Lofoten...) un peu assommé, comme un gosse qui venait de prendre une branlée. C'était donc du doudoux...
Et puis je me souvins du principe maintenant installé en moi du non performance. L'imbécile heureux que je suis voulait "faire les Lofoten", mais pourquoi aller au bout, comme si je tenais ce bout à deux mains en le regardant dans les yeux et en lui disant que j'allais le posséder...t'sé le truc que tu dois faire sinon t'as pas réussi dans la vie.
Et réussir quoi ? En fait tout le monde s'enfout.
J'avais déjà remarqué la tête des personnes à qui tu annonçais une performance, à l'époque où, comme beaucoup, je croyais briller par ça. "Ah, j'ai fait ci...et ça..." et les regards en face qui s'écarquillent avec quelques "Ooooooh..." . 10 secondes plus tard tout le monde se casse et personne ne pense à ta perf !
Je n'allais donc pas rechercher mon diplôme ès Lofoten à A et me taper 3h de bateau dans une mer de fou pour rejoindre la terre ferme.
Bof'.
Je repensais à un ami qui a encore la "tête dans le guidon" et qui est boss d'une moyenne entreprise.

C'est l'histoire en fait d'un dirigeant qui accède enfin au poste auquel il rêvait depuis longtemps. Il s'est donné beaucoup de mal pour y arriver ; cette position, il l'a obtenue de longue lutte. D'ailleurs, il est attendu. Ceux qui l'ont nommé demandent des résultats rapides, ses équipes aimeraient qu'il prenne des décisions sans délai pour avancer sur les sujets. Mais la plus grande pression est celle qu'il se met lui-même. Il faut qu'il montre qu'il est à la hauteur du poste qu'il vient de prendre, qu'il pose son autorité et asseye sa légitimité. En somme, tout le pousse à entrer dans l'action d'emblée. Ce qu'il fait avec un certain plaisir d'ailleurs : lorsqu'il demande, il est obéi. Cela lui procure de grandes satisfactions. A tel point qu'il pourrait finir par croire que ce qu'il dit va arriver. Il lui suffira de décider et les choses se mettront en place. Notons que, pour produire un effet immédiat, il a tranché sur des sujets de court terme et simples à mettre en oeuvre. On peut s'interroger d'ailleurs s'il s'agissait de décisions de son niveau.
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Ce n'est pas tant sur la gestion du quotidien qu'est attendu le dirigeant. Dans le monde d'aujourd'hui, le vrai sujet réside dans l'adaptation à un environnement changeant. Adaptation stratégique, organisationnelle, managériale et comportementale. Chacun sait que cela demande des efforts aux équipes, qui se montrent rarement enthousiastes à cette perspective. Il ne suffit plus que le chef décide. Il lui faut donner le sens et le faire partager, stimuler l'envie, accompagner, insister, ne jamais lâcher. Tout en dosant les efforts. Plus question d'être dans la toute-puissance du chef qui décrète. C'est évidemment moins facile et pas immédiatement gratifiant. Il y a toujours un doute sur la capacité à y arriver. Il faut prendre le risque de se confronter aux résistances. Les dirigeants peuvent être tentés de devenir un fournisseur de décisions quotidiennes plutôt que des stratèges du changement. Omniprésents, tout leur remonte et ils semblent indispensables. Ils font ce qu'ils aiment faire sans apporter beaucoup de valeur à leur organisation. Cela se voit parfois à la tête des entreprises.
Mais pas seulement...son exemple m'appris que toute position de pouvoir est porteuse d'illusions.

