Un très beau récit bien éclairé et amicalement transmis : merci Pierre pour cette saine lecture et bravo pour ton courage et ton cran.pvdm100358 a écrit :Bonjour,
Je suis rentré hier soir de l'Authentique.
Parti de Belgique le mardi 28 à 15h, j'ai fait une halte dès Stenay. Ensuite, une deuxième halte à Balot, un peu en-dessous de Troyes.
Je n'avais déjà plus de frein arr et en conséquence, prenais des précautions et veillais à une grande anticipation question de pouvoir m'arrêter à temps.... vu ma récente expérience d'embrasser de trop près un automobiliste stressé par les radars!
Il s'était mis à bien neiger dès le 30 nov et mon parcours de Ballot à Manzat par les petites départementales enneigées fut un ravissement pour les yeux, une première école de conduite sur sol - très! - glissant de nos chères montures russes qui se conclua par une moyenne ne dépassant pas les 40 km/h et huit heures de selle, en plus des arrets ravitaillement pour l'homme et la machine.
Je voulais m'arrêter à Manzat, d'une part, pour tenir mon engagement d'apporter des fournitures à Gecko, et d'autre part, pour régler mes freins arr.
Dan m'aida à cette tâche, et, ô miracle, j'ai enfin pu goûter à un freinage digne de ce nom!
Il était déjà 16h30' et je décidai de reporter les derniers 120 km me séparant du bivouac au lendemain, vu l'état des routes et ma naissante experience du roulage hivernal en Ural.
Le lendemain matin, je fus surpris tant par ...l'absence totale de frein arrière! - le maître cylindre doit être défectueux - que par l'état des routes encore plus enneigées et glissantes que la veille.
Mon GPS m'emmena par toute une série de petites départementales, par des cols aussi peu fréquentés qu'enneigés et déjà, parsemés de congères;
L'Ural se révéla magistral et sans jamais devoir forcer, il m'emmena de col en col, de descente en descente jusqu'à Ardes, au bout de 3h45' de route, à la moyenne ébouriffante donc, de ...30 km/h!
Là déjà, le "spectacle" tenait davantage de l'armée en déroute que d'un joyeux rv de quadra/quinqua's en mal d'aventure hivernale!
Une cinquantaine de motos/sides gisaient de part et d'autre de la rue centrale, à la hauteur du seul petit resto de l'entité.
Je souhaitais me restaurer et c'est tout juste si j'y ai encore trouver une place.
Les rumeurs me parvenant allaient de "impossible de monter", à "congères de 60 cm", "tout le monde descend", "vent à décorner les boeufs et, surtout à arracher les tentes"...
Mon déjeuner avalé, ce qui pris un temps certain car le troquet connaissait là un "coup de feu" inédit, je décidai de monter mes chaînes et d'y aller.
A 15h, je quittai Ardes et entamai cette montée vers la "réception" d'abord, le bivouac ensuite.
Alors, oui, il y avait de la neige, oui, il y avait des congères, oui, la route était glissante et balayée par les vents; mais, je reste un peu pantois devant le manque d'équipement d'un certain nombre qu'il fallut pousser, dénneiger. Pas de pneus hiver, pas de chaînes, pas de corde à enrouler sur les pneus, pas même une pelle.... .
Enfin après 40 min pour arriver au bout de ces 16 km, ce fut le spectacle de...la retraite de Russie de 1812, sans mort d'hommes cependant!
Des sides dans tous les sens, des motos - nettement plus rares - aussi, des barbus "stalagtités", des faces rougies par la bise, des hommes qui poussent, qui tirent à hue et à dia, d'autres qui rangent leur montures, le tout dans un maelstrom de neige virevoltante et bien glacée!
Je me garai un peu plus loin et revins à pied m'enregistrer auprès de madame "la Fourme" qui m'accueillit bien gentiment et me demanda si je comptais monter jusqu'au bivouac. Ben, oui, c'est pour cela que je suis venu, répondis-je.
"Alors, demande à ce groupe qui vient de redecendre, si c'est faisable", et de m'entendre répondre qu'en Ural, oui, cela devait passer, mais qu'en haut, le vent était trop fort pour installer sa tente.
Je repris donc la route vers le bivouac, sans encombre particulier; arrivé à 1.000 m du bivouac - dixit le dernier groupe croisé - dans un virage à droite le long d'un petit bâtiment de ferme, un groupe de sides était garé et un couple bâchant son Zeus me héla. A cause du vent - de ma surdité, diraient mes mauvaises langues d'enfants! - je n'entendais rien de ce qu'ils souhaitaient me dire. Je me garai donc quelques mètres plus loin et revins les écouter . "ne va pas plus loin, trop de vent, ils ne laissent plus monter de tentes, tout le monde descend" Devant mon air dubitatif, ils m'invtèrent à entrer dans le bâtiment et de demander à "un grand costaud" la marche à suivre, ce que je fis, bien sûr.
Le "grand costaud" dont la mine rougie m'indiqua qu'il venait de passer un certain temps à l'extérieur - ou d'avoir sucombé à la dive bouteille - me confirma les deniers nouvelles et me déconseilla de me rendre au bivouac.
Las, si près du but... .
La perspective de ne pas pouvoir monter ma tente me convainc cependant de redescendre sans plus trainer car l'horloge indiquait déjà 16h45' et le soir tombait.
Il me fallut une bonne heure pour faire le chemin inverse jusqu'à Ardes, avec encore quelques "poussettes" de sides piégés par les congères.
M'étant enquis des possibilities de logements dans le coin, j'ai poussé jusqu'à Issoire où j'ai passé la nuit.
J'avais encore deux petits soucis à régler: je trimballais avec moi les fournitures destinées à Gecko que je n'avais pu lui remettre et j'aurais bien aimer changer le maître-cylindre de frein défaillant avant de reprendre le - long - chemin menant en Belgique.
Je décidai donc de rester dans le coin et passai le dimanche à rendre visite à la ferme que tiennent une de mes soeurs et son mari à St Pourçain avant de retourner à Manzat et me présenter le lundi matin devant l'"antre" de notre chaman préféré!
Lundi matin, je rendis, un peu penaud, à Valérie les fourniture destinées à Gecko, ne put changer de maître-cylindre par manque de pièce disponible et repris donc la route pour Balot d'abord, pour mes pénates le lendemain.
Chouette première expérience de roulage en hiver, par de magnifiques routes! Pour le logement sous tente, ce n'est que partie remise et cette partie-là, je la connais bien pour l'avoir pratiquée souvent, très souvent, durant mes deux années passées sous les drapeaux.
Peut-être irai-je aux Marmottes m'y essayer à nouveau... .
Pierre, l'africain
Valérie et Dan