April 28th 2023 - Albany(Australie), jante, le man.
480 km au programme d’aujourd’hui. Encore une longue étape. J’avoue que malgré mon break d’une journée à Esperance la fatigue ne me lâche pas.
A 6 heures, j’écarte les stores de la chambre. Il pleut. Le vent siffle entre les voitures. Il fait encore nuit. Je viens de finir mon café et j’hésite encore à m’extraire de la douce chaleur de la chambre pour affronter 9 à 10 heures de route.
Un coup d’oeil à la météo, rien à espérer.
Aller, un peu de courage! On s’équipe on plie on fait le tour de la chambre. Rien d’oublié? Non, c’est bon on y va. Passepartout toussote comme moi, il cale et repart, comme moi. Il pleut encore et j’ai mis l’équipement qui va bien. Avanti!
Les 200 premiers kilomètres sont fait d’une traite entre trouées de ciel clair et nuages noirs qui nous arrosent abondamment. Un temps à arc-en-ciels et de fait nous en verrons beaucoup.
A mi chemin je repère 3 émeus qui se promènent sur le bord de la route. Je freine et avance au pas pour ne pas les heurter. Ils s’enfoncent dans le bush au son du sidecar. Dommage pour les photos.
Et puis 50 kilomètres plus loin, un étrange son apparaît comme Passepartout se met à sautiller. Une seconde d’hésitation, je me range et la roue arrière se bloque. Un coup d’œil, j’ai compris. La jante s’est ouverte. La roue est détruite. Heureusement que je me suis arrêté. Je l’ai échappé belle!
J’en suis là de mon inspection quand un pickup tractant une caravane s’arrête aussitôt derrière moi. C’est Nigel et son épouse qui rentrent chez eux à Albany. Nigel ne se pose aucune question, il regarde la roue, il comprend.
-Vous pouvez réparer?
-Non mais, j’ai une roue de secours.
-Il y a d’autres dégâts?
-On dirait que non à par le caoutchouc qui protège la transmission qui est mort.
-J’ai un cric, vous le voulez?
-Vous êtes sûre? Ça va prendre un peu de temps.
-Pas grave, on rentre à la maison.
Et Nigel va m’aider. Il est souriant, efficace, de bonne humeur. Je repars. Ils me quittent après que j’ai testé la machine. Merci, merci, merci.
Quelques kilomètres plus loin, je m’arrête à la station service. Je vérifie et resserre les boulons. Un type se pointe.
-Si vous allez vers Espérance, faite attention, il y a des émeus sur la route. J’en ai tué un. Impossible de l’éviter. Je n’ai pas de dégât mais ça me fait de la peine, je n’ai rien pu faire, il s’est jeté sous mes roues! Pour vous c’est différent, ils pourraient vous tuer.
-Merci, je les ai vus, je vais sur Albany.
-Alors bonne route, soyez prudent quand même.
Je repars. Je suis triste. Ils étaient superbes ces émeus, j’avais remercié le ciel de me les avoir offert ce matin.
J’arrive à Albany plus tard que de coutume. La ville est bien plus grande qu’Esperance. Je prends mes quartiers, une bière au pub du coin. J’écris à Ural sans trop y croire pour demander le remplacement de ma jante au titre de la garantie. Passepartout à 80,000 kilomètres, presque 4 ans. Ils n’ont aucune raison de le faire même si il ne peut s’agir que d’une faiblesse de la pièce.
Demain il fera jour. Je visiterai Albany. Ce soir je suis fatigué, je vais dormir.