Je roulais donc en laissant tomber cette perf. et en me disant que, sans carte ni GPS, ma foi, une petite route à droite ou à gauche fera bien l'affaire !
Au roulage doux j'ajoutais donc le "pifomètre à accélérateur intemporel" qui m'avait été filé à Jokkmokk.
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Le vent avait cessé, j'écoutais le moteur en regardant voler les mouches la truffe au vent.
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Des paysages de rêve se succédaient les uns aux autres. Je ne les prenais pas et il m'a été difficile de les capturer par des photos. Je me laissais pénétrer par eux comme si j'étais transparent, en ayant fait des brèches dans ce mur du "prendre". Il fallait que ces images me traversent sans qu'elles perdent quoique ce soit de leur beauté.
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Je roulais donc en "cerf-volant (voir plus haut) lorsque l'aiguille du "pifomètre à accélérateur intemporel" se mit à osciller à gauche !
Hop, première à gauche !
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Je ne savais pas que cette route me mènerait au paradis.
Quelle changement avec les ténèbres d'hier !
Derrière ce pont, il y avait l'émerveillement.
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Re: LAPONIE :... pour une anatomie de l'errance et du silenc

Message par Cathy » 15 sept. 2014, 19:54

Un grand Merci pour ces réflexions autour du vrai sens du voyage, riche en couleurs, émotions, expériences et en partage. C'est beau !

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Re: LAPPLAND : ...une anatomie de l'errance et du silence...

Message par gogo rando » 15 sept. 2014, 22:13

c'est BO kamarade !! le coup des piquets avec le vent...géant, tu me vois pendu à la Puckette jusqu'au petit matin ? :mrgreen: :mrgreen:

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Re: LAPPLAND : ...une anatomie de l'errance et du silence...

Message par Est-Motorcycles » 15 sept. 2014, 23:09

gogo rando a écrit :c'est BO kamarade !! le coup des piquets avec le vent...géant, tu me vois pendu à la Puckette jusqu'au petit matin ? :mrgreen: :mrgreen:
Il aurait bien fallu mon frère ! Car Laponette tremblait mais heureusement elle était aussi arrimée.
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Re: LAPPLAND : ...une anatomie de l'errance et du silence...

Message par Discret » 16 sept. 2014, 00:43

Bonsoir Dan,

Ta nuit accroché à la tente me fait penser totalement à celle que j'ai pu connaitre, plus jeune,lors de certaines tempêtes à Belle Ile,comme tu as peut être connu....
Souvenir souvenir,une fois à 5 personnes nous n'avons pas osé descendre de la voiture (Espace) de peur qu'elle ne s'envole pourtant elle était garée dans le sens du vent .
Quand Monsieur Vent décide de s'y mettre ,rien ne résiste...
François alias Discret,
Transalp 1990 183 000kms+Ural T 1WD 2014 E-M,pont long 12000kms MERCI Dan,y a que toi qui aies le droit d'y toucher

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Re: LAPPLAND : ...une anatomie de l'errance et du silence...

Message par italianbigtwin » 16 sept. 2014, 07:34

Il y a du Dersu Uzula dans ce récit, l'oeuvre de Kurosawa, alterne des tableaux présentant une nature luxuriante, grandiose, et une nature chaotique, sauvage, hostile.

Arseniev le personnage russe de cette histoire décrit la taïga en ces termes :
« Monts et forêts sont parfois gais, attirants, parfois au contraire, ils paraissent mornes, sauvages. »
La mise en image de la nature donne l’impression d’une immensité, mais également d’une opacité de la nature, d’une nature insaisissable et divine à la fois.

Nombreux sont ceux qui ont été profondément marqués par cette œuvre humaniste ayant pour cadre la taïga sibérienne, et parmi ceux là, beaucoup entretiennent depuis, le doux rêve de partir un jour sur les traces du Capitaine Arseniev et de Dersu.

Alors je dirai que toi Dan , nous donne à ton tour, l'envie d'enfiler tes traces...
Bravo jeunes gens...heu ... pardonnez ma curiosité, z'êtes t'y pas enfoncés dans le fech fech ???

BRISEFERT

Re: LAPPLAND : ...une anatomie de l'errance et du silence...

Message par BRISEFERT » 16 sept. 2014, 19:22

moi, c'est simple, je vis cette Aventure comme un bouquin ou un film , mais en vrai ! :shock:
je voudrais qu'il n'y ais pas de fin !
ma moitié craint que ça me donne envie de ( essayer) faire la même chose !
c'est si vrai qu'elle préférait finalement les sites sur lesquels je passais du temps aussi , mais un peu plus dénudés ! :oops:
bien qu'a voir l'exib de l'heureux Troncho , on pourrait avoir des doutes ? :wink:
enfin, que mon épouse se rassure, ce n'est pas l'envie qui me manque, c'est les moyens et peut être aussi le "COURAGE" , en tous cas merci pour le partage Monsieur "Dan London "! :D

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Re: LAPPLAND : ...une anatomie de l'errance et du silence...

Message par Est-Motorcycles » 16 sept. 2014, 19:28

italianbigtwin a écrit :Il y a du Dersu Uzula dans ce récit, l'oeuvre de Kurosawa, alterne des tableaux présentant une nature luxuriante, grandiose, et une nature chaotique, sauvage, hostile.

Arseniev le personnage russe de cette histoire décrit la taïga en ces termes :
« Monts et forêts sont parfois gais, attirants, parfois au contraire, ils paraissent mornes, sauvages. »
La mise en image de la nature donne l’impression d’une immensité, mais également d’une opacité de la nature, d’une nature insaisissable et divine à la fois.

Nombreux sont ceux qui ont été profondément marqués par cette œuvre humaniste ayant pour cadre la taïga sibérienne, et parmi ceux là, beaucoup entretiennent depuis, le doux rêve de partir un jour sur les traces du Capitaine Arseniev et de Dersu.

Alors je dirai que toi Dan , nous donne à ton tour, l'envie d'enfiler tes traces...
Cela me touche beaucoup Italianbitwin car Dersu Uzala fut dès 1980 l'une de mes références en terme de voyage. J'aime son profil sauvage et bon. Dersu m'inspire également le souhait de plus en plus présent de me retirer dans le silence. Je ne mesure pas en effet l'utilité d'ouvrir son cœur en relatant les impressions profondes d'un voyage en somme assez intérieur. Pour l'instant je l'écris...
C'est un peu comme les concentrations Ural : trop de monde, tous parlent, boivent et c'est tout. Je préfère les rencontres plus petites, loin, sauvages. En fait si les copains veulent que l'on se rencontre, ce sera sur la route.
Je sais que cela engendre aussi beaucoup de jalousies mais tout le monde peut cheminer ainsi à sa manière.
Je voudrais juste "donner envie", montrer qu'il se passe des choses que nulle part ailleurs on trouve et tes mots semblent le confirmer, j'en suis très heureux et je te remercie.
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J'avais décidé de me poser là trois jours parce qu'il régnait en ce lieux une atmosphère magique, d'un calme très reposant.
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...et puis je commençais à sentir le fennec ! D'où machines à laver, linge propre et gros nettoyage de Laponette.
Je trouvais alors une sorte de chambre qui appartenait à une fabrique de poissons séchés et qui était occupée par les ouvriers-pêcheurs travaillant en hiver.
Le Boss me proposa de placer l'attelage à l'abris dans la poissonnerie, là où sèchent les magnifiques poissons ! J'acceptai malgré le fait qu'il me prévint que l'attelage et ce qui se trouvait à l'intérieur allait sentir très fort le poisson plusieurs jours...Bon, entre le fennec et le poisson, je choisis le poisson :
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Enorme.
De milliers de poissons séchés, tous calibrés et vendus des dizaines d'euros pièce au japonais, reposaient là. Le Boss avait confiance !
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Activité très importante, centrale aux Lofoten, juste pour vous donner une idée :

http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=& ... iKPbaXs9Eg

Entre les lavages et les découvertes curieuses de bizarreries locales, je me la coulais douce durant trois jours...il y avait même des jeunes qui retraçaient l'histoire des drakkars, en vrai : ils sont entrés dans la baie en drakkar et en chantant de somptueux chants vikings, c'était magique. Matériel de fortune...
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Entre autres bizarreries : là-bas on ne tue pas les oiseaux, ils sont très protégés - ils n'ont donc pas peur...
Voici donc Mister pigeon qui vient me voir alors que je contemplais la mer :
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Il m'a beaucoup amusé : c'est lui qui me prenait doucement la nourriture placée sur mes lèvres sans jamais me piquer - voir photo en avant dans le texte.
Le plus fort, et j'ai souvent éclaté de rire, c'est qu'il était si près que je le caressais mais, lorsque je dépassais une dose en temps, il me flanquait de claques avec ses ailes ! Très vivement, une claque nette et bien sèche et il ne partait pas !
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C'était tordant.
J'allais aussi discuter avec les gars qui triaient les poissons séchés et qui sont adorable, expliquant tout le process avec passion. Un métier ardu.
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Re: LAPPLAND : ...une anatomie de l'errance et du silence...

Message par Est-Motorcycles » 16 sept. 2014, 19:34

BRISEFERT a écrit :moi, c'est simple, je vis cette Aventure comme un bouquin ou un film , mais en vrai ! :shock:
je voudrais qu'il n'y ais pas de fin !
ma moitié craint que ça me donne envie de ( essayer) faire la même chose !
c'est si vrai qu'elle préférait finalement les sites sur lesquels je passais du temps aussi , mais un peu plus dénudés ! :oops:
bien qu'a voir l'exib de l'heureux Troncho , on pourrait avoir des doutes ? :wink:
enfin, que mon épouse se rassure, ce n'est pas l'envie qui me manque, c'est les moyens et peut être aussi le "COURAGE" , en tous cas merci pour le partage Monsieur "Dan London "! :D
J'avais économisé toute l'année et je demande toujours à ma famille, à Noël et autres fêtes, de remplir une petite cagnotte...Ils savent où elle va. Jamais je ne pourrais me payer tout cela avec mon salaire ni sans Ural. J'ai eu des pièces et une confortable remise sur la Laponette. Pour le reste, Souris et mes amis savent que si je ne pars pas, un jour je partirai sans plus rentrer.
Ce côté sauvage de ma vie, j'ai longtemps cherché à le maîtriser et jamais je n'y suis arrivé.
L'âge venant il s'empire, je sens en moi monter l'âme d'un gros ours.
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Partir n'est pas laisser la femme au foyer comme on le croit quelquefois. Certes il faut qu'elle soit forte, qui a ses propres libertés mais...si elle part avec toi de temps en temps, c'est formidable.
Tu reviens autre homme : chaque retour de voyage offre à ta femme un homme différent.
Ca vaut la peine...pour elle aussi.
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Re: LAPPLAND : ...une anatomie de l'errance et du silence...

Message par gecko » 16 sept. 2014, 20:38

M éclate le "Vaillant".......Merci Dan.....
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Re: LAPPLAND : ...une anatomie de l'errance et du silence...

Message par Est-Motorcycles » 18 sept. 2014, 19:11

J'ai passé là trois jours de rêve dans une atmosphère idyllique.
Le temps durait longtemps. Il était comme figé dans l'espace dont les couleurs se déclaraient en pastel.
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Et une des activités d'été des jeunes : la ballade sur l'eau avec une planche et une rame. Il paraît que ce n'est pas si facile !
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Je quittais cet univers paradisiaque sans regret parce que j'en ai vraiment profité, reposé et propre. Je rejoignais la route principale des Lofoten.
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...pour arriver à un premier point d'embarquement qui m'a fait gagné 90 km...La marine norvégienne, de très grands pros.
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Il y avait même des chinois et leurs matériels était loin d'être minable !
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Je traversais alors un petit bras de mer de quelques kilomètres et le temps changeait très rapidement : les Lofoten redevenaient sauvages.
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Ah ? un ch'ti tunnel de quelques kilomètres...bonnes descentes et montées, virages non éclairés, comme savent creuser les norvégiens.
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...qui me fit déboucher de l'autre côté d'une montagne bien entendu, en des lieux de plus en plus sauvages...La pluie commençait à tomber sérieusement.
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